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Agoria : “Avant, il fallait être le premier devant le magasin pour pouvoir trouver un disque électro”

Avant son set 360 au Black Weekend en mars dernier, nous avions interviewé Sébastien Devaud alias Agoria. Il nous avait confié comment était née sa passion pour la musique électronique et ses projets futurs.

Villa Schweppes : Vous avez commencé la musique très jeune non ?

Agoria : J’ai commencé à mixer à 17-18 ans. Je suis issu d’une famille de musicos, ma mère était soliste au choeur de l’Opéra de Lyon. Ils ont toujours voulu que je baigne dans la musique, j’ai fait du piano, du solfège, de la batterie. Mais j’ai toujours été une feignasse, je déteste apprendre… J’ai fait un an de chaque truc et j’ai arrêté. En plus j’étais ado, j’avais juste envie de faire le contraire de ce que mes parents me disaient de faire. Donc j’ai troqué mon piano contre une platine Technics SL-1210 à 17 ans et je suis tombé amoureux de ça.

Ça vous est venu comment cette envie de mixer. Vous écoutiez des artistes en particulier ?

Agoria : Le premier disque que j’ai acheté complètement par hasard est de Kevin Saunderson, Inner City qui était un truc très populaire à l’époque. Avant ça passait sur NRJ, toutes les grosses radios commerciales passaient ça. Evidemment, à 12 ans je ne savais pas ce que c’était la musique électronique, la musique de Detroit, et c’était mon premier 45 tours. Ça m’a tout de suite interpellé. C’était aussi l’époque des rave parties: il était interdit de danser sur de la musique électronique, c’était la chasse aux sorcières, fallait aller sur une aire d’autoroute, il y avait une info line ; il fallait se suivre en voiture sans savoir où on allait aller et tu te retrouvais dans un lieu soit génial soit pourri. Donc quand j’étais ado, ces interdits m’attiraient beaucoup. C’était ma génération!

Donc c’est la scène électronique de Détroit qui vous a influencé. Quels artistes en particulier ?

Agoria : Carl Craig, Mad Mike, le label Underground Resistance (la Mecque). C’était très dur de trouver de la musique. Les disques arrivaient dans les stores par 3 ou 4. Avant, il fallait être le premier devant le magasin pour pouvoir trouver un disque électro. Tu ouvrais les cartons avec le mec quoi. C’était vraiment la quête du Graal. Je crois que c’est vraiment toutes ces choses là qui m’ont données la fibre et qui font que je suis encore là, à presque 40 berges à continuer à faire de la musique électronique.

Vous pensez quoi de la “nouvelle scène électronique” ou plutôt les nouvelles scènes?

Agoria : Moi je trouve ça génial perso. On dit toujours “c’était mieux avant” mais moi je trouve que justement aujourd’hui c’est encore plus dur de faire de la musique intéressante vu que tout le monde en fait. C’est difficile de trouver sa propre personnalité, pour faire un truc qui soit identifiable. Donc je suis ravi de voir qu’il y a tout ces gens qui débutent. Que l’électro se démocratise.

Vous avez découvert des artistes récemment ? Eu des coups de coeur ?

Agoria : Oui, il y en a plein. Par exemple Tale Of Us, c’est le duo qui a vraiment explosé depuis 2-3 ans. J’ai sorti un maxi sur leur label au mois de mai. C’est marrant je me sens un peu comme un passeur. J’ai créé avec d’autres personnes un festival qui s’appelle Les Nuits Sonores, on a ouvert un club qui s’appelle Le Sucre. On essaie de faire des choses pour que les nouveaux artistes puissent organiser des soirées. Avant de créér les Nuits Sonores, on se faisait tellement chier! Il n’y avait rien, aucune soirée électro. On s’est fédérés à 5 ou 6 avec l’équipe actuelle et on est allés voir le Maire. Il nous a demandé si on pouvait faire quelques chose pour sa ville ou plutôt pour les jeunes. Et on l’a emmené un soir à la Croix Rousse (un quartier sur les hauteurs de Lyon) et dans chaque bar on a organisé des rencontres pour qu’il voit l’effervescence locale. C’était un pari. Et il a trouvé ça génial. Mais ça a été difficile au départ, on était un peu sous anti-dépresseurs. Aujourd’hui on est super fiers, le festival se gère tout seul.

Comment définiriez-vous votre musique ?

Agoria : GENIALE (rires). Non mais c’est difficile. Je suis assez versatile. J’aime faire beaucoup de choses différentes. J’aime faire des choses très éclatées, en studio je n’arrive pas à me dire je vais refaire la même chose.

Vous avez fait la bande originale du film de Luc Besson “Go Fast”. Quelle relation avez-vous avec le cinéma ?

Mon prochain live, je le ferai mettre en scène par Jan Kounen

Agoria : J’adore le cinéma. Je travaille en ce moment avec Jan Kounen (99 Francs, Doberman) et Rodolphe Chabrier sur un projet de bande originale hybride. Ca s’appellera “Deepself”. En fait, j’ai déjà fait la musique et c’est maintenant à lui de faire les images. J’aime l’idée de faire les choses à l’envers. Quand on s’est rencontrés, on a accroché direct. Ce sera une sorte de voyage intérieur et chamanique. Je pense que mon prochain live, je le ferai mettre en scène par Jan du coup.

Vous avez des anecdotes de soirées à nous raconter ? Des nuits/lives marquants ?

Agoria : En fait à 18 ans je finissais toutes mes soirées au poste de police parce que je trainais dans des soirées électro donc ça paraissait louche. En plus j’étais toujours le dernier à partir. Pourtant, je ne faisais rien de mal je passais juste des disques ! Une fois aussi, je jouais dans un festival dans le Périgord et ce jour là un détenu s’était évadé de prison. On a vu tous les flics arriver et ils nous ont dit “il y a un serial killer parmi vous“. Donc on a tous flippé. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus folklorique, des mecs se font tatouer ton nom. C’est marrant mais assez flippant aussi. Il y a aussi ce live à Rock en Seine. Je jouais après Oasis, Il y avait 25 000 personnes qui chantaient leurs chansons les mains en l’air, je les entendais en backstage, et moi j’arrivais avec ma techno sans refrain. Le stress !

Un club où vous avez adoré jouer ?

Agoria : Récemment j’ai joué à Warung au Brésil, près de Florianopolis. C’était extraordinaire ! C’est vraiment un public particulier. L’atmosphère, l’accueil et la chaleur du public. Les gens avaient trop le smile.

Pouvez-vous nous dire quelque chose que l’on ignore sur vous ?

Agoria : Je déteste le fromage…. Je sais je suis Français mais je déteste vraiment ça.

Vous avez des spots préférés sur Lyon ?

Agoria : Le Sucre évidemment (rires), Le Terminal, l’Ambassade. Dans les restos le Tête D’Oie (c’est un resto gastro’), Les demoiselles de Rochefort (c’est pas mal quand t’es en couple, c’est un peu kitsch et fun). En bar j’aime bien aller à la Fée Verte et la Poule au pot. A Paris, j’ai toujours beaucoup aimé le Rex.

Retrouvez notre interview d’Agoria au Black Weekend

Site officiel d’Agoria

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