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Weather Festival @ Aéroport du Bourget

C’était le grand évènement que le Grand Paris attendait. Ce samedi, le Weather a tenté de réunir 45 000 personnes et de devenir un des rendez-vous les plus importants de la techno européenne.

Après quatre saisons de Concrete, cela va devenir l’évènement qui sanctionnera systématiquement une année de techno à Paris : le Weather Festival. La grande kermesse de l’électronique, l’élément dont l’animal de club a envie d’être fier et pouvoir se targuer à l’étranger. L’étranger, justement c’est ce que le festival tente à présent de séduire sur cette deuxième édition : communication massive traversant nos frontières, site dantesque (l’aéroport du Bourget) et programmation qui tient à coudoyer ses grands frères européens (Dekmantel et Sonar) avec un line up taillé pour faire venir de loin. La sphère techno s’agrandit à Paris et devient extramuros autant dans sa capacité d’accueil, sa disposition géographique que dans sa cible, séduite par des prix plus attractifs et des politiques d’entrées bien plus souples qu’en club traditionnel. En somme, 45 000 personnes (soit le double de l’an dernier) étaient effectivement attendues. Si la veille, à l’Institut du Monde Arabe (avec Underground Resistance) on affichait sold out, ici, la jauge ne sera jamais pleine du fait d’un turn over important, d’une prog’ segmentée dans le temps (on ne vient pas voir la même chose à 14, 22 ou 6h) l’espace est gigantesque et à aucun moment on ne sera étouffé par la présence d’autrui.

On évite l’effet RER des jours de grève et tant mieux, puisque la journée commence sous un soleil à s’en fendre le crâne. Les quatre scènes étant divisées – de manière très allégoriques – en fonction des saisons (la scène hiver proposant le son le plus froid et ainsi de suite), nous ne risquons pas le choc thermique et nous rendons à la Scène été où se produit Motor City Drum Ensemble. Sans surprise, c’est deep, luxuriant, ça répond au climat et le souligne sans mener le chaland à la surchauffe. S’en suit Villalobos sur la Scène printemps, qui lui, déçoit, c’est soit trop Ibiza, soit plus tellement Villalobos, soit beaucoup trop lui, pas inspiré, bref un set de Ricardo qui ne décollera jamais vraiment sur ce tarmac du Bourget. La nuit tombe, au fur et à mesure les corps s’animent, les mâchoires dansent, certains semblent chargés comme des mules mexicaines. La scène automne, titan blanc, gigantesque nuage d’albâtre aussi orageux et percuté que la techno qu’il crachait voit Rodhad, véritable tank allemand, produire un set hyper bûcheron et précéder un Ben Klock plutôt taquin et moins prévisible ces derniers temps. Son camarade du Berghain, Marcel Dettmann, prendra la suite quelque temps après. Un set d’horloger, à la mécanique sèche et précise, pollué néanmoins par quelques soucis de son, et notamment une coupure importante, due apparemment à un marlou qui aurait escaladé un pylône. La nuit se prolongera longuement avec un Seth Troxler confirmant son bon niveau de forme ces temps-ci et un Derrick May aux aurores qui, selon la légende, jouait pendant que Barack Obama reprenait Air Force One sur le tarmac voisin.

Une belle deuxième édition donc, curieusement souvent fustigée sur des détails du fait de son prix, 47euros en prévente (c’est à peine plus cher que Dekmantel – le grand frère néerlandais à 42 euros la journée mais plus vieux donc plus aguerri – et clairement moins coûteux qu’un Sonar. Mais ce n’est pas la même envergure), et pourtant incomparablement mieux organisée que la précédente, avec des centaines de sanitaires, presque autant de robinets d’eau (pas toujours très) potable, une dizaine de bars 360°… en somme, il n’y a jamais vraiment eu d’attente (sauf si votre estomac était calé sur ceux des autres aux heures de pointe devant les food trucks), les esprits étaient sereins, expansifs, heureux, amoureux dans toute leur splendeur puisque personne n’empiétait sur l’espace d’autrui. Ainsi, ce samedi, l’énergie de dizaine de milliers de personnes convergeait en un même point et en un même but : la fête, dans son plus simple appareil.

Le plus de la soirée : une organisation militaire

Le moins : les pépins de son

La rencontre de la soirée : redécouvrir des amis d’antan, par le plus grand des hasards, en amoureux de techno.

La phrase de la soirée : c’est quoi les tokens ? ” (Réponse : la devise servant à tout régler sur place)