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Alpage Records, famille de coeur

On continue de vous présenter les nouveaux labels qui comptent en France. Cette fois, c’est Vincent Thiérion, le patron d’Alpage Records, que nous avons rencontré.

Il était grand temps que nous prenions le temps de vous les présenter plus avant : en effet, vous commencez à très bien connaître les différents artistes du label Alpage Records. Récemment, ce furent les maîtres house You Man et l’impériale Tamara Goukassova qui nous avaient forcé à poser genoux à terre.

Cette maison de disque ressemble souvent à une boîte à surprises : on ouvre un disque sans jamais trop savoir sur quoi on va tomber, mais on s’en émerveille presque à chaque fois. De la pop d’Antoine Pesle à l’acidité austère de DDDXIE, le label brasse large, toujours électronique et marqué d’une cohérence qui dépasse parfois mystérieusement le cadre des genres.

On est donc allé demandé à Vincent Thiérion, le patron d’Alpage, quelques éclaircissements. Sa simplicité a d’abord été plutôt déconcertante : ” Tout est parti d’. Les choses s’éclairent quand il remonte plus loin dans son passé :

J’ai commencé à faire de la musique vers 8 ans avec un 4 pistes à bandes. Je faisais déjà des pochettes pour ces cassettes à l’époque. Les pochettes de disques de mon enfance ont provoqué cet amour de l’image en général. J’ai d’ailleurs toujours trouvé que le disque était un fabuleux vecteur pour les images.

Un retour aux sources

Cette passion enfantine s’est d’abord développée en tant qu’artiste. A travers divers projets qui le mèneront jusqu’au dernier en date – et plus abouti ? – Marklion. L’appel des objets et des disques a aussi coïncidé avec des horizons philosophiques nouveaux : “La ligne de fond est plutôt située à un niveau quasi mystique. Le monde est en train de changer très très fortement, j’essaie de préparer mon entourage proche et les artistes à ce changement. C’est une sorte de retour aux sources qui est en train d’arriver doucement “.

Refusant toute connotation hippie, Thiérion se concentre sur la proximité et le rapport humain. Par exemple, avec la mise en place du festival PZZLE à proximité de leur fief lillois, des soirées Alpage et leur dynamique familiale ou l’existence d’une version physique pour une majorité des sorties du label. Quitte à faire de toutes petites séries :

L’ objet est essentiel pour nous, pour le public et je pense aussi important pour les artistes. Un objet est le meilleur moyen de concrétiser et de marquer la fin d’un travail. Notre ambition de faire des objets limités va dans ce sens. La rareté crée aussi de la valeur non ? Il y a bien évidement trop de choses sur terre, trop de musique, trop de voitures, trop de téléphones, trop de fringues…. Nous n’avons plus besoin de rien. Sauf d’amour, de poésie, d’artisanat et d’objets rares.

La meilleure incarnation de la façon de penser de la structure reste sans aucun doute la série attachante d’édits de Prieur de la Marne. Approximativement chaque mois, l’artiste livre un 45 tours contenant deux édits de morceaux venus tout droit de ses émotions de jeunesses, mis en perspective avec des extraits radiophoniques et autres discours. De quoi former, à la fin d’un cycle de 12 disques, un coffret collector et limité à 50 exemplaires. Plus que d’aller chercher un public massif, Alpage peut se contenter de toucher quelques auditeurs, mais droit au coeur.

Loin des étiquettes électro

Si Alpage Records compte parmi ses rangs quelques valeurs désormais sûres des dancefloors français, le patron de la maison refuse la qualification de label électro:

Alpage est une maison de disque au sens large, surtout pas un label “électro”, je trouve que ce terme, cette étiquette, ne veut pas dire grand chose. Nous sommes un label indépendant. Il y aura de la pop, de la musique expérimentale, des choses joyeuses ou tristes…

Une vision simple et presque libertaire qui n’empêche pas la cohérence : il est intéressant de se rendre compte qu’on peut aisément relier Tamara Goukassova à Bodybeat façon constellation. Chaque artiste ouvre la voie au suivant pour former un tout cohérent.

Aujourd’hui, le label commence à avoir développer un réel environnement : accompagné en Belgique par l’institution qu’est le Beurschouwburg, soutenu par des partenaires professionnels comme Believe ou La Baleine en distribution, il commence à fonder les bases d’une solide longévité. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

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