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Rustie immole les oiseaux et Suicideyear allonge le rap dans une chambre froide

La musique chouette, nous savons comment la dénicher dans les sorties de la semaine. Visite guidée entre les Rustie, Suicideyear ou The Bug.

Rustie, monsieur oiseau

En tête de gondole : Rustie, l’Ecossais de chez Warp qui avec Hudson Mohawke a donné une scène à Glasgow écrit un nouveau chapitre après l’aquacrunk et la trap de Nintendo.

Il y a de quoi s’en relever la nuit ? Oui. Vendu comme un “album enregistré à 4h du matin, au son du chant des oiseaux dans un lieu éloigné de son Écosse natale, influencé par la nature, les oiseaux et le lever du soleil” ce Green Language est déjà bavard dans le concept. Surtout lorsque l’on apprend que le langage vert en question est le chant des oiseaux, le langage parfait selon des légendes médiévales. Ici, le rossignol est un véritable lance-flamme. Accidenté, percuté, aveuglant, ce deuxième album fonctionne par éruption, tousse de la lave de pixels, déroule de longs synthés rave et sculpte un hip hop hystérique à la trajectoire erratique. Pas étonnant que Danny Brown s’énerve sur un titre ou que l’excellent poulain Redinho mettent les mains sous le capot. On dirait que Rustie a trouvé son oiseau de feu.

Suicideyear, rap de chambre (froide)

En tête de gondole :Ma musique sonne comme un saignement de nez“. Suicideyear, le jeune auteur (19 printemps) de cette citation, très conscient de renouveler le vocabulaire du hip hop à grandes gifles, sort un premier album chez Software (le label de Daniel Lopatin).

Il y a de quoi s’en relever la nuit ? Oh oui. Comme nous le disions plus tôt cette année, de son dirty south baroque à sa trap romantique et intime, Suicideyear participe à l’avènement d’une coldwave du rap. Héritier des Holy Other, oOoOO ou Clams Casino, James Proudhomme, l’enfant de Baton Rouge, sculpte avec un coup de burin singulier un rap de chambre (froide) anxieux et désolé. Aujourd’hui, il sort Remembrance une histoire “d’amour et de disparition” (selon son auteur) dans le paysage moite et lourd du sud américain emmenant l’esthétique de Proudhomme vers l’abstrait.

Bonus Track :

On ne ratera pas le cinquième album en dix-sept ans de carrière de The Bug, la légende de Ninja Tune, qui conserve le terme dubstep dans son sens noble et le promène dans l’indus et des paysages hostiles. Du dubstep pour envahir un pays à bord d’un tank. Mndsgn (prononcer Mind Design) crée des objets pour l’esprit chez Stones Throw. Personnage à la curieuse histoire, on retrouve dans la musique de Ringgo Ancheta un bout de son histoire d’enfant de réfugiés politiques, ayant grandi dans la forêt américaine sans électricité. Il rencontra le hip hop dès sa première sortie en ville et fabrique aujourd’hui de grands machins luxuriants pour faire de l’autostop dans les esprits. Une sorte de chillwave du rap dans un premier LP captivant.