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Conversation réaliste (et amusante) avec Florent Marchet

Le chanteur français qui signe un des OVNI de l’année avec l’album Bambi Galaxy sera au Printemps de Bourges le 22 avril prochain. Un festival qu’il connait bien et qu’il nous raconte, comme sa conscience du monde. Une petite claque.

Je rêvais d’être concertiste

Quand on demande à Florent Marchet de nous pitcher son parcours musical, il y va sans rechigner : “J’ai commencé le piano à 5 ans dans un petit village de 1600 habitants du Berry et joué du classique jusqu’à mon adolescence malgré les sirènes de la chanson française émises par le tourne-disques de mes parents et le son pop de mon frère. Je rêvais d’être un concertiste. Puis j’ai développé une passion pour le jazz avec Thelonious Monk. Arrivé à 20 ans ma priorité était de vivre absolument de la musique. Du coup j’en ai fait pas mal ! J’allais avec les groupes qui voulaient bien de moi, du yiddish à l’accordéon ! Parallèlement j’ai commencé à écrire des histoires et des textes. Si bien qu’à 27-28 ans j’avais déjà joué pas mal, arrangé, composé“.

C’est le moment de Gargilesse, son premier album. Florent Marchet a 27 ans et ne se sent pas chanteur mais livre. “Je suis chanteur ‘entre autres’, cela fait partie de tout ce que je fais mais je ne renoncerai jamais à l’écriture et la composition pour le chant“. La musique dans la peau.

“Apollo 21” une chanson un rien anxiogène non ?

Non une chanson réaliste“. Et Florent Marchet d’expliquer les sources de la composition de son album en s’excusant platement des sujets qu’il s’apprête à aborder. “Ce qui est anxiogène c’est le déni dans lequel notre société se trouve et la non implication du monde politique dans une situation qui est très alarmiste. Les plus grands chercheurs alertent des dirigeants qui n’écoutent pas. La situation écologique de notre planète est critique : en 2030 en Chine, où déjà certains bords de mer sont interdits à la baignade pour cause de pollution, il n’y aura plus d’eau potable et la croissance va s’arrêter. Quand je tiens ce discours et signale que ‘2030 c’est bientôt’ on me dit que je suis pessimiste… alors que je suis réaliste”. Il s’interrompt et dis un “je suis un chanteur chiant hein“. (Mais non).

Il poursuit sur l’essence de son album : “j’ai envie de rompre avec cette mondialisation de l’indifférence. Les gens ne croient pas que l’on va disparaître. Il faut se réveiller et envisager un monde meilleur, équitable, qui ne soit pas régit par le narcissisme de l’homme, sa formidable capacité à s’autodétruire, et des gens motivés uniquement par l’argent qui font croire au monde qu’ils seront heureux en possédant/consommant“. Une prise de conscience mêlée de colère déclenchée par une paternité qui rend obligatoire l’engagement : “un jour je suis allé pêcher avec mon fils en Ile de France et j’ai donc pris une carte de pêche. Sur celle-ci il était spécifié que les poissons pêchés dans cette zone n’étaient pas bons pour la consommation“. (Voilà un exemple à proximité parce que la Chine c’est loin…).

Et Bourges ?

J’y suis né. J’ai fait mon premier Printemps de Bourges dans les bras de mon père à 2 ans en 1977, l’année de sa création. J’y suis allé quasiment tous les ans, c’est un moment clé dans l’année, imaginez pouvoir assister à 5 ou 6 concerts par jour ! A 18-20 ans j’y jouais dans les bars, en Off puis ils m’invitent à chaque album pour une date. Et puis j’aime l’ambiance, c’est le seul moment où je tolère l’andouillette et les frites, le monde que je fuis d’ordinaire, je me perds dans la foule. C’est une atmosphère qui me rappelle mon enfance. J’aime ce festival et je me suis même rendu compte que cela m’affectait quand quelqu’un du milieu en parlait de façon négative“.

On s’empresse de lui demander de nous raconter son meilleur moment et sans réfléchir il en partage deux : “Je pense tout de suite au concert de Tears for Fears quand j’étais môme et aux heures de queue pour être devant la scène. Et évidemment à mon premier concert à la Maison de la Culture de Bourges : c’est un lieu que je fréquentais quotidiennement car j’y travaillais mon piano et allais au cinéclub etc. Le jour où j’y ai joué dans l’amphithéâtre juste avant Keren Ann, mes amis, ma famille, les techniciens et habitués de la Maison de la Culture étaient tous là et ont tapé dans leurs mains. C’était une sensation électrisante, une bienveillance merveilleuse alors que j’avais un trac de malade. C’est un beau souvenir qui m’a porté… Je ne me souviens pas du concert, j’espère qu’il était bien“. (rires)

Et quand on lui demande ce qu’il pense de Stromae avec qui il partagera la scène du W le 22 avril au Printemps : “Je ne le connais pas mais ça m’a l’air d’être un garçon très gentil qui produit une musique qui fait du bien. Un mainstream qui raconte des choses qui ont du sens, ça me plait. Ce qui lui arrive est incroyable mais on risque de frôler l’overdose avec cette sur-médiatisation. Mon fils passe “Papaoutai” en boucle donc ça m’arrive d’avoir envie de me jeter par la fenêtre“. (rires again)

Inavouable…

On termine par les questions fétiches de villaschweppes.com : “Quel est votre ‘guilty pleasure” ? ” Flash ” par Stéphanie de Monaco (1987) ! Un choix aussi osé que sa réponse au ” Dites-nous un truc que l’on ne sait pas sur vous…”. ” Pendant 4 ans j’ai gagné ma vie en faisant de l’accordéon“. Finalement Florent Marchet est très très loin d’être un chanteur chiant.

L’album Bambi Galaxy de Florent Marchet est sorti chez PIAS le 21 janvier 2014.

Il sera en tournée dans toute la France jusqu’en juillet et le 22 avril au Printemps de Bourges.