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Alors que tout le monde s’y est planté, un Français, Batist, ressuscite Kurt Cobain

…et réveille aussi les fantômes de Jesus Lizard et toute la génération Albini.

En 2014, il semble que Kurt Cobain, et la mouvance grunge en général, suscite un réel regain d’interêt auprès des musiciens. Comme s’il était temps, vingt ans après, de reprendre et tenter de pousser plus loin l’oeuvre des aînés. Jessica 93, par exemple, n’a cessé d’y être comparé par les médias, à tord ou à raison. Dans le cas de Batist, qui nous intéresse aujourd’hui, la filiation est plus frontale.

Le garçon travaille en solitaire, une guitare folk qu’il sature volontiers et un simple micro. Seuls soutiens, Kim Giani, qui l’a d’ailleurs signé sur son label MK, prend la batterie en main, tout comme Tonyño par moment. Le résultat ? Un disque étonnant.

Son album “December” a été composé avec de micro-moyens, tout fonctionne sur une configuration minimaliste. Il joue l’efficacité sur sa guitare, chante parfois faux, mais semble très convaincu parce qu’il propose, ce qui donne à ses morceaux parfois simplistes une énergie qui manquait à de nombreux wannabe grunge.

On retrouve sur ses tracks la même construction de morceaux que l’idole Cobain : un couplet tout doux fracassé par un refrain saturé et soutenu dans les batteries. Tout n’est pas toujours carré, mais à une époque ou tout est millimétré par ordinateur, l’approximation est un manifeste artistique plaisant. Car c’est là le propos du disque : faire des morceaux rentre dedans, sans intellectualiser plus avant la démarche.

Et c’est sûrement là que se trouvait aussi la clé que tous ses prédécesseurs ont longtemps cherché pour renouer avec l’idole teenage : avoir une vraie part de laxisme, d’humanité et l’exploiter savamment. Ne pas chercher à faire un grand disque, juste vouloir en faire un “pas mal”.

Mais “December” est mieux que “pas mal” : il se nourrit aussi de toute une époque, de tout un mouvement, de la génération Albini dans sa globalité. Les influences sont abordées avec beaucoup de naturel : le disque est revivaliste, certes, mais sans calcul. On imagine le garçon se retrouver face à un journaliste qui lui demanderait si le grunge a encore du sens aujourd’hui. Il répondrait sûrement quil fait simplement ce qu’il a envie de faire, et voilà. Parfois, ce genre de démarche fonctionne. C’est le cas pour Batist et son “December”. A un moment, il faudra qu’il invente plus, mais à ce stade, il fait parfaitement sa part du boulot. Espérons maintenant que l’auditeur saura faire la sienne.