Quatre ans après “Philippe Katerine”, l’album de ‘La Banane’, l’artiste est de retour avec Magnum, un nouvel opus confession, toujours aussi coloré mais qui emprunte un nouveau registre musical. Rencontre à Paris.
C’est dans une brasserie de la Place de Clichy que nous a donné rendez-vous Philippe Katerine. A peine installés, on voit le chanteur se présenter à la porte et indiquer l’objet de sa venue. Tranquillement, le pas lent, il s’approche de nous. On reconnaît immédiatement le personnage farfelu mais on n’aurait jamais pensé que l’homme aux tennis blanches usées et au tee-shirt rose bonbon serait si discret. D’un mouvement lent, il ramène sa mèche folle sur le côté de son front et nous fait un bonjour timide. Les présentations faites, on commande des rafraîchissements. Ce sera un jus d’orange pressé pour monsieur.
On entre rapidement dans le vif du sujet. Katerine nous présente son Magnum : “J’avais envie de m’exprimer, de parler de ce que je vivais et de ce que je rêvais. Mais je ne l’ai pas fait comme d’habitude”. Oui, pour son nouvel opus, le chanteur a fait appel à SebastiAn, DJ et producteur de musique électronique de l’écurie Ed Banger, connu entre autres pour son titre “Tetra”.
“Ça faisait longtemps que je voulais travailler avec lui, sa musique me fascine“. Le musicien lui a offert une musique plus puissante et une matière complètement nouvelle (de la disco) sur laquelle s’exprimer. Katerine a alors laissé vagabonder ses pensées. Pourquoi le thème du tropical ? Le chanteur baisse la tête et réfléchit. “Je pense que cela faisait simplement longtemps que je n’avais pas voyagé, j’avais des envies d’ailleurs”. C’est assez clair quand on jette un oeil à la pochette de l’album le représentant décontracté en peignoir de soie devant un décor façon carte postale.
Le titre de l’opus nous intrigue. Il fait référence à plusieurs choses en fait : “Magnum” la série mais aussi la glace. Ah les glaces, c’est une gourmandise qu’affectionne particulièrement le chanteur. Ses yeux brillent comme un enfant quand ils nous confie adorer “les déguster dans le noir, pendant les bandes-annonces des films”.
En visionnant le film, on a été frappé par une phrase qu’il répétait comme un mantra, “Il est trop tard pour avoir peur“, popularisée par le saxophoniste américain Steve Potts. Le chanteur nous confie souvent l’utiliser pour se donner du courage : “Je peux être quelqu’un d’angoissé, c’est pour cela que je chante des chansons joyeuses”. On comprend mieux les cascades de blagues et l’univers kitsch de ses morceaux. Tout cela nous amène à parler du bonheur. Katerine a une vision très personnelle de celui-ci. “Le bonheur est fait de moments furtifs, comme des préliminaires” nous lance-t-il en esquissant un petit sourire en coin.
La rencontre touche à presque sa fin. On a envie de savoir ce qu’il y aura après ce beau nouvel album et ce film. “Je travaille sur les dessins de Milanimo, le nouveau livre de chansons pour enfants de Julien Baer”. Etonnés, ne connaissant pas les talents de dessinateur de l’artiste, on lui demande enfin “ah oui, il n’y aura pas de personnage nu en peignoir alors ?“. Le chanteur se redresse et en souriant nous lance un “pourquoi pas ?“. C’est vrai, avec Philippe Katerine, on n’est jamais au bout de nos surprises !
Magnum (Barclay/Universal), sorti le 7 avril