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Disco Anti Napoleon : “Il manque un bon club techno à Nantes”

On a demandé à Disco Anti Napoleon, les outsiders du psyché français, de nous raconter comment on vit la musique à Nantes.

Disco Anti Napoleon est un de ces groupes placés dans un entre-deux angoissant : trop pop pour les durs, trop durs pour les mamans, ils passent à la télé un jour et sortent un disque qui y est complètement inadapté le lendemain. Leur album, justement, est l’une des bonnes surprises de la fin de l’année dernière.

Moins glam que Moodoïd, plus teens que les membres du collectif Nøthing, ces quatre jeunes gens ont réussi a concevoir une pop en forme de cheval de Troie qui ne trompe personne, oscillant entre guitares voltigeuses et vélléités nerveuses. Celle-ci sort à la fois au Japon (!) et en France, sur le label de Pégase, Fvtvr Records. On a essayé de comprendre comment ces garçons ont pu, en sortant de nulle part, arriver dans une position aussi alambiquée. Pour ça, l’idéal était de discuter de leur ville natale, Nantes.

Vous êtes très durs à placer sur une carte du rock en France. Vous sortez un album très shoegaze, psyché, sur Fvtvr, le label électro-pop de Pégase et en même temps au Japon…

Jordan : Je ne sais pas trop à qui on pourrait s’affilier. Melody’s Echo Chamber, peut être. Moodoïd dans l’intention. La cartographie du rock, on n’y réfléchit pas. Quand on nous demande un style aussi, on a beaucoup de mal à s’arrêter sur quelque chose

Tristan : Il existe beaucoup de projets qui se lancent avec une idée fixe, genre faire du revival punk. Nous, c’était plus un melange de ce que pouvaient amener les uns et les autres. Tant mieux, finalement, si on n’arrive pas à nous situer, à nous cataloguer.

Jordan : J’aime bien ce côté là.

Tristan : C’est aussi dans l’idée de Fvtvr, pour revenir dessus, de faire des projets qui sont différents les uns des autres. C’est une structure animée par un esprit de famille. Raph de Pégase est mon frangin, on est tous potes. A terme, ce ne sera pas un label electro pop. Ca va brasser large.

A Nantes, on a perdu beaucoup de bons endroits

Parlons un peu de cette scène de Nantes. A quoi ressemble la musique nantaise ? Quels concerts voit-on quand on est gamin ?

Tristan : On s’éduque assez facilement à la musique. Il y a plein de trucs différents. Même si ça manque de plus en plus de salles alternatives au Stereolux et aux bars… A Nantes, on a perdu beaucoup de bons endroits.

Jordan : Anciennement, il y avait l’Olympic. On y allait vraiment beaucoup, avant même de jouer ensemble. C’était une salle très indé.

Tristan : on a aussi perdu le Stakhanov, qui était un beau lieu et qui avaient plus de budget qu’une asso qui fait sa soirée dans un bar. Il y a le Blockhaus aussi aujourd’hui qui est très bien.

Renaud : Il manque un bon club pour la techno à Nantes, peut être. Il y a des choses au CO2, une fois par mois. Mais ce n’est vraiment pas assez.

De quels groupes locaux vous sentez-vous proches, musicalement ou humainement ?

Jordan : on est assez potes avec Terreur Passion : Fleur d’Occident (rires). Oui, ils s’appellent comme ça, et c’est assez cool. Les Von Pariahs aussi.

Tristan : Viol, qui est un groupe de punk français. Nos amis de Bisou de Saddam aussi, même s’ils sont plus parisiens maintenant.

Jordan : Il y a aussi les Bantam Lyons aussi, même s’ils sont brestois.

Tristan : Il y a aussi toute la scène Math-rock, Papaye, Pneu, la Colonie De Vacances. Et les Blondi’s Salvation à ne pas oublier.

Sur votre disque, il y a plein d’éléments très différents, des références à Tame Impala, voire même des guitares hysteriques typées qui rappelleraient presque celles de Tropical Horses

Tristan : Ah ! C’est marrant, on le connaît bien, Tropical Horses ! Depuis le début, on a toujours essayé de réunir pleins d’effets. C’est quelque chose de fondamental, cette idée de bricoler un son. Après, Tame Impala, on les a vu au Lieu Unique à Nantes quand on commençait tout juste à jouer ensemble. On a pris une putain de claque, et je pense que ça se sent. Ça nous a pas mal influencé, c’est sûr, mais on n’est pas dans la reproduction, loin de là. Les effets, c’était surtout une vraie volonté d’expérimentations. Sur nos premières repètes, on avait acheté 20 micros de karaoké pour les brancher sur un multipiste cassette. On aime vraiment le bidouillage. L’impro, le psyché, ça permettait à chacun d’amener tout ça, c’est donc très présent dans notre musique.

Vous êtes aussi liés au collectif Incredible Kids. De quoi s’agit-il ?

Jordan : Notre pochette à été conçue par un photographe issu du collectif.

Tristan : C’est vraiment une team de potes. Le blog est un peu en standbye, mais on a une émission de radio gérée par Renaud et moi-même. Le but, c’est d’y balancer des petites pépites, des choses peu connues. Sinon, on fait pas mal de concerts à Nantes. Je suis en lien avec les mecs de Burger Records, du coup on fait jouer pas mal de Californiens. Par rapport à Nantes, c’est vraiment super qu’il y ait des lieux prêt à mettre l’argent sur la table pour payer un cachet à ces artistes là.