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We Love Green : la locomotive de la teuf écolo en France

En matière de teuf éco-responsable, le festival We Love Green fait à la fois figure de pionnier et de modèle en France. Mais pour en arriver là, il aura fallu beaucoup de courage et d’abnégation. Aujourd’hui encore, assurer la survie du festival représente un vrai défi. Gros plan sur cet événement devenu incontournable, qui contribue depuis dix ans à changer notre façon de faire la fête.

En 2007, We Love Green n’existait pas encore… Marie Sabot et Alexandre Jaillon, accessoirement cofondateur du magazine Trax, étaient à l’époque à la tête de We Love Art. Ils organisaient des gros événements dédiés à la musique électronique au Grand Palais ou à la Grande Halle de La Villette. Et à chaque fin de soirée, ils constataient avec écoeurement les montagnes de canettes et de gobelets en plastique laissées par les teufeurs. “On vient du monde de la musique électronique où il y a constamment une forme de lutte, un engagement permanent, ne serait que pour faire accepter cette musique par les pouvoir publics. À l’époque, ça nous était déjà insupportable de ne pas savoir si le tri des déchets était fait lors de nos événements, de n’avoir aucune idée de la consommation électrique de nos soirées“, raconte Marie Sabot, cofondatrice et directrice associée de We Love Green. “Et puis on ne s’y retrouvait pas dans le paysage des festivals musicaux français de l’époque, où la musique électronique et le hip-hop étaient quasiment absents des programmations. C’est pour ça qu’on a voulu créer notre festival.

Une inspiration pour tous les acteurs du monde culturel

We Love Green

We Love Green

Après de nombreux voyages à l’étranger pour trouver l’inspiration, et de multiples expérimentations à une époque où tout restait à inventer, le festival We Love Green a vu le jour en 2011. Depuis la toute première édition, qui accueillait entre 5000 et 8000 festivaliers par jour, l’identité du projet n’a pas évolué. Il mise toujours sur une programmation extrêmement éclectique, afin de rassembler le public le plus divers possible. Il suffit de jeter un oeil sur les premiers noms dévoilés pour l’édition 2022 pour s’en apercevoir. S’y croiseront notamment Gorillaz, Moderat, Angèle, PNL, Phoenix, Charlotte de Witte, SCH, Myd, Disclosure, Bicep, Tale of Us… Notre projet, c’est de pouvoir faire se rencontrer des gens qui ne se parlent pas beaucoup, d’attirer les profils les plus divers possible, explique Marie Sabot. Notre mission est ensuite de sensibiliser tout ce monde, notamment grâce à notre scène dédiée aux conférences. On essaie de la placer de manière stratégique, dans un endroit agréable, afin que les gens s’y attardent même s’ils ne sont pas du tout venus pour ça. Si on arrive à provoquer un déclic auprès de 10% du public, c’est déjà une victoire !“.

Marie Sabot, cofondatrice et directrice de We Love Green

Marie Sabot, cofondatrice et directrice de We Love Green

Chaque année, We Love Green met la barre du développement durable un peu plus haut. Pour la prochaine édition, une scène entière sera ainsi alimentée par un groupe électrogène fonctionnant à l’hydrogène biosourcé, que beaucoup considèrent comme le carburant du futur. Mais surtout, au-delà de ses actions, le festival influence le monde culturel grâce à ses publications détaillant toutes ses expérimentations…

Aujourd’hui, avec les rapports qu’ils publient, il y a toute la matière nécessaire pour qu’un festival se pose des questions, souligne Tommy Vaudecrane, président de l’association Technopol. Et si l’on ajoute à ça les autres initiatives éco-responsables qui existent aujourd’hui, on dispose d’une boîte à outils beaucoup plus complète que ce quon avait il y a cinq ou dix ans sur la manière de mettre en oeuvre des actions concrètes.. Technopol fait d’ailleurs souvent appel à Najma Souroque, cheffe de projet développement durable et production de We Love Green, pour qu’elle intervienne dans ses événements afin de transmettre le savoir-faire d’une décennie d’engagement. Elle était notamment présente lors de la dernière édition de la Paris Electronic Week. La prochaine étape pour le festival ? Créer ses propres formations, afin d’enseigner à tous les acteurs du monde culturel, des organisateurs aux techniciens, les bonnes pratiques de développement durable.

Un avenir incertain malgré son succès

Comme tous les acteurs du monde culturel, We Love Green a souffert pendant la pandémie de Covid, qui a mis tous les festivals à l’arrêt forcé. Mais comme toujours, Marie Sabot et ses équipes ont su s’adapter à ce contexte exceptionnel en profitant de cette respiration pour essayer de nouvelles choses. En 2020, comme on faisait partie des premiers festivals annulés, on a mis en place l’une des premières éditions digitales en direct. C’est quelque chose qu’on avait très envie de développer en parallèle du festival, pour être à la fois un événement et un média. Ça nous a ouvert des envies, des perspectives, donc j’imagine que ça a eu des effets positifs, résume-t-elle. On a aussi créé un tiers-lieu éphémère pendant quatre mois cet été, qui s’appelait Wonderland..

Après deux éditions annulées, l’incertitude règne toujours pour la tenue de l’édition 2022 du festival. Pour Marie Sabot, il est parfois difficile de rester optimiste… surtout quand elle voit tous ces festivals aux énormes moyens financiers qui continuent de négliger la question écologique. Une situation encore aggravée par la pandémie, avec des artistes qui doivent remplir les caisses après deux années de vaches maigres.

We Love Green

We Love Green

Pour We Love Green, pas question de renier ses principes fondateurs. Cest le choix des artistes, des maisons de disques, des politiques, du public… Nous on essaie de faire le festival le plus intéressant, le plus innovant possible, lâche Marie Sabot. On n‘est pas du tout un festival profitable, on doit faire plein de choses à côté pour continuer à exister. Je ne sais pas si nous allons survivre au milieu de cette concurrence, si nous allons devoir changer de modèle, ou même déménager dans un lieu moins coûteux…”. Quand on voit l’importance qu’a pris la question du développement durable depuis l’arrêt forcé provoqué par la pandémie de Covid, et la prise de conscience générale de l’urgence de la situation, on ne voit pas comment on pourrait se passer de cette voix essentielle dans le paysage culturel français.