Adieu défrisages et autres traitements chimiques qui détruisent le cheveu, les crépues retrouvent leur chevelure naturelle et deviennent des “Nappy girls”. Décryptage d’une tendance.
Ayo, notre rédactrice en chef de la semaine nous a parlé mode pendant notre interview mais aussi cheveux ! La chanteuse nous a confié qu’elle n’a pas toujours assumé sa coupe afro et elle a même partagé avec nous quelques anecdotes de son enfance.
“Je me souviens d’un jour, nous étions dehors avec la classe. Les cheveux de mes copines bougeaient avec le vent, c’était magnifique. Les miens ne bougeaient pas du tout, j’avais juste un énorme afro, j’étais triste.”
Pour beaucoup de jeunes filles noires et métisses, porter ses cheveux au naturel n’a pas toujours été une évidence. Mais depuis quelques années, on observe que nombreuses d’entres-elles militent pour un retour au naturel. Une nouvelle tendance ? Oui, elle s’appelle Nappy.
Qu’est-ce que la tendance Nappy ?
Nappy vient de la contraction des mots anglais “natural” et “happy” (naturelle et heureuse). A l’époque de l’esclavage, les blancs l’employaient de manière raciste pour désigner les cheveux des noirs : les “nappy heads”. Aujourd’hui, c’est tout le contraire, nappy désigne la revendication de ses origines, la fierté d’arborer ses cheveux au naturel et de prendre soin d’eux.
Quand la tendance est-elle née ?
Le mouvement paraît jeune mais a pourtant débuté très tôt. Dans les 50, la population noire américaine revendiquait ses droits civiques et avait fait de l’afro le symbole de sa lutte. Dans les années 70, de nombreuses chanteuses noires abandonnaient le défrisage et retrouvaient leurs cheveux naturels. La plus connue, l’artiste phare de la Motown Diana Ross, qui a surpris l’Amérique entière avec son énorme afro.
Dans les années 90, Lauryn Hill et Erykah Badu relancaient la mode du cheveu au naturel. Aujourd’hui, les égéries de la tendance sont de plus en plus nombreuses. Elles se nomment Solange Knowles, Inna Modja ou Yaya Dacosta. Toutes en ont eu marre un jour du défrisage, qui déssèche et casse le cheveu, et ont osé le “Big Chop”: se raser la tête pour repartir à zéro, laisser pousser ses cheveux crépus et adopter une bonne routine capillaire. Plus qu’une démarche de bien-être, elles ont surtout voulu revendiquer leurs origines et faire fi de la norme du “lisse=beau”.
Les blogs nappy et le nouveau marché de la beauté noire
Revenir au naturel ne signifie pas laisser sa chevelure vivre sa vie librement sans en prendre soin, bien au contraire. De nombreux blogs, comme Black Beauty Bag ou Belle Ebene, mais aussi des pages YouTube (Loving your hair with natural care ou Curlidole) ont fleuri au sujet du soin des cheveux blacks. Les filles conseillent, parlent de “twist”(tresse à deux brins), de “Bantu Knot” (petits choux) ou de “Frohawk” (crête) et expliquent les traitements à adopter pour être belle au naturel.
Dans l’industrie de la beauté, on remarque aussi un énorme changement. Beaucoup de marques possèdent aujourd’hui leur gamme “cheveux crépus et métissés” et choisissent enfin des femmes aux cheveux naturels pour les promouvoir.
Y aurait-il un réel changement d’état d’esprit ?
A regarder :
“Good Hair” L’humoriste Chris Rock parle de l’obsession capillaire des américaines.
A lire :
Peau noire, cheveux crêpus : l’histoire d’une aliénation de Juliette Sméralda (Editions Jasor)
Pour s’informer :
Le salon Boucles d’Ebene tous les ans à Paris
Du 7 au 13 octobre, Ayo est notre rédactrice en chef invitée : retrouvez ici tous ses articles !