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Deux divas pour un trône : Banks VS Kelela

Un mouvement de fond commence à secouer les terres R&B : deux sirènes en devenir Jilian Banks & Kelela jouent des coudes vers le trône. Elles sortaient toutes deux un titre hier, on règle les comptes pour elles.

***Orgueil ***

Si l’on s’en tient aux chiffres (et l’on remercie le service comptable pour son travail) Jilian Banks jouit d’une écrasante domination sur sa concurrente. Cette dernière a 160 000 likes Facebook, énorme avantage sur les petits 19 000 de Kelela. On pourrait, on devrait, s’en foutre mais le fait est : plus vous êtes liké, plus vous serez aimé. Ou du moins entendu. Même schéma sur YouTube où deux des vidéos de Banks dépassent le million de vues. Kelela peine à atteindre les 70 000 vues en tout. Là on s’en fout moins.

Qui plus est, Banks a été nominée au Sound of The Year de la BBC là où Kelela n’a pour elle que… Ho mais attendez, la première mixtape de Kelela Cut 4 Me a décroché un 8.3 au magazine Pitchfork. Et un tel score chez la météo des plages de l’indé, ça vous enveloppe d’une grosse cred. Et là, Banks et ses deux EPs peuvent difficilement rivaliser. On remettra les compteurs à sec lorsque Jilian sortira son premier LP Goddess le 8 septembre prochain (chez Harvest). Le point pour Jilian Banks

***Préjugé***

Un de ses titres tourne dans une pub Victoria’s Secret mais avant de souligner le sex appeal, Banks était un animal solitaire. Du moins c’est ce que l’on nous vend. Pour créer un distinguo net avec le r&b trop maquillé, Banks doit faire couler le mascara. Pas de torrents de larmes dans les chaumières non plus mais si on peut storyteller un background de gamine recluse, apprenant le piano seule à quinze ans et trouvant son spleen dans sa solitude, c’est un plus. Cette voix parfaite, ajoutée à cette plastique parfaite additionnée à un romantisme poussé jusqu’à caresser l’excès de pathos… ça ne vous rappelle personne ? Si : Lana Del Rey. Si la gloire touche Banks, ça risque d’être clivant. E plus il y a débat, logiquement plus on en parle, et plus on en parle, plus elle capitalise son succès. Et qui mieux que les Banks savent capitaliser ? Vous connaissez le schéma.

La chasse aux sorcières terminée, voyons Banks plus loin que le bout du nez (étriqué) de Lana Del Rey. Ce r&b synthétique, romantique et endeuillé a le même marbre (de pierre tombale) que les James Blake, How To Dress Well, Autre Ne Veut ou The Weeknd (avec qui elle a d’ailleurs tourné). Kelela, de son côté, est signée sur Fade To Mind – label californien de bass music chic et ambitieux – convie les héros de Night Slugs – label anglais de bass music chic et ambitieux – à collaborer sur sa mixtape, fait preuve de grand goût et se fait donc envelopper de louanges et de bisous par la presse indé. Et puis elle chante Keep It Cool avec cet air débonnaire, plus soul, plus black, plus ghetto, ce flow papillon, qui l’emmène vers le r&b des Aaliyahs, aux limites du rap. D’ailleurs son titre d’hier est en compagnie d’une rappeuse (Tink) et produit par une valeur montante du hip hop (DJ Dahi). En termes d’image, Kelela est plus propre, spontanée et humaine mais malgré son aspect plastique et fabriqué, celle de Banks est plus répandue. Egalité

***La famille***

Pour gagner une guerre, il faut une armée. Et les rangs des deux parties sont bien fournis. Produite par TEED, Sohn, Lil Silva ou Shlohmo, Banks confirme clairement qu’elle est l’égérie d’une électronique à l’oeil humide et à la voix étranglée par le spleen. Néanmoins c’est Kelela qui compte le plus d’hommes à ses côtés : Bok Bok, Nguzunguzu, Girl Unit, Kingdom, Napolian, Morri$, Jam City… Si vous n’étiez pas sur l’album de Kelela fin 2013, le monde de la bass music tournait sans vous. D’un autre côté si Banks continue dans cette voie, son premier LP comptera une des équipes les plus prestigieuses jamais constitué en électronique. Egalité

 

***Verdict***

Lorsque l’on a la couverture média, on a tout. Si elles sont tout aussi sincères, Kelela, son cool côté fresh princess taille moins grand(iloquent) que les atours drama queen de Banks. C’est donc la reine qui conserve la couronne, si Kelela (tout aussi méritante) veut le trône, elle devra pourtant s’assoir sur les genoux de Banks.

Le nouveau titre de Banks :

Le nouveau titre de Kelela :