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Tidal, le streaming par Jay Z : success story ou pétard mouillé ?

TIDAL, la nouvelle plate-forme de streaming musical payante et haute définition de Jay-Z fait beaucoup parler d’elle. A juste titre ?

I’m not a businessman, I’m a business, man !” se vantait Jay Z sur le titre “Diamonds From Sierra Leone (Remix)” de Kanye West. L’actualité fait que l’on peut difficilement le contredire…

Depuis lundi, le net ne parle que de ça – et tout a été fait pour que ce soit le cas -, le rappeur-entrepreneur a mis le paquet sur la com’ de son nouveau service de musique en streaming payant, TIDAL Hifi. Racheté à l’entreprise Aspiro pour la modique somme de 56 millions de dollars, Jay-Z fait de ce projet un évènement planétaire.

Pour autant, les arguments de ce nouveau dispositif sont-ils à la hauteur ?

Un teasing dantesque

Pour accompagner la sortie, de nombreuses icônes pop ont changé leur photo de profil ce lundi 30 mars sur les réseaux sociaux et l’ont troqué pour une unique image bleu fluo. Daft Punk, Rihanna, Kanye West, Jack White, Alicia Keys, Beyoncé, Nicki Minaj, Coldplay, Calvin Harris, Madonna : tout le gratin de l’industrie musicale arborait alors un monochrome cyan sur Facebook et sur Twitter. Cette couleur, c’est celle autour de laquelle est conçu la chartre graphique du projet.

Quelque heure plus tard, un teaser surgit sur la toile. Une vidéo d’une trentaine de secondes où se rejoignent les superstars citées plus haut, autour d’une table et dans une atmosphère des plus sérieuses. Au premier coup d’oeil, l’un des plus gros coups marketing de ce début de siècle.

Pendant ce temps, sur TIDAL.com, un énorme compte à rebours nous prépare à une conférence de presse annonçant le lancement du service. Celle-ci a lieu lundi vers 23h (heure française) : on sait aujourd’hui mieux de quoi il s’agit.

Quoi de neuf avec Tidal ?

Quels sont les arguments derrière ce grand défilé de star ? Est-on réellement en train de révolutionner le streaming musical ? C’est en tout cas ce que tend à prouver Jay Z en relançant la plate-forme streaming musical TIDAL HIFI.

Pas moins de 25 millions de titres en qualité Hifi, au format FLAC (compression audio sans perte de qualité), 75 000 vidéos en haute définition et un contenu éditorial d’expert. Tidal propose deux offres à respectivement 9,99€ (accès à une version “qualité standard”) et 19,99€ (version haut-de-gamme sans perte de qualité) par mois.

Alors, quoi de neuf ? Et bien, rien. Cette haute fidélité est en effet déjà proposée chez Qobuz pour le même prix et les clips en HD sont eux disponibles sur YouTube ou Vevo gratuitement. Si l’on veut réellement y voir une révolution, cela ne se trouve dans l’aspect technique mais plutôt d’un point de vue plus business.

Le vrai changement : la mainmise des artistes sur la diffusion

En janvier dernier, l’institut Nielsen publie les chiffres d’écoutes et ventes de musique aux USA. Il en ressort une hausse considérable du nombre d’écoute streaming avec une augmentation de 54% contre une baisse de 10% des ventes CD digitales. Seulement, cette explosion ne profite pas à tout le monde et notamment aux artistes et aux labels qui n’en tirent que très peu de bénéfices. La chanteuse Taylor Swift l’avait très bien fait comprendre en retirant il y a peu tous ses albums du catalogue de Spotify.

Avec TIDAL, le scénario est différent puisque les artistes en sont actionnaires et possèdent les moyens de diffusion de la plate-forme. Jay Z s’explique dans une interview accordée au magazine Billboard :

Tout le monde sait que le système de paiement actuel n’est pas juste pour les artistes. Partout ailleurs, tout le monde reçoit un salaire pour son travail. La musique est partout, on la consomme tous les jours, n’importe où. Les créateurs de contenus devraient donc être rémunérés. Ce n’est que justice.

Pour la première fois, ce sont les artistes qui ont la mainmise sur un processus de diffusion streaming de cet ampleur – selon des termes financiers non divulgués. Reste à voir les répercussions que cela peut avoir sur les autres plateformes…

Vers une “prise d’otage” des contenus ?

Le fait que ces artistes dirigent le game changera possiblement la donne. Jay Z s’appuie sur sa proximité avec des artistes clés du business de la musique en leur donnant des parts dans l’entreprise. Pour tout ce beau monde, l’objectif serait donc de rallier tous leurs fans sur la plate-forme. Comment les faire quitter Spotify ou Deezer, chez qui ceux-ci ont leurs habitudes? On nous parle de contenus exclusifs, mais à quoi bon payer pour les visionner quand il suffit d’attendre quelques heures pour les retrouver n’importe quel contenu reposté ailleurs sur le net ?

S’il a une carte à jouer, c’est le peut être celui du passage en force : si Tidal reussissait à devenir le streamer exclusif de tous les disques de ses parrains, il aurait de vrais arguments face à la concurrence. Cela signifierait leur retrait de plateformes établies : quand bien même Jay Z serait le meilleur ami de Jack White, pas sûr que son distributeur soit d’accord. Sans compter le manque à gagner qui devrait être rattrapé à travers une redevance très généreuse sur les écoutes.

Beaucoup de questions se posent et restent pour le moment sans réponses. Seul le temps nous dira si l’investissement du rappeur fut un coup de génie ou un bide total. C’est en tout cas tout ce que lui souhaite le producteur Mr Oizo…

I’m gonna create my own TIDAL just for my shit music. 50$/month. Horrible sound quality.Who needs Hi-Fi to listen to JAY Z and Madonna?

Posted by Mr. Oizo on mercredi 1 avril 2015