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Nuisances sonores : ce que pensent les clubs du nouveau dispositif de contrôle

Alors que le sujet des nuisances sonores reste au coeur des rapports parfois tendus entre les activistes nocturnes et les riverains, la mairie de Paris vient d’annoncer la mise en place expérimentale d’un nouveau système de mesure plus precis : La Méduse. Réaction des clubs potentiellement visés.

La nouvelle est tombée au début du mois : la mairie de Paris va expérimenter un nouveau système de mesure du bruit pour lutter contre les nuisances sonores. Surnommé “la Méduse”, ce dispositif permettra de spatialiser la source de son et donc de localiser les sources qui posent particulièrement problème. L’objectif : plus de confusion possible entre la mobylette débridée et le bar d’en face dans les relevés.

Quatre premières zones ont été définies par les autorités compétentes, à savoir Bruitparif, l’observatoire du bruit en Île de France : Place Sainte Catherine dans le 4ème arrondissement, des rues dans le quartier de République, le Canal Saint-Martin et le Port de la Gare. Dans ces deux dernières zones sont installées Le Point Éphémère et Le Petit Bain qui seraient, à priori, directement concernés.

Pour Petit Bain, le dispositif suit l’histoire locale

Quand on demande à Ricardo Esteban, directeur de Petit Bain, ce qu’il pense de ces nouvelles machines, il replace celles-ci dans l’histoire du quartier : “Le Port de la gare a été dédié aux activités culturelles en 94. Dans ces années-là, le quartier était très différent, les immeubles n’étaient pas encore tous sortis de terre”. La grande époque du Bateau El Alamein, de la Guinguette Pirate et du Batofar, tous installés durant cette époque moins contraignante. “Les premiers voisins arrivèrent ensuite et avec eux, logiquement, les premiers soucis de voisinage. À partir de là, le port a commencé à réglementer (et à tarifer) les installations de plein air”, poursuit-il.

Ce dispositif de Bruit Parif permettra d’objectiver le bruit, et, dans bien des cas, de dédouaner les établissements

Au milieu des années 2000, alors que les fêtes en terrasse se multiplient, le quartier “se fâche tout rouge”. Commencera ainsi à s’établir une charte des bons usages du Port de la Gare, aboutie à l’aube de la décennie nouvelle. En 2015, avec un été que Ricardo Esteban décrit comme “exceptionnel”, de nouveaux lieux émergent. La tension revient alors de plus belle. “Plaintes, déscentes de flics, PV, fermetures administratives… Panique : la relation avec le quartier est cassée”. Alors qu’une nouvelle charte sera signée à la fin du mois, ce nouvel arsenal empêchera, selon lui, la confusion : “Ce dispositif de Bruitparif permettra d’objectiver le bruit, et, dans bien des cas, de dédouaner les établissements, mais aussi de pouvoir réagir plus vite en cas d’excès”. Il dit donc voir ça “d’un bon oeil”, comme une solution pour retrouver la confiance du quartier.

Au Point Éphémère, la Méduse insuffisante ?

“Avant toute chose, le Point Éphémère n’est pas là pour faire du bruit, mais plutôt pour diffuser de la musique, créer de l’activité et de la vie”, prend le temps de rappeler le programmateur musical des lieux, Nicolas Jublot. Si la tension entre les résidents et les fêtards n’est pas récente, la salle assure tout faire pour ne pas y contribuer : “Nous avons mis en place une signalétique et un dispositif de sécurité allant dans ce sens.”

Nous allons mesurer seconde par seconde, toutes les origines du bruit
La Meduse

La Meduse

Jusqu’à changer l’essence de certains projets pour ne pas “mettre de l’huile sur le feu”. C’est le cas du rooftop annoncé l’an passé comme un nouvel espace festif qui, finalement, sera consacré au chill, loin de toutes propositions musicales. Pour autant, Nicolas Jublot craint que ces appareils ne soient pas suffisants pour déterminer qui de la salle ou des flâneurs installés sur les quais, face à elle, sont vraiment la source de la nuisance : “Il sera toujours difficile de cerner si le bruit vient davantage de la salle du Point Éphémère que des piques-niques sur le canal…”, se désole-t-il alors que les rapports avec les habitants du quartiers sont de plus en plus cordiaux. Superflu, donc ?

Impliquer les riverains en direct

Et qu’en disent les initiateurs ? Pour Frédéric Hocquard, conseiller de Paris délégué à la nuit et cité par Le Parisien, ce dispositif vise à “caractériser avec précision les établissements contrevenants”. Les pointer du doigt avec une mesure objective, évitant par là de mettre en cause des lieux victimes d’un environnement bruyant par nature : “Nous allons mesurer seconde par seconde toutes les origines du bruit”, explique Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif dans ces mêmes colonnes. Ces données seront librement consultables en ligne : “des riverains seront équipés de petites télécommandes qu’ils déclencheront dès que les seuils de tolérance seront dépassés […] Les seuils de bruit acceptables pourront être définis selon chaque secteur”.

Inquiétant ? L’avenir nous dira quels fruits ce dispositif portera en lui. Les responsables des lieux rencontrés semblent plutôt sereins mais reste à savoir si cette expérimentation permettra bel et bien de faire la différence entre les excès vocaux d’un passant en état d’ébriété et le simple bruit légitimement généré par un lieux festif.