Skip to content

Moodoïd : “Je me suis toujours revendiqué d’Aquaserge”

A We Love Green, on a rencontré Pablo Padovani à quelques heures de son concert avec Moodoïd. Il nous a parlé de son nouvel album, Le Monde Möö, et de son univers.

Villa Schweppes: Pouvez-vous nous dire qui est Moodoïd ?

Pablo Padovani: Oui, Moodoïd signifie pour moi “émotion étrange”, c’est en fait un mélange entre “mood” et “oïd”. Je voulais utiliser ce suffixe parce que tout ce qui est bizarre se termine par “oïd”. Quand j’écris des chansons, je le fais toujours en rapport avec des sentiments donc il fallait que le nom du groupe fasse ressortir cela. Ma musique est aussi très psychédélique, les chansons sont un peu bizarres, un peu longues. Ça allait très bien alors.

Votre musique est très identifiable, comment avez-vous réussi à vous renouveler sur ce 1er album ?

PP : L’album est justement très diversifié. Il a un coeur, des chansons très reliées et des chansons ovnis. En fait, contrairement à ce que l’on croit je n’écoute pas du tout que de la musique des années 60-70. Je suis un grand fan de jazz et de funk. J’écoute beaucoup Prince et des artistes des années 80-90. Sinon, j’aime bien les Brecker Brothers, les Weather Report, ce sont des groupes de jazz qui sonnent très digitaux. Ca m’attire beaucoup. J’aime aussi des artistes plus actuels comme Dirty Projectors ou Ava Luna, ce sont des groupes de Brooklyn qui font de la musique très moderne.

Vous êtes-vous inspiré d’eux pour votre album ?

PP : Oui, je puise un peu partout quand je crée mais au final je pense que ça reste très personnel. Quand j’ai fait l’album, j’étais tout seul dans ma maison de campagne. J’ai passé une semaine et demi là bas à écrire toutes mes chansons. Je m’y suis rendu en voiture donc sur la route j’ai écouté pas mal de disques. Dès que j’avais une idée, je m’enregistrais avec mon téléphone. Pour l’album, j’ai repris tous les enregistrements que j’avais depuis 2 ans.

Et pourquoi cette obsession des paillettes sur scène ?

PP : En fait, c’est venu un peu par hasard. Quand on a fait les premiers concerts, il y a un an et demi deux ans, un jour un copain est venu faire des photos. On s’était mis des paillettes sur le visage et on a décidé de garder ça. Pour moi, le déguisement participe au concert. On n’a pas de vidéo dernière nous donc c’est notre scénographie. Et puis, on a toujours voulu se déguiser avec Moodoïd parce que la musique est un peu magique.

Un costume que vous n’oserez jamais porter ?

PP : Je crois qu’il n’y a rien qu’on n’osera jamais porter et on prévoit de porter des tenues assez folles, rires.

On sent clairement l’influence des musiques du monde, surtout arabes dans vos chansons. Pourquoi ?

PP : Je suis fou de la musique d’Afrique du Nord, même de Turquie et d’Arménie. Il faut dire que mon père est musicien et a lui même travaillé avec des artistes d’Algérie donc c’est quelque chose qui m’a marqué. Grâce à des rééditions d’albums j’ai aussi pas mal redécouvert des artistes turcs des années 70 qui faisaient du psyché en reprenant des airs traditionnels. Sur le Monde de Möö, la chanteuse israelienne Riff Cohen chante trois chansons. Donc oui, on retrouve beaucoup cette couleur de musique car je l’aime beaucoup.

Pouvez-vous nous décrire le monde Möö ?

PP : Moi je l’appelle le Monde Möö (prononcez “mou”). Au départ, on avait mis “Moo” sans les accents mais comme c’est le mugissement de la vache en anglais, on a ajouté les tréma (rires). En fait Möö est la planète sur laquelle se passe le disque. Le premier EP était comme une fusée qui décolle avec laquelle on présentait Moodoïd, là on se pose dans un paysage et on va l’explorer ensemble. L’album est sur le thème du chemin donc on va se promener sur cette planète molle et à chaque étape correspond une chanson. Le monde Möö est une planète constituée de rochers de mousse et de chantilly. On est dans un univers très sucré et culinaire. C’est un autre de mes trucs la nourriture.

Vous êtes familier avec Aquaserge n’est-ce pas ?

PP : Oui j’ai grandi avec Aquaserge. Quand j’étais au lycée, Aquaserge jouait dans un groupe qui s’appelait Hyperclean et j’étais un énorme fan. J’allais à tous les concerts et au bout d’un moment j’ai commencé à cotoyer la bande qui m’a un peu pris sous son aile. J’ai commencé à faire de la musique avec eux donc c’est comme ça que j’ai découvert l’univers psyché.

Pensez-vous qu’un style français, une scène française est en train de naître grâce à Aquaserge et à vous?

PP : Oui et je trouve ça chouette ce qu’il se passe en ce moment en France. Je me suis toujours revendiqué d’Aquaserge. Je suis un peu leur poulain. Je trouve ça cool qu’on s’intéresse enfin à leur travail parce qu’ils ont fait des choses incroyables.

En avril, on a eu Philippe Katerine en rédacteur en chef invité à la Villa Schweppes et il nous a parlé de vous car il vous a découvert en concert et aime beaucoup votre musique. Aimeriez-vous travailler avec cet artiste ? Vos univers sont assez proches.

PP : J’ai découvert Katerine il y a 6 ans ou 7 ans. Au départ j’avais des a priori, je me demandais qui était ce mec mais petit à petit j’ai appris à le découvrir et j’aime énormément. J’aime le concept, le personnage. En fait, c’est mon petit frère qui est très fan de Katerine qui m’a envoyé l’interview en me disant “regarde il parle de Moodoïd!”. J’étais hyper touché.

Que pensez-vous du concept de We Love Green ?

PP : Hier (samedi) je suis venu en festivalier et j’ai trouvé ça hyper agréable, ça m’a rappelé les festivals anglais. Les gens viennent en famille, font des activités et se posent. Tu fais vraiment ta vie dans ce petit village. J’aime beaucoup l’ambiance qui est assez saine, j’ai l’impression d’être à la campagne.

Qui avez-vous vu en concert ?

PP : J’ai vu Cat Power que j’avais très envie de voir. J’ai hâte aussi de découvrir Little Dragon dont j’entends beaucoup parler et aussi Lorde.

Pouvez-vous nous dire quelque-chose qu’on ne sait pas sur vous ?

PP : Justement, vous me demandiez avec qui j’aimerais collaborer et bien j’adorerais travailler avec MC Solaar. C’est un artiste que j’admire énormément. Si la Villa Schweppes peut faire passer le message ! (rires).

Moodoïd, Le Monde Möö, sortie le 18 août (Entreprise)