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Milan : “Dès qu’une note doit ressortir, il faut que tu la ressentes”

Milan frondent depuis deux ans pour un rock électronique audacieux entre héritage jamaïcain et frappe mancunienne. On est allé prendre le pouls de ces jeunes loups dont la créativité fait frémir la concurrence.

Villa Schweppes : Qu’est-ce qui vous a donné envie de mêler des relents dub à une certaine idée du post punk ?

Sébastien : On ne s’est jamais trop posés la question : les choses sont venues naturellement, en jouant ensemble. C’est aussi, peut-être, à cause du matériel sur lequel on travaille. J’espère qu’on amène tout de même plus de choses que ces deux aspects, parce qu’en soi, c’est un mélange qui a déjà été fait dans les 80’s.

Corentin : La formule batterie-voix-séquences joue sûrement là-dedans aussi. Le fait qu’on soit deux, ça nous rend vraiment..

Sébastien : Décomplexés. On a la liberté d’utiliser des sources qui ne sont pas juste des guitares ou des claviers.

Corentin : Ça vient aussi des rythmiques : le fait que ce soit le seul instrument joué en live rend les batteries très créatives, très riches.

Sébastien : Après, je ne pense pas que mes rythmes soient vraiment complexes. On ne fait pas de la musique pour musiciens. On jamme, on voit ce qui se cale. La réflexion arrive ensuite, au moment des enregistrements.

Il y a une dimension très physique dans les lives de Milan. C’était dans votre projet de départ ?

Corentin : L’énergie et le jeu sur scène, pour le coup, oui.

Sébastien : C’est aussi lié au fait que Corentin soit chanteur, que ce soit son principal instrument. On s’était demandé s’il ne pouvait pas essayer de jouer des claviers ou de la guitare. Mais non : c’est ça personnalité, son instrument.

Corentin : Ce qu’on a beaucoup travaillé, c’est la combinaison entre nous deux. Avant, on avait chacun quelque chose d’un peu autiste dans notre énergie. Aujourd’hui, on a appris à échanger plus. Ça joue dans l’impact du live je pense.

Dans votre musique, il y a ces couleurs dub. Pourtant, il y a quelque chose de très propre dans le son, loin de la tradition des grands delays etc…

Sébastien : L’aspect dub est dans certaines sonorités et dans le live. Au début, nos concerts étaient très bruts de décoffrages, avec une seule et même reverbe sur tout le set. Maintenant que Léo, notre ingé son, travaille sur nos lives, il y a ajouté des reliefs nouveaux, plus dub. Les effets, je suis pour qu’il n’y en ait qu’un ou deux par moment, mais je ne veux vraiment pas surcharger. J’aime quand ça reste minimal et linéaire : dès qu’une note doit ressortir, il faut que tu la ressentes.

Milan, par rapport à ton autre projet Holy Strays, doit-il rester un vrai projet ” pop “, abordable par tous ?

Sébastien : D’un côté tu as de la musique abstraite, de l’autre tu as un chanteur, une incarnation, des paroles, des chansons.

Corentin : On se revendique d’un certain format chanson.

Vous rentrez ces derniers temps dans le circuit des tremplins…

Corentin : Ça a été l’objet de lo(ooooo)ngues discussions entre nous.

Sébastien : Honnêtement, je ne le sens pas bien.

Corentin : Ça nous a offert de belles opportunités, il ne faut pas cracher dans la soupe. Mais il ne faut pas que nous rentrions trop dedans.

Sébastien : J’ai du mal à me faire à l’idée que Milan rentre dans ce schéma là.

Corentin : Le truc de Bourges, ça nous a permis d’obtenir par la suite une super date à Grenoble dans un truc très alternatif. C’était l’un de nos meilleurs concerts. On peut avoir un à priori sur les tremplins qui n’est pas forcément faux, mais il y a tout de même des choses à en tirer.

Sébastien : Je suis conscient de ça, mais ce n’est simplement pas ma sensibilité et ma vision de la musique. Mais je comprends que des groupes puissent en avoir besoin. Seulement, je ne m’y sens pas à ma place.

Le studio, est-ce un territoire d’expérimentations ou, au contraire, un exercice que vous tâchez d’aborder avec sobriété ?

Sébastien : On n’a pas d’expérience de studio sur laquelle se baser. On a fait une vraie session pour Dunkers, mais on a commencer à mixer des choses que je n’avais pas produites, j’ai aussi produit sur des choses qui étaient déjà partiellement mixées, avant d’être mixées encore ensuite…

Corentin : C’était très laborieux. On en est globalement contents, mais ce n’est pas encore exactement le son qu’on veut. On se projette sur l’album, qui sera un gros défi. Mais il n’y a pas de retenue. Au contraire, on veut durcir des choses durant les prochaines sessions.

Sébastien : Faire un son de batterie plus dur, plus garage. La prod sera vraiment sans concession. Le EP est plus soft. Il résulte de cet apprentissage du studio.

A quoi aspire un relativement jeune groupe comme le vôtre ?

Corentin : On est dans une situation très particulière. Sebastien a Holy Strays, son projet solo. L’objectif, c’est vraiment de faire un album dont on se dise qu’il est ce que nous cherchons depuis le début du groupe. Mener à bien une sorte de première phase, en le sortant, le défendant sur scène, et réfléchir ensuite à la manière de continuer.

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