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Breton : la force du collectif

Roman Rappak ne s’en est pas caché, il a beaucoup de respect pour les talents de curateur de Kanye West. L’artiste de 2014 bosse-t-il collectif ?

Si on avait jusqu’ici l’image de l’artiste solitaire voire reclu dans sa création, les choses semblent changer. Breton en est une parfaite illustration : ce groupe, non, ce collectif se revendique d’un mode de travail totalement participatif. Là où Metronomy est un groupe visionnaire mais concentré sur Joseph Mount, les laborantins de Breton apportent tous leur pierre à l’édifice.

Rappak, comme nous l’a expliqué son attaché de presse, répond seul aux interviews par soucis de clarté. Mais il ne cesse de se mettre en retrait lors des questions de compositions : le travail collectif semble même s’être accentué sur ce nouveau disque. Il s’inspire beaucoup du fonctionnement du cinéma : “c’est le truc le plus collaboratif du monde : les films d’Hitchcock sont imaginés par un génie entouré de techniciens doués. Ils ont tous réalisé un bout de ses Chapelles Sixtine”.

De même, il avoue aisément tout son respect pour Kanye West : “Pour moi, ce n’est pas un génie mais c’est un curateur brillant. C’est comme créer une exposition : il sait ce qui va fonctionner ensemble“. Yeezus, en effet, à été produit par, entre autres, Hudson Mohawke, , Gesaffelstein, Ben Broffman, ce qui correspond tout de même à un sacré casting. Pour le leader du collectif anglais, c’est la source du succès du grand mé(ga)lomane : “Sélectionner, c’est vraiment un acte de l’ère digitale : il y a 30 ans quand on prenait des photos on en avait 10 à faire, sans preview et elles avaient intérêt à être bonnes. Les gens se pliaient à un savoir-faire en les développant et quand, enfin, ils avaient leur cliché entre les mains il pouvaient se permettre de dire “ça y est je suis un photographe”! Aujourd’hui on peut faire 1000 photos en une journée donc on doit développer un nouveau savoir-faire qu’est, justement, la sélection. En musique, c’est exactement pareil”.

Il nous explique comment on travaille, dans Breton, et la création électronique en général : ” Tu es un peu comme un Dieu parce que tu peux tout changer ! Tu peux mettre quelque chose dans une cathédrale, prendre 10 000 guitares si tu veux”. De ce long processus ressortait justement la nécessité pour eux de faire quelque chose de plutôt immédiat, et, pour Rappak, de déléguer beaucoup pour ne pas s’y perdre.

C’est justement ça qui fait de Breton un groupe résolument moderne. Son fonctionnement est sa principale force, et, si leurs enregistrements doivent être un casse tête en terme de droit d’auteurs, ils sont la résultante d’initiatives multiples, centralisé et curatée par Rappak. Voilà comment fonctionne le groupe des années 10.