Ce lundi 30 novembre, le collectif organisateur d’électro libre OTTO10 a lancé un appel aux dons pour continuer à organiser des (belles) fêtes comme ils savent le faire. Le crew nous explique tout et finit par nous convaincre : Oui, ils ont autant besoin de nous que nous d’eux !
La Villa Schweppes : Bonjour ! Pour commencer, donnez-nous 3 mots pour décrire OTTO1O.
OTTO10 : “La communauté“, parce que nous voulons réunir les gens autour de valeurs communes, à savoir le respect, le partage et l’exigence. Pour nous, faire la fête c’est avant tout créer une communauté éphémère (avec la conviction que faire la fête en communauté, c’est s’entraîner à vivre mieux en communauté). Ça transpire jusque dans notre existence légale : nous sommes une association à but non lucratif avec ses adhérents (notre public), son bureau, ses bénévoles, etc.
Notre deuxième mot serait “Détournement“, parce que c’est le principe de base de toute la création artistique autour d’OTTO1O : se réapproprier des lieux, revisiter des peintures et des photos dans nos flyers, faire de la récup’ pour notre scénographie et même reprendre le nom d’un artiste allemand austère au possible mais très engagé : OTTO DIX.
Et enfin, troisième mot, “Rêve“, parce qu’au départ, OTTO1O c’est le rêve d’un petit groupe de personne. Et puis ce rêve a été partagé par d’autres personnes et nous avons grandi ainsi. Notre rêve, justement, c’était l’idée qu’on pouvait faire la fête de manière décontractée et en se respectant les uns les autres (organisateurs et public). Il y a 3 ans à Paris, ce n’était vraiment pas gagné… Maintenant, le côté amour, paillette, licorne, déguisements, fun, les efforts de déco et le respect des exigences du public par les organisateurs sont devenus la norme, le minimum syndical, tout le monde fait ça (ou presque) et tant mieux !
Et donnez-nous un track (du moment ou pas) pour définir OTTO1O.
OTTO10 : Barnt – “Geffen”. On avait fait notre vidéo de financement KissKissBankBank avec ce track en fond. Barnt reste un des meilleurs producteurs de musique électronique de notre époque. Il a vraiment un son à lui, assez unique, immédiatement reconnaissable, complètement taré et en même temps très propre. Ça nous parle profondément.
Faire les événements dont on rêve, quitte à prendre de gros risques, c’est vraiment le leitmotiv de notre association
Vous vous prétendez “Organisateur d’électro libre”. Ça signifie quoi, concrètement ?
OTTO10 : C’est un jeu de mot. Après, à vous de l’interpréter comme vous voulez ! Chez OTTO, on adore faire des allusions et des jeux de mots. On en met partout dans nos textes comme des clins d’oeil à notre public qu’on sait érudit et qu’on aime faire sourire derrière leur ordi, au boulot.
Il faut savoir que nous avons une deuxième “tag line” qui est : “Que votre volonté soit fête !” Parce que même si la musique électronique de qualité reste un élément majeur de nos événements, nous nous sommes rendus compte que l’identité d’OTTO1O réside dans tout ce que nous proposons autour de la programmation musicale, dans notre vision partagée de la fête.
Vous êtes connus pour organiser des événements en journée et dans le “Grand Paris”. Vous voulez continuer sur cette voie ? Ou aussi revenir sur un format plus classique nuit/ club ?
OTTO10 : En fait, on aime tous les formats et justement on essaie de tout tester. C’est en partie à cause de ce goût du nouveau qu’on a un gros trou dans nos comptes, mais on assume : faire les événements dont on rêve, quitte à prendre de gros risques, c’est vraiment le leitmotiv de notre association.
Pour répondre plus précisément à votre question, on va quand même faire un format classique club de nuit le 18 décembre prochain. Et on a déjà fait du nocturne sur deux de nos événements passés (au 6B et à l’Usine). Donc on aime la nuit et on va continuer à lui prouver à chaque fois que l’occasion se présentera. On aime aussi l’énergie diurne, d’autant qu’elle permet d’avoir une approche plus saine de la fête. Parlons cru, parlons vrai : il y a moins de drogues, moins de mecs à embrouilles, moins de malaises dus à l’alcool, moins de risques pour les organisateurs et le public… Bref, on fait la fête en se respectant plus soi-même et les autres, ce qui n’empêche pas de glisser parfois dans une ambiance licencieuse et déjantée.
Vous avez des DJ résidents comme Romain Play du Camion Bazar. C’est important pour vous de soutenir les artistes locaux ? Existe-t-il d’autres artistes/ collectifs dont vous vous sentez proches ?
OTTO10 : C’est évidemment important de soutenir les artistes locaux, mais nous voulons aussi soutenir les petits artistes étrangers. Certains organisateurs soutiennent uniquement la scène locale et le font très bien (75021 en tête). Nous ne voulons pas faire la même chose. Notre formule à nous c’est :
– Un guest de renommée qui donne le ton de la musique qui sera jouée, mais qui agit aussi comme un “produit d’appel” pour le nouveau public et qui donne de la légitimité à l’event.
– Un petit guest étranger coup de coeur qui n’a pas encore joué en France (ou trop peu) et qui fera la liaison avec le guest principal.
– Un petit guest local coup de coeur aussi et qu’on a repéré via nos tremplins DJ ou via notre réseau.
– Un DJ résident qui fait le lien avec tout ça.
Le nombre de DJs varie en fonction de l’amplitude horaire et du nombre de scène, mais globalement on suit ce principe.
On aime autant organiser des petites fêtes intimistes à 250 personnes que des gros événements à 2 000 personnes
Lundi, vous avez lancé un appel aux dons suite à (on vous cite) “une mauvaise estimation du nombre d’entrées entre 7h et 14h” lors de votre dernière fête. Vous pouvez nous en dire plus ? Concrètement, il vous faudrait réunir combien pour espérer pouvoir continuer à exister ?
OTTO10 : Sur notre dernier événement à l’Usine le 24 octobre dernier, on a voulu tester un format de 24h de fête. L’événement s’est donc tenu de 14h à 14h le lendemain. La plupart des personnes ont fait la fête de 18h à 6h du matin puis, à partir de ce moment là, le lieu a commencé à se vider sans qu’il n’y ait de “deuxième vague” de public en after. Du coup, on s’est retrouvés avec 500 personnes au lieu de 1500 ! Résultat : on a eu des frais de staff, de location de lieu, de matériel, etc. et pas assez de revenus pour les couvrir sur ce créneau. Au final, on s’en tire à moins 15 000 euros. On s’est débrouillés pour qu’il ne reste “plus que” 10 000 euros de factures à payer et on s’est organisés pour étaler ce paiement. Pendant ce temps, on espère pouvoir réunir l’argent manquant grâce à trois actions : une collecte de dons (la campagne Hello Asso ici !) et 2 événements à moindre coût pour lesquels nous n’aurons pas de frais à avancer : le 18 décembre et le 10 janvier prochains.
Et donc sans argent récoltés, pas de fêtes ?
OTTO10 : Ces deux fêtes auront lieu même si le public ne se montre pas généreux. L’objectif de ces deux fêtes est justement de réunir notre public et de se refaire une santé financière, qui nous permettra de payer les dettes de l’événement du 24 octobre dernier et de réunir les fonds nécessaires pour un prochain événement OTTO1O. Et si le public se montre généreux, cette prochaine fête n’en sera que plus belle puisque nous aurons les moyens d’avancer des frais.
Quelle est la meilleure fête que vous ayez organisée de tous les temps ?
OTTO10 : Chacun de nous a un avis différent : on aime autant organiser des petites fêtes intimistes à 250 personnes que des gros événements à 2 000 personnes. Mais on doit choisir donc voici deux avis !
Le DA OTTO10 : Pour moi, c’était la 4ème qui s’appelait “C’est l’exception qui déforme la règle”. On était en petit comité (400 personnes) et on a tout fêté en un seul soir : Noël, Le Nouvel An, les anniversaires…
Le Président OTTO10 : La dernière fête – même si elle a été assez mal vécue côté organisation – parce qu’elle était l’aboutissement de tout ce qu’OTTO10 a construit jusqu’ici. L’événement le plus qualitatif et osé (24h de fête avec un after pas glauque, des sets de 6h pour les gros guests, des grosses claques musicales et notamment de la part du DJ du tremplin Polair, un lieu magnifique, une myriade d’animations pour kiffer encore plus la fête, des guest secrets de très haut niveau : Acid Arab, Edward de Giegling…). Personnellement, j’aurais adoré vivre ça côté public !
On rêve d’organiser un petit festival avec 3 000 personnes qui durerait 3 jours et où TOUT LE MONDE devrait loger au camping
Et dans vos rêves les plus fous, justement, à quoi ressemblerait votre soirée idéale (Où ? Avec quel line up ? etc.)
OTTO10 : Et bien on va essayer de faire ça pour les prochaines OTTO10, justement !
Sinon, notre rêve est d’organiser un petit festival avec 3 000 personnes et qui durerait 3 jours. Un festival où TOUT LE MONDE devrait loger au camping, vivre ensemble tout ce temps, où la musique ne s’arrêterait jamais, et où on bookerait Barnt (parmi tant d’autres !). Vous connaissez le Nacht Digital ? C’est un peu ça !
Comment aimeriez-vous que OTTO1O évolue, idéalement ?
OTTO10 : On veut rester comme on est, en fait : une petite association dans laquelle on prend plaisir à organiser nos événements rêvés. On veut continuer à faire 2 à 3 événements par an, pas plus, et ne surtout pas devenir trop connu…
Et pour finir, OTTO1O c’est…
OTTO10 : Une réponse toute fête à une question de feeling entre mélomanes chroniques !
Pour soutenir OTTO10, ça se passe ici !L’événement Facebook de la fête du 18 décembre 2015Le site internet de OTTO10
La page Facebook de OTTO10