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Rayon Frais : quels seront les disques digestes cette semaine ? Christine & The Queens, Joke, Mr Flash

Du caviar au pré-périmé en passant par le bac à navet, chaque lundi, Le Rayon Frais est votre boussole dans les sorties de la semaine.

Christine & The Queens – Chaleur Humaine

est l’exemple typique du développement d’un artiste à travers les circuits tremplins : Inrockslab, Ici et Demain, et finalement une signature à gros budget chez Because, dont c’est devenu l’un des énormes projets de l’année 2014. Du coup, l’album qui sort aujourd’hui a intérêt à être à la hauteur. Premier constat : c’est beau, électronique mais pas club, c’est de la jolie pop, capable de plaire à votre petite soeur. Pourtant, le mélomane averti trouvera que tout ceci manque peut être un peu de fraîcheur. Si, en terme de production, le disque est cuisiné aux petits oignons, il a du mal à passer la seconde pour se placer à la hauteur de l’inventivité d’artistes internationaux. On pense notamment à Mathematique. L’album sent la retenue, comme s’il était interdit, en France, de faire un disque populaire et vraiment brillant. Après, c’est joli, ne crachons pas dans la soupe.

Date de péremption : la semaine prochaine, sauf diffusion dans The Voice, pour lequel l’album est taillé.

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EDH – Lava Club

Après avoir été révélé il y a 15 jours, l’album d’EDH est enfin arrivé chez vos disquaires favoris. La capitaine de l’équipe Lentonia Records a choisi de faire l’un des albums de pop les plus étonnants qu’on pourra écouter cette année. C’est même l’exact opposé de celui de Christine & The Queens. Pas forcément accessible au premier venu, ce Lava Club est pourtant marqué par un caractère ludique. On sent qu’Emmanuelle de Hericourt joue beaucoup en refusant les évidences : sur “Pensum”, par exemple, elle surprend en balançant une bassline dub digitale à la suite de leads presque rave. Si certains morceaux sont passionnants (“Hoaxy Beast”, “Lava Club”), d’autres sont simplement hyper attachants, à l’image du “Summer9” qui rappelle avec douceur le hook de “Walls” de Crass.

Date de péremption : jusqu’à son prochain disque car l’artiste est en perpetuelle évolution

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Bataille Solaire – Jap

Le label franco-japonais Mind Records a beau vendre ses disques chers et les concevoir en ayant à l’esprit leur rareté, il fait pour l’instant un sans faute. Après les excellent disques de Umberto et Femminielli Noir, c’est au tour de Bataille Solaire de réjouir les aventuriers du son. Son arme ? Une pulsion retro-futuriste, dans laquelle, chose rare, le second mot dépasse clairement le premier. Le premier morceau frappe comme une balle tirée par Rico de Miami Vice. Un coup parfait, délicieusement dancey, excellemment produit, qui fera fureur sur les dancefloor italo. La face B quant à elle s’offre des ambiances presque “vaporwave”. Le morceau se nourrit de génériques de documentaires scolaires des 90’s, mais s’avère véritablement virtuose. Que le label nous en garde un exemplaire, on fait un prêt à la banque et on vient raquer nos 2590 Yens, soit presque 19€ pour ce (très beau) single.

Date de péremption : aussi impérissable que miel

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Mr Flash Sonic Cruisader

Dix ans de réflexion. Dix ans de grossesse avant d’accoucher de ce beau bébé qu’est Sonic Cruisader. Celui qui fût la première signature Ed Banger en 2003, n’est pourtant pas le genre à avoir un poil dans la main de fer par laquelle il produit chez Kanye West, TTC, Mos Def ou Sébastien Tellier. Oui Flash a été reclus dans l’ombre travaillant pour les huiles de la main droite, sans trouver le moment opportun pour s’occuper de lui de la main gauche. Puis vint ce Sonic Cruisader, catalogue de sa carrière (mais pas compilation pour autant) où l’on retrouve son coup de crayon unique pour dessiner des titres club-friendly autant qu’un hip hop dans sa fibre la plus éternelle prouvant que cet enfant du rap n’a jamais tué le père. Sonic Cruisader, est une croisade qu’il mène avec tous les grooves, dans une épopée parfois un peu tiède banger mais jamais dead banger.

 

Throwing Snow Mosaic

Dans l’underground de l’underground, Throwing Snow avance en chasse-neige depuis quelques lustres en tant que Tones. Si vous n’en aviez jamais entendu parler, vous ne souffrez pas de surdité Ross Tones à le bouche à oreille timide. Les choses pourraient s’arranger depuis que Tones est devenu Throwing Snow lors de son déménagement sur un sous-label de la Fabric (le club labyrinthe de Londres où vous ne pouvez pas ne pas être allés) Houndstooth. Si toute la partie hôtesse, accueillant divers Castafiore, pete moins trois pattes à un canard que six verres en cristal dans le buffet de Tatie, le côté purement instrumental dévoile une grosse signature de la bass music. C’est aussi céleste, unique, cristallin et glacé qu’un flocon, voilà en somme un individu qui ne fait pas mentir son nom de scène.

Throwing Snow feat. Adda Kaleh – The Tempest from Rick Robin on Vimeo.

Joke Ateyaba

Tout le monde voulait voir en lui le nouveau Booba – un problème de strabisme très sûrement – et Joke est finalement devenu le nouveau… Joke. La jeune recrue, cette Arlésienne, confirme qu’une promesse est parfois tenue. De son arrogance contenue et son flow indolent, son style passif agressif, le fiel débonnaire, Joke construit sa signature dans un rap de chambre, feutré et suave. Une formule épaissie par la progression du rappeur sur son premier album, devenu un peu plus mille-feuille, un rap à plusieurs couches assurant une durée de vie confortable à Ateyaba. Dans cette course à la punchline qu’est le rap moderne, Joke n’est pas dans la pole position, ne vaut pas un Booba ou un Seth Gueko (présent sur le titre “Sphinx”) mais se distingue en jouant et déjouant les codes du rap, reprend ses gros thèmes, son argent, sa drogue, ses femmes, sa mégalo mais témoigne d’une certaine érudition, d’un regard constant sur le monde qui vient nourrir son oeuvre et la laisse respirer.