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Koudlam, Jessie Ware, Julian Casablancas… Le Rayon Frais du 13 octobre

Koudlam revient d’Espagne, Julian Casablancas s’est trouvé une nouvelle bande de copains, Jessie Ware et l’amour à la dure… Passage en revue des sorties d’albums de la semaine.

Koudlam, sentiment brûlant, matière froide

Qu’est-ce qui agite la superette ? Koudlam est revenu de Teotihuacan – la Cité où l’homme devient Dieu – avec la même hauteur et regarde les Hommes évoluer dans un thriller électronique.

On s’en relève la nuit ? Oui et à vrai dire on en dort plus. Sur ce deuxième LP, Koudlam rêve de Blade Runner sous le cagnard d’une ville mouroir du sud de l’Espagne. Du haut de sa tour, il sent au loin les Hommes vivre et éprouvent un sentiment où la frontière entre le dégout et la tendresse est poreuse. A sentiment brûlant, matière froide, Koudlam opte pour le gabber parce que c’est une matière dense, intense, brutale. Et il opte pour le gabber même sans le savoir, le vouloir. Comme il nous l’a confié en interview “tout le monde se cristallise sur le gabber à cause de Negative Creep mais je n’ai pas fait un album de Gabber“. Encore une fois, Koudlam sait romancer et traduire des sentiments épais, lourds et imprononçables en une matière aussi noble qu’immonde. Ce Benidorm Dream a le meilleur réalisateur, jeu d’acteur et la meilleure photo que l’on ait vu dans un album français depuis quelques temps.

Julian Casablancas + The Voidz = <3

Qu’est-ce qui agite la superette ? Julian Casablancas revient avec sa nouvelle bande de copains et ils ne sont pas contents.

On s’en relève la nuit ? Évidemment. Julian Casablancas pourrait poser sa voix sur une piste des BB Brunes qu’elle en deviendrait bien. Sur tous les projets, il a su exposer l’étendu de son talent et présente (officiellement) aujourd’hui une collaboration sans fausse note. Avec The Voidz, Julian se lâche, semble s’épanouir et surpasse les tensions qui avaient pu s’installer avec les autres membres des Strokes. Sur ce premier album, les pistes rocks agressives se marient avec des influences pop et on assiste volontiers à ce voyage de noces punk des années 80. La bande sera en concert le 8 décembre au Casino de Paris.

Jessie Ware et l’amour à la dure

Qu’est-ce qui agite la superette ? Jessie Ware, la petite copine de l’électronique britannique sort un deuxième LP.

On s’en relève la nuit ? Oui. Changement d’équipe, Jessie Ware s’entoure de Benzel sur ce nouvel album tout en maintenant quelques producteurs par affection (comme Julio Bashmore). D’ailleurs, tout est affection sur ce deuxième album, du thème amoureux, nuancier des sentiments, jusqu’au choix artistique, Jessie travaille à l’intime et sur l’intime. Plus confiante sur ce nouvel LP, Jessie tente ici un album qui serait toujours pertinent dans cinquante ans (comme elle le raconte dans notre interview).

Otherness ou les rêveries soul de Kindness

Qu’est-ce qui agite la superette ? L’Anglais Adam Bainbridge revient plus gentil que jamais avec le tout doux Otherness. C’est mignon.

On s’en relève la nuit ? Après un vilain cauchemar, oui. Libéré d’une candeur un peu trop présente sur son premier album (World, You Need a Change of Mind), Kindness gagne en finesse et s’entoure d’une jolie troupe de collaborateurs : la toujours prometteuse Kelela (“World Restart”), Robyn récemment échappée de sa collab avec Roÿksopp (“Who do you love?”), le rappeur ghanéen M.anifest (“8th Wonder”) ou encore Devonte Hynes (Why Don’t You Love Me). Le romantisme est là, les bons sentiments aussi, la naïveté jamais loin, mais la rêverie et le métissage musical opèrent.

Francis Bebey fascine toujours 13 ans après sa mort

Qu’est-ce qui agite la superette ? S’il est d’un intérêt très relatif de ré-éditer un disque des Beatles – quand bien même un nouveau mastering a été fait – sortir une compilation de morceaux d’un OVNI comme Francis Bebey est une nouvelle de premier ordre pour tout mélomane sachant utiliser ses oreilles. Après une première sortie en 2012, Born Bad Records remet ça avec “Psychedelic Sanza”, et tout le monde y prête la plus grande attention : normal, Bebey fut l’un des musiciens les plus avant-gardiste du continent africain.

On s’en relève la nuit ? Oui. Les morceaux hypnotiques et frenetiques rythmés par cet instrument étonnant qu’est la sanza fascinent. On se plonge dans l’écoute du disque pour n’en ressortir que le matin venu avec les lueurs alarmantes du lever du soleil. C’est toute une série de pièces de maître méconnues qui trouvent, légitimement, la lumière aujourd’hui.

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