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Interview : Yuksek nous parle de “Nous Horizon”

6 ans après la sortie de son dernier album, Yuksek fait son grand retour avec l’album “Nous Horizon”. Pour faire un petit point sur sa carrière, nous avons abordé différents thèmes : bien évidemment sa musique, mais aussi son entourage musical et les regrets concernant son second album.

Villa Schweppes : 6 années se sont écoulées depuis ton dernier album Living on the Edge Of Time. As-tu mis autant de temps pour faire Nous Horizon ?

Yuksek : Non, je pense que ça m’a pris 2 ans, toujours en faisant des choses à côté. J’avais envie de faire de la musique pour d’autres choses : de la musique pour le cinéma, du documentaire, du théâtre, des défilés de mode. Je voulais me confronter à d’autres gens : des metteurs en scène, des réalisateurs, et j’avais besoin d’avoir envie de refaire de la musique tout seul. Essayez de me mettre à la place de quelqu’un, essayer de comprendre ce qu’il veut.

Tu avais envie de décrocher un peu avec la marque “Yuksek” ?

Yuksek : Je ne me suis jamais considéré comme un produit “Yuksek”. Même si c’est un nom qui n’est pas le mien, ça reste moi et je ne m’en suis jamais détaché au point de me dire que j’étais une marque. Les choses avancent comme elles avancent. J’ai laissé pas mal de temps avant de reproduire un album mais j’ai toujours travaillé en parallèle. Je suis tout le temps en studio et, même quand je produis pour d’autres, je bricole, j’emmagasine un peu de matière et, au bout d’un moment, ça commençait a ressembler à quelque chose. Je me suis dit que c’était le moment de s’y mettre.

Il y a pas mal de featuring dans ce nouvel album et on retrouve souvent tes proches, notamment Juveniles qui est sur ton label Partyfine. Est-ce que tu as voulu créer un “cocon familial” autour de ce projet ?

Oui, c’est un peu l’histoire du label aussi. Le terme de “featuring” n’a pas énormément de sens dans ce cas-là parce qu’on a vachement construit les morceaux ensemble. Je ne suis pas arrivé en disant : “Voici le morceau, chante dessus ici et là”. Je ne travaille pas de cette façon là. Par exemple, il y a un morceau qui était destiné pour Monika. Elle a fait les voix que j’aimais beaucoup, mais ce n’est pas ce que j’imaginais sur ce morceau. J’ai gardé lesdites voix pour en faire autre chose. “Make It Easy”, l’un des morceaux avec Monika, est à la base des voix qui allaient initialement sur un autre morceau. Quant à Jean-Sylvain, depuis qu’on s’est rencontrés, on passe pas mal de temps en studio quand on a le temps et sans but précis. “Make It Happen” sur lequel je chante, c’est lui qui a écrit le texte. C’est vachement d’échange.

Ce label, Partyfine, comment est-il réfléchi ?

J’agis en fonction de mes envies et de mes goûts personnels sans me préoccuper de savoir si ça va marcher ou pas. Je fais parfois des sorties qui n’ont pas le succès espéré, mais c’est comme ça. On ne pense pas business avec ce label, sinon j’arrêterais tout de suite. Il me fait plus perdre mon argent qu’autre chose, mais c’est une passion.

Tu penses que les gens qui te suivaient il y a 6 ans le feront toujours aujourd’hui ?

Je pense que j’en ai perdu déjà pas mal avec le second album. Mais sûrement fait venir d’autres. Dans le fond, je pense que même si ce n’est pas le même son, cet album est un peu plus proche du premier que ne l’était mon second. Il y a un côté plus spontané, plus frais, plus dans le partage. Le deuxième album, je l’ai vraiment fait tout seul de A à Z et je le trouve plus sombre et plus fermé.

Tu as des regrets sur ton second album ?

Ouais. Il y a des choses cool dedans, mais je ne prends pas un plaisir immense à le réécouter. Si j’avais eu un peu plus de recul et que je m’étais donné un an de plus pour le faire, peut-être que ça serait différent. Avec un peu plus de regard extérieur, plus d’invités. C’est un peu particulier parce qu’il est sorti 2 ans après le premier et je trouve que ce n’est rien. Surtout qu’en même temps, il y a eu des tournées très chargées, des DJ sets en club. J’arrive même pas à me souvenir comment j’ai fait cet album.

Tu as eu une période d’autisme artistique.

Oui, c’est ça, et ce ne sont généralement pas les périodes les plus sereines et les plus intéressantes psychologiquement.

Tu étais très rattaché à la scène de Reims. C’est toujours le cas ?

Non, même avec mon label, je n’ai pas forcément cherché quelqu’un de Reims que je pourrais intégrer. À l’époque, ça m’amusait de faire bouger un peu cette ville, de rencontrer des gens, d’en aider certains comme Brodinski pour qui je produisais des morceaux et qui, lui, s’occupait en échange du côté RP. C’était un échange de bons procédés. J’étais pote aussi avec The Shoes. Maintenant, on ne se voit plus trop les uns les autres et le truc de faire bouger Reims, c’est quelque chose qui a disparu de ma tête. Je ne sais pas du tout ce qui s’y passe musicalement et j’y sors très peu. Ma vie est ailleurs.

Pour terminer, parle-nous de cette rencontre avec l’astronaute Thomas Pesquet avec qui tu as fait ton dernier clip “Live Alone”.

Il avait fait une interview il y’a deux ans quand il était dans ses phases d’entraînement et le mec, à la fin, lui avait demandé quelle musique il écoutait et emporterait dans l’espace. Et là, Thomas a dit mon nom. Je suivais déjà son parcours passionnant et je lui ai donc envoyé un petit mot pour qu’on se rencontre simplement, pour qu’il me raconte son histoire et pas dans le but de faire quelque chose à deux. C’est un type assez exceptionnel, super apaisant. La dernière fois que je l’ai vu, c’était en septembre – deux mois avant qu’il parte – et je lui ai filé mon album en me disant que le premier mec qui va l’écouter, à part mon cercle très proche, sera une personne dans une station spatiale. J’avais en tête le morceau “Live Alone” dont le propos et l’humeur allait bien avec un geste artistique un peu plus poussé et je lui ai proposé de faire quelque chose. Ça a été un peu compliqué de tout mettre en oeuvre, notamment avec l’agence spatiale parce qu’ils sont assez réticents pour faire plein de choses et il y a une forme de service public car tout ce qu’ils proposent en termes d’image est libre de droit. On a dû donc faire une dérogation avec Universal pour que tout soit libre de droit et que personne ne gagne d’argent dessus.

Propos recueillis lors de deux entretiens avec Yuksek.

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