Noyé dans les sorties de cette semaine ? Cela va s’arranger avec le Rayon Frais
Anna Calvi – Strange Weather
Faire la cover d’un morceau électronique n’est pas toujours heureux. Pour ouvrir un EP de reprise, Anna Calvi s’est collé à l’exercice avec succès grâce à Papi Pacify de FKA Twigs. Ça cale un peu sur le morceau de Connan Mockasin, quand la reprise de tiendra carrément de la parodie. L’EP verra vraiment la lumière avec la reprise de Keren Ann en duo avec un immense David Byrne et la conclusion, Lady Grinning Soul de Bowie, qui réussit l’exploit de mêler pianos virtuoses, voix habitée et bon goût. Plutôt joli.
Date de péremption: Longue, à condition de couper les zones gâtées.
Jungle – S/t
La proposition de Jungle laisse un goût de nouveauté, c’est une évidence : il s’agit là de musique dansante, qui, pourtant, ne semble dansable que d’une manière très spirituelle. Pas de grand bond dancey au programme, même si tous les ingrédients sont là. Jungle, c’est un peu de la musique de Warm Up, une ambiance fine de fête, une mise en condition, l’apéro avant le club, le calme avant la tempête. Avec ses grandes plages électroniques, ses basses rondelettes généreuses, l’album plaira. Si on passera sur ‘Busy Earnin’, écrite clairement à fin de synchro pub, le reste de l’album est clairement bon à prendre
Date de péremption: A ne pas consommer avant 18h, jamais après 23h.
Overdrive – Stylé
Les gars qui tiennent le label Indian Redhead Records semblent pas mal s’ennuyer l’été. Du coup, ils ont décidé de sortir une cassette ou un CD-R par semaine. Leur nom ne vous dit rien ? Sachez que ce sont eux qui sortent Double Dragon, nos newcomers bien frappés de Mai. Au programme de cette semaine : un gros EP électro turbine pas si débile à base de boom plak et d’un sample obsessionnel disant “Stylé, c’est trop stylé”. Une poignée de remixes par des producteurs aux noms aussi absurdes que Bermudaa ou Canapé d’Angle viennent compléter ce chouette CDR livré avec poster DIY dans une pochette plastique. Checkez aussi le magnifique clip par ici.
Date de péremption: trop chimique pour ça.
Madlib – Rock Konducta
Le digging c’est cette archéologie des bacs de vinyles doublée d’une névrose obsessionnelle portée sur la pièce rare que personne ne possède. Et dans ce monde de digging, Madlib est le couturier le plus flamboyant de l’Histoire assemblant sur une oeuvre indénombrable (albums, mixes, mixtapes confondus, on doit approcher la centaine). Issu d’une famille de jazzman, lui-même jazzman – outre ses productions pour des rappeurs – Madlib élabore un hip hop psychédélique, en fait jazz moderne où s’imbrique tout ce qu’il trouve dans le grenier de la musique. Après avoir visité les B.O, l’Inde ou l’Afrique, la série des Beat Konducta traverse le rock. Et par le rock, précisons qu’il faut entendre ici le psyché, le kraut et le prog, tout ce que le genre compte d’acide, de chaloupé, de fou ou fascinant des 60’s au 80’s. Une plongée, une exploration, un voyage et un énorme trip de deux albums dans ce que le rock a caché comme trésor durant deux décennies. Absolument absorbant.
Date de péremption : ça prend la poussière sans périr ces choses-là.
Morrissey – World Peace Is None of Your Business
Si vous êtes de l’époque des One Direction, Morrissey sonne pour vous comme un nom d’ivrogne de bar-tabac et son prime groupe, les Smiths, comme la famille du Prince de Bel Air. Et pourtant, les enfants, Momo est issu du groupe qui donna une voix de goitre au romantisme, The Smiths, des icônes des 80’s qui ne ratèrent aucun album (quatre en quatre ans de vie). S’en suivit 25 ans d’une carrière solo dont les quelques hauts ne parvenaient que difficilement à maintenir hors de l’eau la quantité de bas. Et puis 2014 sonne, Moz ouvre la porte à un nouvel album après cinq an à n’avoir utilisé sa voix que pour alimenter les tabloïds. Et donc ? Ce Morrissey tient-il debout par génie créatif ou par magie de la taxidermie ? Un peu des deux. Si ce World Peace Is None Of Business est sans doute un de ses essais les plus inspirés depuis bien longtemps, dans un paysage pop saturé de ses jeunes héritiers, Morrissey dénote à peine. Sur cet album trop long, quelques titres (trois sur dix-huit) justifieraient à eux seuls l’acquisition de l’objet et le fond d’inspiration semble stagnant. Les quelques arrangements brillants et hooks isolés sur quelques rares titres ne font que mettre en valeur l’absence sur quelques autres. En somme, un album qui ne nourrira pas sa légende mais ne l’abimera pas tellement plus.
Date de péremption : les mauvaises langues diraient aux alentours de 87.