A l’occasion de la sortie de son nouvel et troisième album, “Daddy I don’t want to get married” produit par Tahiti Boy et Para One, Micky Green nous parle musique, inspirations, envies, et création. Elle est notre rédactrice en chef invitée pour la journée.
La Villa Schweppes : Votre album s’appelle Daddy I don’t want to get married : est ce un message à faire passer à votre père ?
Micky Green : Haha non, ce n’est pas vraiment pour mon père. C’est plus pour un garçon que j’appelais “Daddy” pour rire.
Votre album parle beaucoup d’amour, mais le titre semble indiquer autre chose : est-ce un manifeste pour l’amour sans engagement ?
MG : Il y a peut-être de ça oui. En analysant à la fin de l’album, j’ai vu que mes chansons parlaient toutes d’amour, mais avec un côté un peu doux/amer. Pas forcément de manière négative, puisque je suis une personne très optimiste, mais je pense que c’est une vision plus réaliste de ce sujet.
Vous avez mis longtemps à l’écrire ?
MG : J’ai écrit les chansons dès que mon second album est sorti. C’était donc je pense sur une période de six mois, avec différentes relations amoureuses qui commençaient et se terminaient, et moi qui changeais d’avis…
Jamais l’angoisse de la page blanche ?
MG : Non. Je ne peux pas me forcer à écrire, cela tient plus du besoin. Je dois trouver vite un stylo quand j’ai une idée. Il en est de même pour les mélodies, que je dois enregistrer assez rapidement. Je ne me force jamais à écrire. C’est contre-productif. Des fois, je fouille aussi dans mon carnet, et je me dis “ah, ce truc est cool, je pourrais l’utiliser“.
Vous mettez 3 ans entre chaque album : est-ce le temps dont vous avez besoin ?
MG : Je ne sais pas. Je voulais travailler après mon second album, et j’ai presque été frustrée qu’il n’aille pas aussi vite que je l’aurai souhaité, puisque je travaillais avec d’autres personnes, et que je ne pouvais pas avancer à ma vitesse. Il fallait que je sois patiente. Donc, j’ai un peu voyagé, et j’ai pu prendre le temps de réfléchir. J’aurai pu aller en studio et tout faire toute seule, mais cela n’aurait pas donné ce que je voulais vraiment. C’est pour cela que David (Tahiti Boy) et Jean-Baptiste (Para One) m’ont aidée.
Vous avez en effet changé de producteur : vous travailliez avec Renaud Letang, et maintenant Para One et Tahiti Boy… Comment les avez vous rencontrés ?
MG : J’ai souvent croisé Tahiti Boy en studio, en concert, en backstage… On parlait souvent ensemble, on faisait des blagues, et il me demandait comment avançait mon album. Je lui disais que je commençais à l’avoir, mais pas complètement, et il m’a demandé si je voulais de l’aide. J’ai dit évidemment, et il m’a présentée à Jean-Baptiste, et tout a commencé.
On sent une vibe carrément électro sur cet album…
MG : Oui, c’est vraiment la touche qu’a apportée Para One. Je crois que je voulais ça, parce qu’avec Honky Tonk, j’avais envie d’acoustique, de cordes. Mais je me suis dit “okay, j’aime aussi la musique électronique, c’est peut-être le moment de faire quelque chose de différent“. Je ne peux pas changer du tout au tout, il est vrai que ça ressemble aussi à ce que je suis capable de faire, mais c’est en effet définitivement plus électronique.
Qu’est-ce que vous attendez comme réaction de la part des gens qui vont écouter cet album ?
MG : J’ai envie d’illuminer un peu leur quotidien. Personnellement, j’aime écouter de la musique dès mon reveil, et passer une chanson que j’adore très fort. Je crois que la musique emmène dans d’autres endroits, vous fait penser différemment et vous élève un peu spirituellement. Avec Daddy, je voulais emmener les gens dans un endroit invisible plutôt cool.
C’est un album très coloré, dans les visuels, mais aussi dans la vidéo… Vous vouliez mettre en avant un côté un peu léger ?
MG : Ça en a l’air, même à l’écoute, mais je pense que mes paroles peuvent être aussi profondes. J’ai plutôt essayé de trouver un équilibre, même visuel. Je ne pense pas que cela représente l’album dans son intégralité, mais c’est aussi quelque chose que j’aime, les couleurs. Et puis il n’est pas forcément brillant comme ont pu l’être les albums précédents, c’est un peu pastel…
Dans la vidéo de “In Between”, il y a une influence plutôt seapunk : comment s’est passée la réalisation de ce clip ?
MG : Pour cette vidéo, je ne savais pas du tout ce que je voulais. Je ne savais pas si je voulais apparaitre, peut-être mettre d’autres personnes, ou faire un dessin animé. Mais bon, à la fin, j’étais dedans. Ma seule contribution, ce sont les hot dogs. Je ne sais pas pourquoi, c’est ce dont parle la chanson, être “au milieu”, comme la viande avec les deux tranches de pain, une métaphore un peu poétique, mais aussi dégoutante, haha.
Il y a une très forte influence des années 90 : quels artistes de cette époque vous parlent le plus ?
MG : Je suis obsédée par Grace Jones. Cet album ne sonne pas vraiment comme Grace Jones, mais c’est pour moi l’une des femmes qui m’inspirent le plus, autant d’un point de vue visuel que musical. Je suis née dans les années 80, donc j’ai grandi dans cette mouvance. Et puis évidemment, George Michael, Blondie… Il y en a tellement !
Ça se sent un peu sur cet album…
MG : Je ne pensais pas forcément en termes électroniques, je savais que Jean-Baptiste faisait de la musique électronique, mais quand on se rencontrait, on s’échangeait plus des morceaux hip hop. Il y avait un peu une influence pop, mais aussi hip hop et disco. David donnait quant à lui le ton, il avait un côté plus classique, et c’était drôle de mélanger tout ça ensemble. J’aime bien ce côté “bricolage pop”.
C’est un album de club ou à écouter chez soi ?
MG : Le moment où j’écoute le plus de musique est quand je me déplace, quand je marche ou quand je prends le métro, quand je voyage… Je recommande le métro. C’est trop bien de bouger et d’écouter de la musique en même temps, ça renforce ta sensiblité, j’ai l’impression…
C’est un album qui sent l’été… Un peu déçue de sa sortie en automne ?
MG : J’aurais bien voulu qu’il sorte en été, mais il n’était pas encore terminé. En même temps, je pense que c’est bien qu’il sorte un peu à la fin de cette saison, en conclusion, ça donne de bonnes vibrations jusqu’à la fin de l’été indien !
Vous vous voyez tester d’autres genres musicaux ?
MG : Oui ! J’ai en effet envie de lancer un groupe de filles, d’inspiration ACDC et des Beastie Boys. On sera toutes cachées, c’est mon nouveau projet !
Quelles sont vos chansons préférées sur l’album ?
MG : J’aime beaucoup “Miss Communication”. C’est la première (je mets toujours ma chanson préférée au début) et peut-être “Hey You”, qui me rappelle de bons moments, et la personne pour laquelle je l’ai écrite….
On a interviewé Julien Doré, avec qui vous avez collaboré sur “Chou Wasabi”, et il avait une question pour vous : vous aimeriez jouer le morceau avec lui sur scène?
MG : Evidemment, avec plaisir !
Vous vous voyez collaborer avec d’autres artistes ?
MG : Oui ! Je vais enregistrer “So Scared” avec un rappeur originaire du Texas. Et le rêve ultime serait de travailler avec Dr Dre. Et Eve. Eve est mon héroïne. Dans les producteurs, j’adorerais travailler avec Pharrell, et imaginer un gros opus hip-hop et disco. Je veux faire du hipsco !
Vous partez bientôt en tournée : un peu stressée ?
MG : Pas vraiment ! Je crois que c’est la première fois de ma vie que je ne suis pas nerveuse. Je crois qu’auparavant, j’étais trop jeune : mais maintenant j’ai confiance et j’adore ça !
Quels sont vos projets pour le futur ?
MG : J’ai donc ce projet de groupe de filles, et je me lancerais bien dans la production. J’aimerais beaucoup écrire des chansons pour d’autres artistes.
Qu’écoutez vous actuellement ?
MG : Pas mal de trucs assez anciens finalement. J’aime beaucoup les Black Keys, ACDC et INXS, le rock classique. Donna Summer, Diana Ross, Stevie Wonder, Minnie Ripperton. J’écoute les Beastie Boys tout le temps, et puis Jamiroquai. Je suis assez oldschool, tous mes amis se moquent de moi parce que mes goûts musicaux n’ont pas évolué depuis les années 2000…
Des nouveaux artistes à recommander ?
MG : J’aime beaucoup Connan Mockasin et Frank Ocean. Tout le collectif de Tyler The Creator est excellent, tout comme Chance The Rapper.
Micky Green le 13 novembre à la Gaité Lyrique
Daddy I don’t want to get married, disponible depuis le 21 octobre.
Découvrez le Paris de Micky Green dans notre article, Les meilleures adresses parisiennes de Micky Green.
Et la passion de la chanteuse australienne pour Grace Jones !