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Talisco : “le bon, le brut et le brillant”

L’année 2014 fût son année. Remarqué dès son premier album, Talisco explose dès la sortie de l’oeuf. Un parcours ressemblant à un sprint où l’on a attendu micro tendu derrière la ligne d’arrivée pour revenir dessus en sa compagnie.

C’est un album que j’ai fait dans l’urgence“. D’emblée et à plusieurs reprises, Talisco ressentira le besoin d’affirmer que cet album a été réalisé au marteau brise-glace. Un fait qui semblerait anodin s’il n’était pas symbolique de la personnalité de son géniteur.

Lorsque nous le rencontrons, par un midi pluvieux, la voix est fanée, les cernes noires après un showcase la veille. Pourtant rien n’entérine la ferveur de Talisco. L’urgence, on la reçoit même dès son ton, son attitude, volubile, pétulant, son accent bordelais se pose sur chacune des réponses qu’il dégaine. Voilà l’auteur de Run, un musicien courant plus vite que sa créativité pour la libérer dès qu’il la recueille. “J’ai voulu faire un album au plus proche de ce que je suis, en extraire le maximum de spontanéité. Si je passe trop de temps sur un morceau, je le jette. J’ai dû boucler l’album en un mois et demi” confie-t-il volontiers.

C’est ainsi que Jérôme (dans le civil) donne le sentiment de découvrir son album au fil des entretiens, n’ayant jamais pris le temps de le réfléchir. Nuance : n’ayant jamais voulu prendre le temps de le réfléchir. Réfléchir son album, c’est un danger pour Talisco, ça corrompt la sincérité brute de sa musique. Run est un album d’instinct, un album transpiré par son auteur. Ça participe au rapport physique que l’on sent entre l’auteur et son oeuvre. Une oeuvre par le corps pour le corps. Avec ses mots, il traduit cette idée souvent par “ça envoie le fire”. Dans les faits, ça fait de lui un tank, Talisco roule doucement et cherche la puissance tranquille. Chose qui l’amène souvent à se voir comparé à M83, touS deux aimant la pop d’envergure, les grands espaces, la lumière.

Un autre de leur point commun pourrait être à venir, croisant Talisco chez ces Français que l’on pense Américains. C’est dans son ADN, sa musique n’est pas américaine mais elle s’étire à l’échelle du pays. Peut-être est-ce parce qu’il réalise un rêve américain, sorti seul de sa coquille, sans groupe, sans scène, sans label, sans famille. Lui qui aime à s’inspirer de la vie des autres, fantasmer leurs songes. Des vies d’inconnus croisés au hasard qu’il parvient à tous toucher. Aussi bien dans Les Inrocks, Le Figaro que Virgin Radio, Talisco séduit son monde et traverse les cloisons. Run est peut-être une course mais de toute évidence son auteur est parti à point.