Le plus punk rock de tous les artistes trap délivre Slime Season 3 : une compilation de huit bangers.
Printemps – été 2014 : le monde éclairé au néon des clubs découvre Young Thug via “Stoner” et “Danny Glover”. Deux des plus gros hits que la nébuleuse rap ait connu depuis les années 2010. Quand le premier décrit parfaitement le style de vie de son interprète, le second est un vértiable hymne à la fête, à l’excès et à l’insensé. Avec ses hooks contagieux et sa voix stridante, le natif d’Atlanta a ici mis au point une recette qui va lui permettre de se servir le Monde sur un plateau.
Deux ans (douze mixtapes et un album) plus tard, Thugger est validé par tous, partout. De Lyor Cohen à Elton John en passant par Kanye West et DJ Khaled. Ses innombrables mixtapes cartonnent, ses concerts sont sold out à coup sûr, et ses sorties n’ont pratiquement pour seule ombre que les prochaines releases. I’m Up, sa dernière mixtape en date n’a que 7 semaines d’âge. Slime Season 3 arrive donc après Slime Season et Slime Season 2, deux bijoux luisants, soignés par des productions de London On Da Track, Metro Boomin ou encore Sonny Digital.
Pour cette suite, Thugger a fait les choses en grand, un peu plus que d’habitude. Et pour un artiste comme lui, “faire les choses en grand” revient à annoncer le disque plus tôt que d’habitude, et à envoyer une marche funéraire portant un cercueil aux couleurs du projet déambuler dans les rues d’Austin, pour le festival SXSW.
Young Thug – Slime Season 3 (YSL / 300 Entertainment)
Le disque, malgré la manière dont il a été annoncé est par moment très lumineux. On pense par exemple à “Digits”, “Tattoos” ou encore “Memo”. Cette dernière, malgré une production à la limite du mélancolique avec ces boucles de piano est sacrément puissante. Probablement parce que le nouvel artiste de Yeezy sort ici le grand jeu. Tout y est : ad-libs accrocheurs, mélodie et bravade furieuse. Sur “Tattoos”, le jeune homme déclare à sa manière sa flamme à la femme de sa vie. Il n’a peur de personne car elle est “tatouée, piercée” (sic). Même si le non-sens est présent tout au long de cet album, c’est justement cette absurdité qui donne de la consistance à des projets comme cette trilogie des Slime Season. On navigue en permanence entre le génie et les balivernes les plus grosses, porté par des vaisseaux fournis par les beatmakers les plus convoités du nouveau continent.
Les limites de Young Thug ? Tomber dans sa propre caricature. Et là encore, il s’en sort sans encombres. “With Them” qui ouvre par exemple l’album est un instantané de la scène trap actuelle. Comme il en a l’habitude, le track a du être terminé en quelques heures et c’est peut-être l’exemple le plus criant de cette industrialisation musicale que l’artiste met en oeuvre depuis le début de sa carrière.
Ce qui fait donc de ce projet un élément difficile à analyser seul. Il doit être considéré dans un ensemble. La Trilogie Slime Season ? La suite de I’m Up qui est venu le remplacer à la dernière minute, début février ? Ou alors la carrière entière du sudiste ? On pense pour la dernière proposition, par chez nous.
Quoiqu’il en soit, on vous conseille fortement d’y jeter une oreille durant ce weekend de Pâques, qui débute ce soir.
