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Flavien Berger, les pieds sur terre, la tête dans l’univers

Flavien Berger est le genre d’artiste que l’on regarde, que l’on écoute et que l’on adore rencontrer. Ça tombe bien, il a répondu à nos questions avant la sortie de Léviathan, son prochain album.

Villa Schweppes : Dans quel état d’esprit es-tu en ce moment ?

Flavien Berger : Je suis dans un rêve éveillé où je fais de la musique, non seulement les gens me disent que c’est bien mais aussi que ça change un peu les choses. Alors je suis hyper touché, je suis entouré de générosités, d’artistes et d’autres musiciens qui me mettent sur des coups, bref, je sens de la bienveillance autour de moi.

C’est-à-dire, quels sont les artistes qui t’entourent ?

Paradis, l’Impératrice, des mecs qui ont découvert ma musique et qui m’ont mis bien ! Qui me donnent par exemple un rendez-vous chez A.P.C pour préparer une collection de t-shirts, L’Impératrice, qui me font faire une première partie, qui parlent de moi à Radio Campus…

Un petit mystère plane sur toi, d’où viens-tu ?

J’aurais bien aimé pouvoir te dire que je suis un jeune skateur.

Je suis parisien, j’ai 28 ans, j’ai grandi dans le quartier chinois de Paris. J’aurais bien aimé faire du skate mais je n’en ai jamais fait… Mais j’aurais bien aimé pouvoir te dire que je suis un jeune skateur. C’est une culture qui n’a pas été la mienne, je ne suis pas très sport non plus, à part le tennis et le ping pong.

Comment es-tu arrivé à la musique – par ta famille peut-être ?

Oui, je viens d’une famille qui écoute pas mal de musique. J’ai essayé de faire le Conservatoire petit mais ça n’a pas marché, je n’étais pas du tout réceptif à l’enseignement théorique du solfège. J’ai une soeur qui jouait du piano dans la piaule à côté de la mienne, un frère qui écoutait des vinyles de rap dans l’autre piaule d’à côté, mon père écoutait du jazz, il a même été critique dans sa jeunesse ! Donc il y avait beaucoup de vinyles, de matière musicale là où j’ai grandi. Au début, j’écoutais de la musique noire et puis après, j’ai écouté la musique de mes copains à l’école et celle de mes grandes soeurs. Et ensuite, grâce à internet, j’ai pu écouter tout ce que je voulais. J’ai découvert que tout était bien, il n’y a pas de sons nuls, il faut juste trouver le bon prisme. Enfin si, il y a des trucs nuls mais il faut juste trouver le bon angle pour prendre du plaisir à l’entendre.

Quels sont tes débuts, quand as-tu mis la main à la patte ?

J’avais un jeu de Playstation qui s’appelait Music 2000, tout a commencé par là.

Je me suis mis à faire de la musique par désir créatif comme un autre aurait pu dessiner ou un autre aurait fait du ping pong ! J’avais un jeu de Playstation qui s’appelait Music puis Music 2000, c’était un jeu au départ, je me suis dit que j’allais faire une instrumentale rockabilly avec des sons électroniques. Le morceau qui s’appelle ” Bleu sous-marin ” sur l’album, c’est une structure de base qui a été faite sur Music 2000 quand j’étais au collège. Mais bon, à l’époque, la musique n’était pas si centrale dans ma vie, ça ne fait qu’un an que j’en fait publiquement.

Qu’est-ce que tu aimes dire sur ton album à venir Léviathan ?

J’aime bien dire que c’est une attraction monstrueuse. Déjà, il a le nom d’un monstre, il est protéiforme, on y voit ce que l’on veux. Mais mon monstre n’est pas méchant, c’est juste un colosse. C’est une entité, je n’essaie pas de la combattre mais de m’approcher d’elle, de l’explorer, comme un voyage. Donc cet album pour moi c’est un voyage. Je suis attaché à cette idée, c’est d’ailleurs par le voyage que j’ai rencontré le label Pan European Recording. Je considère qu’une heure de musique, c’est un voyage, aussi bien temporel que dimensionnel. Ça ouvre des vaisseaux qui sont ceux de l’imaginaire. Ce que j’ai envie de faire, c’est de proposer cet album comme quelqu’un qui proposerait une attraction de fête foraine ou un film.

© Andrea Montano

© Andrea Montano

D’ailleurs, la vidéo est essentielle dans ton travail, pourquoi ?

Mon album, c’est une attraction monstrueuse.

C’est ultra important pour ma génération en fait. Je crois que l’image, qu’elle soit existante ou pas, est importante. Moi je vois des images quand je fais ma musique. Ces images, c’est aussi un travail commun avec Robin Lachenal qui fait partie de mon collectif_sin et Juliette Gelli qui est la graphiste de toutes mes pochettes. Entre nous, c’est un ping pong créatif – j’en reviens encore au ping pong – on s’échange des matières aux sens différents. À ma musique, elle me propose des images et à ces images, je renvoie une musique…

Tu es très inspiré par la fête foraine, on en parlait. Comment penses-tu ces inspirations quotidiennes, festives ?

La fête foraine, c’est vraiment du vécu. C’est vraiment cool cet univers, hop, je vais faire un morceau, je vais me souvenir que j’aime vraiment cette ambiance et c’est devenu ” La Fête Noire “. Le travail multi syllabique ou le travail d’images, ça arrive de manière moins fulgurante que l’idée de départ mais je m’inspire de ce que je vis et surtout de ce que je ne vis pas et que j’aimerais bien vivre.

Ce n’est pas seulement tes sources d’inspiration, le royaume d’Abyssinie en est un autre, le voyage aussi…

Je considère qu’une heure de musique, c’est un voyage.

Abyssinie, c’est le nom de l’ancienne Éthiopie. On parle de royaume déchu d’Abyssinie, il y a Abysse dedans alors imaginer un royaume déchu englouti dans les Abysses, tel que celui-ci, c’est beau. Sur l’album, le morceau ” Abyssinie “, c’est Maya de Mondragon qui l’a écrit. C’est celle qui a fait le clip de ” Rue de la Victoire ” aussi. Pour le voyage, je prends beaucoup le train en ce moment, je loue ma génération d’être arrivée à une telle efficacité de déplacement. Je me sers pas mal de mon ordinateur même si je ne travaille pas avec des logiciels hyper pointus ma musique électronique, je me sers de mon ordinateur comme atelier. C’est là-dedans que je vais organiser, éditer, travailler, mixer mes sons. Faire de la musique dans le train, je crois que c’est l’une de mes choses préférées sur la planète. Mon top 1, c’est le soleil après la pluie.

Acceptes-tu le fait que l’on dise de toi que tu es cosmique, surréaliste ?

Je l’accepte les bras ouverts ! Le côté cosmique c’est génial, l’univers est un élément d’inspiration éternellement intemporel, pour moi, le voyage dans l’espace, la science fiction, l’infini grand, le fait que l’on est de la poussière d’étoiles, ce genre d’aller retour dimensionnel me plaît énormément.

Et l’influence des années 80, on en parle ?

Il y a sans doute de ça, je suis né en 1986. Si ma musique sonne de cette période, c’est peut être parce que j’ai entendu ces sons là, cette matière, au berceau. Mais je pense que l’on ne parlera pas des années 80 dans 100 ans comme on en parle maintenant. Je crois que diviser par tranche de dix ans, c’est juste pour se rassurer en tant qu’humain pour donner du sens aux choses… Mais ça n’a aucun sens de diviser les décennies musicalement, c’est juste OK il va falloir mettre un grillage, sinon les poules vont se faire manger par les renards (sourire).

Parlons de ton collectif, tu as aussi vécu à Bruxelles, comment s’est passée cette expérience ?

Le collectif, c’est prendre des étudiants dans des écoles d’art, tu les fais se rencontrer et prendre des champis ensemble et écouter du Krautrock. Puis on a commencé à faire ce que l’on appelait des ” Dream machines “, c’est-à-dire des traducteurs de signal, t’envoie un signal son, ça donne une image, t’envoie une image et ça redevient un signal son, comme des failles interdimensionnelles encore, des sortes d’explorations de l’univers. On a des formations différentes à la base mais on a une volonté commune de chercher la vérité au travers du signal sinusoïdale, ça oui, on la partage.

Quelle était ta vie à Bruxelles ?

On a monté un atelier avec d’autres plasticiens pendant 3 ans (“De La Charge”). Donc Bruxelles, c’est pour ça que l’on s’est installés là-bas. À la base, on est une simple diaspora artistique qui s’est basée là-bas parce qu’il y avait un lieu à monter et des expériences à vivre. C’est une ville magnifique, c’est une ville musicale, la lumière là-bas est superbe.

Quels sont tes adresses ou tes coins dans Bruxelles ?

Le quartier de Saint-Gilles, la rue de la Victoire et la Tour du Midi. Je devais prendre le train le matin tôt régulièrement et au lever du soleil, dans le ciel, il y avait cette Tour du Midi. C’est une sorte de miroir gigantesque, magnifique, incroyable, je ne sais pas qui a construit ce truc, ça aurait pu être un immeuble horrible au milieu de la ville et non, c’est juste une Tour de réflexion incroyable. Tu te diriges souvent vers cette grande masse colorée qui reflète tout ce qu’il se passe dans le ciel et c’est magnifique. Et sinon, il y a la place du Jeu de Balle, les puces ont lieu là-bas tous les jours, c’est plein d’éléments partout. Avec les puces, ça fout un bordel pas possible. Quand le marché se termine, il reste une sorte de marée de commerce avec jonchant au sol des centaines de petits éléments comme un bras de Playmobil cassé, des objets abîmés. Plein de gens attendent ce moment pour récupérer des choses ! C’est touristique mais c’est cool. Sinon comme lieu, il y a le Chaff où j’ai eu la chance de jouer, c’est une institution.

À Paris, tu traînes où ?

Sous les catacombes de la fête du Trône.

Flavien Berger sera en concert au Point Ephémère le 26 mai 2015.

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