Toujours en quête d’une nouvelle (r)évolution de palais, ces dernières années, le Parisien n’a eu de bouche que pour les food trucks. Excellent timing, le Carreau du Temple le consacrait ce dernier weekend.
Si l’on s’en tient au succès du Street Food Temple, dans le monde du food truck, tout roule. L’astuce est un peu bas de plafond, nous le concédons, mais comment ne pas y penser après avoir été pris dans la marée noire de monde de ce samedi. Un succès dont l’évènement fut sa première victime ainsi que beaucoup de ses visiteurs, en dommage collatéral. Car si tout roule pour les food trucks, certains affamés se sont sentis roulés et n’ont pas hésité à le faire savoir sur la page Facebook (devenu bureau des doléances) de l’événement. Ou à le vilipender d’exaspération sur place.
Mais qu’est ce qui faisait grogner notre Parisien ? Lorsque nous nous rendons sur place, ce samedi, en début après-midi, l’endroit est bourdonnant. Le soleil cogne, les ventres grommèlent, et les files s’allongent. Un samedi où le Parisien ne sait à quel brunch se vouer, un rendez-vous éphémère où tester les camions (des célébrissimes Camion Qui Fume aux derniers arrivés) qu’il ne connait pas encore, ça attire. Résultat, les 8 000 repas prévus sur la journée entière, étaient à aborder au passé une heure et demie après l’ouverture. Ça rend ronchon. Du fait, on entend ici “on va au Mac Do ?” et là un voisin d’attente tape sur son téléphone “brunch Paris 3” dans Google. Puis l’annonce devient officielle : le service est fini jusqu’à 19h.
Nous prendrons donc des jetons pour tester la chose au diner.
Entre-temps, le climat devenu diluvien essaime les foules, seuls les plus volontaires se présentent à nouveau le soir ce qui n’empêche de trouver un cordon d’affamés attachés à chaque camion. Nous remontons les files, traversons les foules et tentons de trouver ce que l’événement pourrait vraiment présenter d’inédit pour des clients réguliers de food trucks. Un gentilhomme nous arrête : “vous connaissez la nourriture australienne ?“. Mal. Pas du tout, à vrai dire. Nous sommes devant le food truck australien d’Alexis Braconnier, ancien candidat de Top Chef. Si le service est cordial et parfaitement rapide, la “magpie” (une tourte australienne) comme les crevettes à l’ail (accompagnées de maïs et de poivrons grillés) s’avèrent décevantes. Non pas mauvaises mais servies dans des portions ridicules, rendant les neuf euros déboursés tout à fait excessifs. Il est bon de noter qu’en moyenne les tarifs pratiqués sont deux euros plus chers ici qu’à l’accoutumée. Voilà de quoi contredire l’esprit de la street food consacré ici, se devant d’être savoureuse, rapide et accessible. Si les deux premiers points sont respectés, c’est bien le dernier qui pêche.
Pour le reste l’âme des plaisirs de la table qui s’apprécient sans table est plutôt bien mise en valeur. Les 1800m2 de verre et d’acier du Carreau du Temple accueillent des mètres de tables ainsi qu’une exposition très intéressante, autour de modèles de “cantines de rue” pensées par des artistes (redite de l’expo Ma cantine en ville en 2013). Néanmoins, à l’extérieur, longeant les trottoirs de la halle, ce qui devait être un dialogue entre les différentes cultures du street food s’avère n’être qu’une suite de camions garés les uns derrière les autres sans souci de cohérence ou tentative de reconstituer les rues typiques de différents pays (comme annoncé). Finalement Street Food Temple a créé le plus gros parking de food truck de Paris. Un beau panorama parfois, hélas, mal encadré.
Le plus de la journée : trente-trois food trucks
Le moins de la journée : l’approximation quant à la capacité à recevoir autant de monde.
La rencontre de la journée : la plupart des bénévoles nerveusement endurant face à des torrents de mécontents
La phrase de la journée : “attends ? Ça c’est la queue pour les jetons ?“