Skip to content

Rayon Frais : peut-on avaler tous ces disques ?

Peur de vous lancer dans un album réchauffé ? On sert de goûteurs à votre mange-disque sur les grosses sorties de cette semaine.

Alizée – Blonde

Il y avait beaucoup d’espoir sur Alizée au moment où elle avait sorti “Une enfant du siècle” avec Chateau Marmont et la clique Institubes : elle avait confié vouloir faire une musique qui “lui ressemble” avec ces chouettes producteurs là. Le mélange était étonnant, plaisant, mais les charts avaient passé leur tour. Après un petit saut à la télé – Danse avec les Stars – la chanteuse décide de renouer avec ses premiers travaux, qui, du coup, “lui ressemblent” moins. L’album est extrêmement décousu, mêlant électro-pop, pop song façon Katy Perry, ballades et instrus électros beaucoup trop catchy pour être honnêtes. Ainsi, si le “rock-critique” à l’ancienne fera un peu la tête, les pop-timistes trouveront -peut-être- de quoi se réjouir. Le tube de cet album populaire n’est malheureusement pas “Blonde” -lancé en grande pompe- mais “Seulement pour te plaire” et son instru fouillée nettement plus réjouissante.

Date de péremption: 2000, année de sortie de son premier disque.

V/A – Partyfine vol.1

Après celle de Sound Pellegrino la semaine dernière, voici venir une nouvelle grosse compilation électronique : celle de Partyfine, le label tenu de main de maître par Yuksek. Au programme, un véritable manifeste électro pop, bourré de synthés “brass” et de rythmiques disco. On retrouve les principaux acteurs du label à l’image de Villa ou Black Yaya, et quelques têtes bien connues des parisiens, comme Le Crayon et son pote Darius. Quelques petits plaisirs, aussi : un remix de Christophe Chassol par le patron de la maison. Une compilation parfaite pour l’été.

Date de péremption: Pop pour toujours.

Thylacine – Blend EP

On aurait tendance à opposer rapidement Fakear et Thylacine, ces deux adeptes d’une électronica ambiante qui fait rêver les jeunes gens. Le premier, jusqu’ici, avait pour réputation d’être meilleur en studio quand le second se savait bien plus efficace sur scène, réussissant à amener des rythmiques nettement plus dansantes. Cet EP va donner l’avantage à Thylacine : pas de chichis, pas d’exotisme, juste une grande volonté à rentrer dans le lard de l’auditeur. L’artiste use de kicks puissants tout en proposant sur “Sand” de beaux arrangements de Marimba et sait se diriger sur des terrains plus pop et chantés sur les autres morceaux. Avec ce mélange audacieux entre Florence & The Machine et un dancefloor bouillant, ce gars d’Angers l’affirme haut et fort : il veut jouer en club.

Date de peremption: à consommer à partir de minuit.

Martyn “The Air Between Words”

Depuis 2009 et son premier LP Great Lengths, le Hollandais s’est installé en rodeur de la dance, jetant un oeil sur tout, un synthé toujours planqué sous le bras. Une constance dans l’errance que l’on retrouve sur ce troisième album, The Air Between Words, au même titre que son travail sur la structure en méprisant les genres, privilégiant les morceaux robustes, qui ne payent pas de mines tant qu’ils ne s’inscrivent pas dans l’hymne. En somme, Martyn sait gonfler sa techno pour les stades et la tailler pour le club. C’était vrai jusqu’à The Air Between Words, album hélas plus anodin où Martyn s’avère bon élève, s’acharne sur la technique tout en éludant l’émotion. Ni collection de singles par manque de hooks sérieux, trop raide, trop rigoriste, ni réellement album abouti par manque de cohérence, Martyn est un peu comme l’air entre les mots et est passé au travers de son album. Pire même, hormis son duo avec Four Tet, on peine à distinguer une vraie signature sur cet album.

Date de péremption : flottante.

 

How To Dress Well “What Is This Heart”

Si l’on devait choisir l’oeil humide et la tête bien faîte du r&b, ça serait sans nul doute How to Dress Well ou Tom Krell, IRL. Krell, c’est le type qui trouve la pop dans chaque genre, il y cherche le sérieux, le classique, le fondé et peut soutenir d’une grande réflexion un genre des plus frivoles. Toujours dans un rapport très intime et romantique avec son auditeur, Krell c’est un peu un Usher, qui potasse avec vous, dans sa chambre, des poèmes et de la philo. Depuis ses premiers albums, ses quêtes cosmogoniques et spirituelles l’emmènent vers des terrains toujours plus lumineux mais ici… Et si ici on a entre les mains un curieux virage emo, ça chouine un peu, ça miaule la gorge étranglée. Tom Krell semble avoir gagné une nouvelle hauteur dans son ambition et donne encore plus d’âme que de coeur à un genre qui se regarde trop souvent le nombril.

Date de péremption : quelques beaux jours devant lui.