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Chris Brown, Sam Tiba, Octave Minds… Le Rayon Frais du 15 septembre

Comme chaque lundi, on joue aux goûteurs avec les disques qui sortent dans les 7 prochains jours.

Boys Noize et Gonzales changent de ton sur Octave Minds

Qu’est ce qui agite la supérette ? Le retour du couple Boys Noize / Gonzales après Ivory Tower. Le producteur comme le compositeur sont liés par un certain sens de l’efficacité : quand Gonzales sait ce qu’est une bonne chanson, Boys Noize sait ce qu’est un killer track. Forcément ça excite.

On s’en relève la nuit ? Oui. Contrairement à ce que l’union pourrait laisser entendre, les deux n’essaient pas de marier musique populaire et savante, électronique et classique. Quoi qu’il en soit, dans la musique dite savante, c’est la frange la plus populaire, Satie, Debussy, les mélodies à siffler, que Gonzales apprécie. Deux visages très forts, prononcés, qui n’en forment plus qu’un informe. Parfois, informe. Surtout un troisième intervient et brouille tout, comme le featuring de Chance The Rapper. Si Gonzales tiendrait ici essentiellement un rôle d’arrangeur, on retrouve le schéma d’Ivory Tower où les deux laissent glisser un piano glacé et impriment des moments à dérouler en bobines de film. Finalement l’un sert à canaliser les ardeurs de l’autre. Cela donne le très beau “Projectionnist”, belle épreuve de musique populaire et savante, entre boucle de l’électronique et musique sérielle. Ou encore quelque chose de composé, efficace et retenu, comme “Done Deal”. Un manque d’audace mais pas d’ambition.

Vessel : siderOrgie

Qu’est ce qui agite la superette ? La 27ème sortie de Tri-Angle maison hantée et habitée de l’électronique, prouvant en 27 essais qu’un label qui sort peu doit frapper fort. Nouveau coup de poing, le deuxième album de Vessel Punish, Honey frappe et compose à l’estomac.

On s’en relève la nuit ? On n’en dort plus. Sur son premier LP Order Of Noise, Seb Gainsborough emmenait la techno à sa périphérie, la véhiculait dans ses cauchemars. Aujourd’hui Vessel ne conserve que la terreur nocturne et l’érotise en laissant la techno de côté. Électronique sinueuse et serpentine, Vessel fait se coudoyer ici ancien et moderne. Le britannique bande les muscles, trouve le tribal dans l’industriel, libère sa libido dans la sidérurgie et déroule une oeuvre au son cru, rouillé, ivre. Punish, Honey connait le rudimentaire et l’élégant d’une pièce de chrome.

Shellac – Dude Incredible

Qu’est-ce qui agite la supérette ? Steve Albini, le leader de Shellac, est sans aucun doute l’un des producteurs rock les plus fascinants de tous les temps. Si le rock 90’s était aussi racé, c’est qu’il a su réinventer la texture du trio guitare-basse-batterie comme personne. Sans Albini, les Américains n’auraient pas été aussi bons, et, qui sait, Nirvana ne serait pas l’icône à kid qu’on connait aujourd’hui.

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? La question est plutôt de savoir si on pourra dormir. A l’image du son des guitares, le disque donne la sensation de mettre les doigts dans la prise. Voici un grand album, juste et piquant, pour un groupe sur qui l’âge n’a pas de prise. De toute l’histoire du rock, c’est certainement cette génération qui a la mieux vieilli, à l’image aussi de Sloy devenu 69 en France. Un album aussi droit et juste fait plaisir à entendre.

Sam Tiba – Samuel EP

Qu’est-ce qui agite la supérette ? Le roubaisien Sam Tiba un bruit monstre. Bromance comme label, Club Cheval comme crew : l’entourage ultra influent du garçon font sacrément briller son nouveau disque dans la vitrine. Tout ce que Paris compte de fan de musique électronique y prêtera donc une oreille.

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? Malheureusement, pas vraiment. Le 3 titres est bon, bien ordonné : une intro – “Au Revoir”, une track pour la maison – “Up in the Clouds” – et une track plus club – “Déguisement”. Malgré tout, l’EP, s’il est bien conçu, manque parfois d’inspiration. Plus nourri aux gimmicks qu’aux grandes idées, voilà un disque qui aura du mal à imprimer le tympan. Un peu décevant, donc, face à tout ce qu’on attendait de lui.

Chris Brown – X

Qu’est-ce qui agite la supérette ? Chris Brown, idole pop moderne, s’attaque à un très long format de vingt titres, vendus en double CD : on est face à un disque conçu pour faire entrer une carrière dans l’histoire. X vise donc le statut d’album marqueur de 2014.

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? Les poptimistes vont se régaler : la production est intelligente, nourrie des kicks étirés ” miami bass-trap ” du moment. On se réjouit de voir feu Aaliyah revenir des morts sur “Don’t Think They Know”, Nicki Minaj fait le boulot sur “Love More”. On ne parierait pourtant pas sur la date de péremption de ces 20 tracks : le son est très marqué dans son époque et manque un peu de renouvellement. On est en plein dans les textures de l’année 2014, ce qui annonce souvent une disparition rapide des mémoires. Mais à consommer tout de suite, c’est largement mangeable!

Panier Bio: L’indie, la musique au naturel

You Man – Birdcage Variations : Si vous êtes passés à côté du mega tube souterrain “Birdcage”, cet EP de remix vous offre une deuxième chance en l’assortissant de quelques relectures. Le “demix” de 12 minutes par Marklion merite des déclarations d’amour et des ovations non contenues.