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Mieux qu’un tête à tête, un mot à mot avec Grand Corps Malade

Invité à la Villa Schweppes à Cannes dans le cadre de son court métrage avec Mehdi Idir, ” Le bout du tunnel “, sur la vie derrière les barreaux de Laurent Jacqua, Grand Corps Malade a joué le jeu du mot à mot avec nous.

Et ce, malgré une polémique récente liée à l’annulation de l’un de ses concerts dans sa ville natale, le Blanc-Mesnil. Conflit politique, Grand Corps Malade fait pourtant partie de ceux que l’on écoute, avec sa poésie innée et son goût des mots. Un langage qu’il mettra au profit du cinéma, avec un film annoncé sur une partie de sa vie d’ici l’année prochaine. Ambiance littéraire sur la Croisette.

Villa Schweppes : Basket Ball

Grand Corps Malade : Ma passion, le sport, j’essayais d’atteindre un certain niveau. Je ne sais pas si je serais devenu professionnel mais j’en étais pas très loin. C’était ma première passion.

Place de Clichy

Grand Corps Malade : C’était à côté de la Place de Clichy que j’ai fait ma première soirée Slam, deuxième passion, assez rapidement. Le déclic a été immédiat. Je me souviens, c’était dans un petit café qui s’appelait ” Teranga “. J’ai découvert cette ambiance, pendant deux heures je me suis assis, j’ai écouté des gens qui se revendiquaient poètes, c’était bizarre… Et finalement, j’ai été ému, j’ai ri, j’ai eu envie de participer.

Charles Aznavour

Grand Corps Malade : Grand Monsieur. Grand auteur. Et quand tu es auteur, tu ne peux qu’admirer les grands auteurs. Je suis fan de Brel, de Brassens, de Renaud, et j’ai aussi une grande admiration pour Charles Aznavour. J’ai eu l’occasion de le rencontrer plein de fois, il est venu me voir en concert, j’ai écrit un duo pour nous deux, il a composé la musique. Et à 91 ans, il est encore d’une jeunesse incroyable, il continue de créer beaucoup. Il est très impressionnant.

Slam

Grand Corps Malade : Il veut tout et rien dire ce mot. En tout cas, il m’a fait pas mal de bien après un virage un peu compliqué. C’est quelque chose de très humain, ce sont des gens qui se relaient dans un bar juste parce qu’ils aiment écrire et partager. Ça commence comme ça et parfois ça finit plus loin…

C’est une censure politique pure et dure. Grand Corps Malade

Blanc-Mesnil

Grand Corps Malade : C’est ma ville de naissance, j’ai failli faire un concert la semaine prochaine. Il y a une polémique car voilà, on a été annulé pour des raisons qui n’ont pas lieu d’être. On s’est défendus et on a dénoncé ça dans les médias et on va dénoncer ça juridiquement. Pour résumer, je devais faire monter sur scène un ami qui chante souvent avec moi le morceau ” Inch’Allah “. Et ce mec a le tort d’être plutôt militant de gauche et le maire UMP n’a pas supporté l’idée qu’il monte sur scène. C’est une censure politique pure et dure. J’ai pris le temps depuis deux jours de faire les médias car je ne voulais pas laisser passer ça, c’est tout simplement scandaleux. Symboliquement, on va aller faire un concert dans un collège à Blanc-Mesnil pour marquer le coup et dire que l’on ne se fera pas censurer.

Prison

Grand Corps Malade : C’est un lieu particulier dans lequel je vais régulièrement faire des concerts, des ateliers Slam. Je vais d’ailleurs un peu partout avec ces ateliers, dans les prisons mais aussi dans les écoles, les maisons de retraite. Et dans les prisons, le mot, l’écriture prend une force particulière. Ce sont des endroits et des rencontres qui sont fortes, j’aime bien. Là-bas, j’ai rencontré justement Laurent Jacqua qui a fini par sortir après 25 ans de peine. Il m’a autorisé à écrire une chanson sur lui qui est devenu un court métrage. C’est une super réinsertion !

Le cinéma, ce n’est pas mon art à moi mais je vais m’y essayer l’année prochaine.

Cinéma

Grand Corps Malade : C’est un très bel art que j’aime depuis tout petit. Ce n’est pas mon art à moi mais je vais m’y essayer l’année prochaine. J’ai écrit un livre qui s’appelle ” Patients “, sur une partie de mon histoire, sur l’année dans un centre de rééducation. Il a très bien marché et il m’a sans doute donné le courage d’aller encore plus loin… Je finis le scénario de cette adaptation et on va tourner en 2016. Ça sera coréalisé avec Mehdi Idir.

France

Grand Corps Malade : Un beau pays, c’est chez nous ! Il faut préserver nos valeurs. On parlait tout à l’heure d’une censure à Blanc-Mesnil, parfois, ce pays dégrade certaines valeurs. J’aime mon pays, c’est beau, c’est une terre d’accueil, pourvu que cela le reste, pourvu que cela continue malgré les montées d’extrêmes qui font peur. On va continuer de se battre pour défendre plein de causes. Il y a tellement de choses, de régions différentes, de culture…

Poésie

Grand Corps Malade : Quand j’étais à l’école, c’était un mot un peu bizarre pour moi. Je n’en étais pas très amoureux, je trouvais ça ringard et scolaire. Mais grâce au Slam, un soir de 2003, dans ce café Place de Clichy, j’ai retrouvé l’essence de ce mot là, j’ai aussi découvert qu’un poète, ça pouvait être la classe et non une insulte.

Solitude

Grand Corps Malade : Je ne suis pas assez seul pourtant j’aime bien les moments de solitude. J’ai des enfants, j’ai un métier qui me fait rencontrer plein de monde, du coup, face à toute cette effervescence, j’aime bien les moments de solitude, j’aime bien être tout seul, je ne m’ennuie pas, j’écris.

#JeSuisCharlie

Grand Corps Malade : J’ai écrit ce hashtag le soir même. J’ai écrit un texte “Je suis Charlie” le lendemain. Après, ces mots ont peut être été repris à tort et à travers, le Je suis Charlie… Mais à la base, c’était une belle idée, c’était de dire que l’on est tous ces mecs là et il ne faut pas laisser la terreur prendre le dessus.

Derniers mots, Grand Corps Malade

Grand Corps Malade : Un mec sympa ! (Rires). Ce nom là, je l’ai pris la première fois dans un bar pour déconner. J’avais vu que les slameurs avaient tous des noms de scène bizarres, je me suis dit moi aussi. J’ai dit Grand Corps Malade comme un nom d’Indien ! Je pensais qu’il n’allait rester qu’une soirée, pour déconner. Et bien non, c’est toujours resté.