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Cabinet de Curiosité #2

Le Cabinet De Curiosité, c’est cette Chambre Des Merveilles où chaque semaine nous piochons dans l’actualité les artistes cultivant un certain goût pour l’hétéroclisme, l’inédit, l’innovant, l’avant-garde voire le bizarre. Première pièce.

The Acid, soul à l’état gazeux

De nom, on croirait tomber sur l’énième groupe d’un revival psyché. Puis, à l’écoute, on se rend compte que l’acid dont il est question est plutôt de ceux qui décapent. Ces Berlino-Australo-Californiens (l’origine exacte est floue, on ne vous le cache pas) manient la soul à l’état gazeux, autant dans la deep house morgue et apathique qui ronge les chairs que dans la sensualité corrosive et vénéneuse qui s’échappe des voix. Voire de l’ensemble. Et si l’on souhaite replacer l’objet sur une frise, on se dira volontiers que la techno stagnante dans laquelle baignait Basic Channel (les pères de la minimale) devient ici un marais croupissant.

Liminal leur premier LP paraitra le 2 juin chez Infectious.

 

Untold, le non-dit de la techno

2014 aura été son année. Un premier LP couronnant six ans de carrière et installant Untold au croisement du péril, de l’hardiesse et de l’audace en techno. C’est-à-dire qu’Untold s’aventure là où les autres ne vont pas. Lui, joue avec les espaces, les profondeurs, une formule quasiment résumée dans le titre d’un de ses EPs : Change In A Dynamic Environment. Bref, Untold c’est le gourou d’une secte du mouvement perpétuel dans des contextes mouvants, quelqu’un considérant que la techno, c’est de l’Art contemporain, une expérience avant toute chose. Ou comme disaient les Inconnus : “un structureur d’intemporalités“. Et comme 2014 fût aussi l’année de Perc, le patron de Perc Trax, et que l’un remixe l’autre, il était de bon ton de vous en faire part. Néanmoins, on vous met en garde, ce remix c’est de la double biscotte tartinée à renfort de biscottos, les deux sont doux comme des paillassons, du coup quand l’un remixe l’autre, c’est quasiment urticant.

L’album de Perc The Power & The Glory est sorti le 17 février, celui d’Untold le 24 février, le remix paraitra le 28 avril chez Perc Trax et l’inédit That Horn Track, le 5 mai sur la compil Bleep. Vous savez tout. Ou presque.

Tate, les archives du musée/le musée des archives

Si vous êtes un tant soit peu inquiet et amoureux des choses de l’Art contemporain, les archives audios de la Tate Modern ont été récemment mises à votre disposition. De quoi s’offrir des orgies d’Art où l’on trouve des entretiens avec Marcel Duchamp et Damien Hirst, comme des wallpapers sonores de Banksy. C’est un trésor, ça vous offre des heures pour vous enrichir et faire de vous quelqu’un de meilleur. Ou simplement dispenser votre savoir, la bouche pleine de cochonneries, dans les vernissages.

Par ici, pour le trésor du Tate

 

Kid Smpl, Nuage bas(s)

Peut-être est-ce parce que le Kid vient de Seattle – ville réputée pour être noyée sous le déluge – que ses productions sont tant nuageuses. Trouvaille Bandcamp, Kid Smpl commence à se colporter dans le monde IRL, moment idoine pour le chopper en plein vol. Absolument nébuleux, dont délicat à cerner, on voit chez lui de la bass music au temps détendu. Donc, par extension, les prémices du dubstep avec fatalement ses heures les plus ambient et le visage (masqué) de Burial se dessinant dans la brume. Kid Smpl, c’est lourd, mou et indolent comme un lendemain de codéine et ça n’élude jamais une grande présence indus qui vous ferait passer le futur pour un mauvais souvenir.

SD Laika, Harakiri sonore.

Si Laika fût la première chienne envoyée dans l’espace, SD Laika serait plus la première à avoir explosé en plein vol. Spatial voire lunaire, nerveux à lier, chargé de poudre et voué à éclater, SD Laika ne vole pas sa place au sein de ce cabinet de curiosité. D’autant plus que Laika sort un nouvel LP signé chez Tri Angle, maison Ô combien de qualité, et qui signifie systématiquement que l’atmosphère sera lourde, dense à couper au couteau, électrique et, bien évidemment, gorgé de belles basses. Comme un fruit juteux. Sauf que Laika, lui, écrase les fruits d’un coup de talon.

That’s Harakiri, le bien-nommé, paraitra le 28 avril chez Tri Angle.

Hot Sugar, sucre lent du rap

Sucre chaud, avec un nom pareil, tu pourrais produire du zouk. Mais non, tu es l’homme derrière certaines productions de Das Racist, Antwon ou encore Lakutis. Une certaine frange du rap jamais loin de la hype qui, associée au label Miischka, fait que trop souvent son talent est éclipsé par une image branchouille. Hot Sugar a pourtant pour lui ce style unique, surtout en venant de NYC, fait de beats luxuriants, fragiles et débonnaires où la taquinerie prend une certaine élégance. Vous aurez difficilement un meilleur panorama sur l’étendue du personnage que via son mix pour The Fader où figure un paquet d’inédits, comme l’essence de son esthétique.

Son premier album devrait – parait-il – paraitre dans l’année.

 

The Body, le diable au (hard)corps

Connaissez-vous le sludge ? Cette douce appellation, au moins aussi barbare à l’oreille que le genre qu’elle désigne, signifie “boue“. Et si on ajoute que le sludge est un dérivé du métal, vous imaginez volontiers un marécage glauque, bourbeux et asphyxiant, n’est-ce pas ? Avant que vous ne soyez emporté dans une longue crise d’asthme, nous préciserons que le sludge est l’étoffe idéale pour confectionner des grandes toiles d’angoisse et que The Body est le genre d’atelier spécialiste de la discipline. Vous serze rassurés en apprenant que le duo de Portland Lee Buford / Chip King a embauché pour sa dernière pièce I Shall Die Here, le producteur de terreur nocturne The Haxan Cloack, et le résultat… comment dire… possède de quoi s’en relever la nuit. Dans tous les sens du terme.