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Lou Reed : 1942-2013

Hier, Lou Reed, ex-membre du groupe culte Velvet Underground et auteur du superbe Transformer, nous a quittés.

A quatorze ans, vous aviez une haute idée de la musique. Vous pensiez que Gigi d’Agostino pouvait révolutionner le genre, et écoutiez en boucle des compilations électrohouse pas toujours d’un gout très sûr.

Un jour, au lycée, un copain à cheveux longs et toujours équipé d’un badge David Bowie vous prête un CD. Il vous supplie de ne pas le perdre. Dessus, une banane, et un nom : The Velvet Underground. Peu convaincu, vous finissez, par ennui, à vous passer le disque.

Vous découvrez “Venus in Furs” et vous voilà chamboulé. Les guitares lancinantes, la voix bizarre de Nico, mais surtout, celle, pleine d’assurance de Lou Reed, vous convainquent qu’il y a quelque chose d’unique, de différent chez ce groupe. Vous finissez par l’écouter en boucle, surtout le dimanche matin où “Sunday Morning” accompagne votre thé que vous savourez les yeux tous gonflés. Il y a en effet quelque chose de fort et de fragile, de doux et de bancal, quelque chose d’aussi authentique que troublant chez les Velvet. Des mélodies qui touchent sans en faire des tonnes. Vous avez découvert le rock loin des grosses guitares, en suivant la voix rocailleuse de Lou et ses mélodies toujours tracées sur le fil. Un plongeon dans un New York idéalisé, celui des années 60 et de la Factory.

Quelques temps après, un ami vous offre Transformer, l’album de Lou Reed, notamment produit par Bowie. A l’heure où vous tapez ces lignes, vous ne pouvez plus l’écouter : il est tellement passé sur votre platine qu’il est rayé. “Perfect Day” a accompagné quelques unes de vos ruptures, tandis que “Satellite of Love” a été la bande son des après-midis ensoleillés passés à ne rien faire. “Walk on the Wild Side”, c’était sûr, deviendrait la chanson qui passerait sur l’autoradio quand vous commencerez votre road trip reliant San Franciso à New York, avec un carnet de route et quelques cigarettes roulées.

Ces souvenirs ne sont pas que les miens. Ce sont ceux de plusieurs générations qui ont trouvé en Lou Reed un compagnon de route, un artiste qui a su mettre en mots et en musique ses fêlures et ses faiblesses. Un esthète de la différence qui a illustré la vie dans tout ce qu’il a de sublime et de terrifiant. Hier Lou Reed est mort et il ne nous reste que ses chansons, elles immortelles, prêtes à consoler les âmes brisées et accompagner en musique les beaux moments que peut parfois nous réserver le quotidien.

RIP Lou.