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Tin-Tin : “Ça fait 31 ans que je suis tatoueur !”

Pas de houppette blonde mais une barbe et des tatouages comme des oeuvres d’art un peu partout sur le corps, Tin-Tin est artiste avant d’être tatoueur. De renommée internationale, c’est dans son atelier boutique du 9ème qu’il nous a reçu, en toute décontraction.

Cette semaine, le Mondial du tatouage a lieu à la grande Halle de la Villette et compte bien battre son record d’affluence de 2014 : 27 000 tatoueurs, tatoués, curieux et fans. L’organisateur de cet événement immanquable s’appelle Tin-Tin. Consultant artistique de l’exposition actuellement au Quai Branly, Tatoueurs, Tatoués, cet artiste au style hyper réaliste est la personne à questionner sur le tatouage en 2015, ses enjeux, ses bêtes noires, ses clients. Ça tombe bien, on a eu l’occasion de discuter avec lui quelques jours avant le lancement du Mondial, dans la plus grande décontraction.


Villa Schweppes : Depuis combien de temps existe l’atelier Tin-Tin tatouages dans le 9ème ?

Tin-Tin : Je crois qu’ici ça existe depuis 1999-2000, par là. Avant le 9ème, j’étais dans le 11ème, à Toulouse aussi. J’ai eu plusieurs boutiques, ça fait 31 ans que je suis tatoueur ! Et ça fait une quinzaine d’années que je suis ici.

Comment devient-on tatoueur ?

C’est un truc qui t’attrape, qui t’agrippe

C’est la passion je pense, il n’y a pas de fait déclencheur. Je ne me suis jamais posé la question, c’est un truc qui t’attrape, qui t’agrippe. Depuis que j’ai vu des tatouages dignes de ce nom, j’ai eu envie d’en avoir. J’ai vu des tatoueurs incroyables et j’ai eu envie d’être tatoueur. Je n’ai pensé qu’à ça, je n’ai fait que ça. Aujourd’hui j’ai des enfants alors je pars en vacances mais toujours chez des potes tatoueurs. Avant, mes vacances c’était dans des boutiques de tatouages seulement ! (Rires). Quand tu es passionné par ce que tu fais, c’est comme si tu étais en vacances toute l’année donc pas la peine d’en prendre en plus…

Parlons du Mondial du tatouage qui a lieu cette semaine, qu’est-ce que l’on peut dire de cet événement ? 27 000 personnes l’année dernière quand même…

Oui, l’année dernière je crois que nous avons battu le record du monde des conventions de tatouage au niveau de la fréquentation ! Et aussi le record d’affluence de la Grande Halle de la Villette ! Premier essai là-bas, record battu et cette année on risque de battre encore ce record puisque l’on a agrandi la surface de la salle… Sous-sol et mezzanine, ça va circuler un peu mieux. Pour les gens qui ne connaissent pas le Mondial du Tatouage, c’est comme la Foire de Paris ou le salon de l’agriculture, sauf qu’au lieu des vaches et du foin, il y a des endroits plus aseptisés et des tatoueurs ! C’est aussi un esprit de festival de musique, il y a de super bons DJS, Gunther Love et Moche Pitt, Madj & Viktor Coup?k et Jennifer Cardini… Du beau linge ! As They Burn et The Ocean aussi… Je trouve ça marrant de faire un vendredi métal et un samedi électro. J’aime le mélange des genres.

le Mondial du Tatouage, c’est comme (…) le salon de l’agriculture sauf qu’au lieu des vaches et du foin, il y a des endroits plus aseptisés et des tatoueurs !

En quoi la musique peut-elle être une source d’inspiration pour les tatouages ?

La musique est présente dans chacun d’entre nous et pour la majorité, les gens sont imbibés par elle dans leur vie quotidienne, le tatouage ne fait pas défaut à ça. Il y a des tatoueurs qui travaillent sous son influence. Le tatouage touche facilement tous les musicos, des rappeurs aux métalleux, les rockeurs, ceux qui écoutent de la techno aussi, toutes les couches de la société sont touchées par le tatouage. Je peux citer aussi les flics, les voyous… La musique vient toujours interférer dans tout ça.

Quelles sont vos craintes, votre stress avant le début du Mondial à la Villette ?

J’ai un peu peur de la “couille” du dernier moment mais bon, on n’est pas si stressés que cela car on se sent prêts, cela fait un an que l’on prépare cet événement ! On est à fond, on ne laisse rien au hasard et on sait s’entourer des bonnes personnes. La preuve, Villa Schweppes qui vient faire l’after party, ce n’est pas rien quand même ! C’est toujours la ” place to be ” dans plein d’événements alors c’est flatteur. On est content en fait, les partenariats sont chouettes !

Quelle place peut-on donner au tatouage aujourd’hui dans l’Art ?

On n’est toujours pas reconnu par l’État comme des artistes

Je pense qu’avec l’intervention au Musée du Quai Branly, qui est un musée des Arts Premiers et qui organise une exposition Tatoueurs, Tatoués, cela signifie peut-être que l’État reconnaît le tatouage comme un Art… Il y a plusieurs jurisprudences qui reconnaissent le tatouage comme un art de l’esprit avec des droits d’auteurs mais on n’est toujours pas reconnu par l’État comme des artistes, on n’a pas ce statut. N’importe quelle personne qui fait exactement la même chose que nous sur un autre support que l’être humain est un artiste, a ce statut. Même cet artiste qui tatoue sur des cochons, c’est considéré comme de l’Art (ndlr : l’artiste Wim Delvoye). On se bat contre ça avec mon Syndicat. On défend les tatoueurs, on a toujours eu gain de cause jusqu’à présent. Le dessin, la peinture, la BD… Soyons le dixième Art ! Qui d’autre prendrait la place de ce dixième Art avec autant de courants artistiques, dans le monde entier ?

Le tatouage se démocratise-t-il ?

Oh depuis bien longtemps. C’est pour ça que l’on en est là, les salles sont devenues trop petites pour organiser le Mondial du tatouage. On ne désespère pas, on sera reconnus comme un Art à part entière, cela fait plus d’une décennie que je m’y emploie et je vais continuer.

La fameuse question autour des tendances du tatouage, qu’est-ce que l’on peut dire ? On a cru voir un mouvement autour du tatouage religieux…

Ce ne sont pas forcément des tendances mais plutôt des tatoueurs qui arrivent à imposer leur style. Si l’on parle de tatouages religieux, je pense tout de suite à Mikael de Poissy, il s’inspire beaucoup de vitraux. Il arrive à faire des tatouages très historique et a touché une clientèle très emprunte d’histoire. On voit des vitraux avec des chevaliers, des saints, ça émerge en ce moment, c’est un artiste et il risque d’être copié prochainement, dans le pire ou le meilleur. C’est comme pour les guitaristes, il y a certains d’entre eux qui copient Jimmy Hendrix ou Jimmy Page !

Quelle est la bête noire des artistes tatoueurs aujourd’hui ? On a vu qu’il était de plus en plus fréquent de se faire tatouer à la maison…

Il y a des tatoueurs de toute sorte, des escrocs, des artistes, des modérés, des fachos, des hippies, comme chez les bouchers ou les journalistes !

C’est un peu ça la bête noire, la banalisation du tatouage comme dans les télé-réalités, même si le tatouage devient quand même populaire grâce à ça. Je ne vais pas cracher dans la soupe. Chaque chose qui a un succès a son retour de manivelle de toute manière. Aujourd’hui, les gens qui regardent ces émissions pensent qu’ils peuvent devenir tatoueur très facilement. Ça devient une banalisation extrême. On voit apparaître des chaînes de tatouages, des chaînes comme des coiffeurs, des esthéticiennes… Ça commence à toucher le tatouage ! On voit des écoles qui se créer, comme s’il fallait tirer profit de tout ça. Les tatoueurs professionnels disent : “wow, stop” ! On voit des tatoueurs partout, dans les barres d’immeubles jusqu’aux hipsters qui pensent que c’est cool de se faire tatouer comme en prison. Hop un stylo bic et des moteurs de machines à café, c’est parti… Mais il y a quand même un danger sanitaire ! Ça fait du mal à la profession. Toi tu payes tes impôts, tu as des charges, t’es imposé à 20 % car tu n’es pas considéré comme un artiste, tu ne peux pas embaucher d’apprentis puisqu’il n’y a pas d’écoles reconnues par la profession, ce n’est pas évident. Je ne parle pas pour moi car tout va bien, le commerce fonctionne bien mais par exemple, si dans l’immeuble trois tatoueurs tatouent chez eux pour 20 ou 30 euros, c’est injuste. Il y a 4 000 tatoueurs en France qui ont pignon sur rue mais peut-être 10 000 dans leur cuisine ou leur salon.

Paris est-elle une ville tatouée ?

Je crois que le 11ème est l’arrondissement des tatoueurs, j’étais là-bas avant. Mais pas le 9ème. Plutôt vers Bastille ou République. Il n’y a pas de clans, de bandes, c’est comme pour les chanteurs ou les acteurs, il y en a qui s’aiment bien, d’autres qui ne s’aiment pas. Il y a des tatoueurs de toute sorte, des escrocs, des artistes, des modérés, des fachos, des hippies, comme chez les bouchers ou les journalistes !

Quels sont tes tatouages, qu’est-ce qu’ils racontent ?

J’en ai et ils sont nombreux à m’avoir tatoué, Filip Leu, Grime, Horiyoshi III, Kari Barba, Marcus Pacheco

Une véritable oeuvre d’Art !

J’en ai plein et j’avoue que ce ne sont pas les plus pourris car j’ai l’avantage de connaître de bons tatoueurs ! Marcel aussi, il est mort maintenant mais il m’a fait mes premiers tatouages. Mimi, elle m’a fait mes enfants sur mes mains. Chaque tatouage a son histoire, son époque.

On peut tout faire en tatouage ?

Tout ce qui se fait sur papier est faisable. A part peut-être les couleurs métallisées qui sont un pailletage dans une peinture qui reflète la lumière. Mais là, les paillettes de métal dans nos encres, non seulement ce n’est pas recommandé pour la peau, mais une fois encré, ça ne reflète pas la lumière… Donc dommage, pas de couleurs métallisées ! Mais autrement, on peut tout faire même des représentations de photos hyperréalistes !

Un mot de la fin, de quoi parle-t-on peu ?

On parle peu de la poitrine des femmes !

Non mais sur le tatouage ?

Et bien le tatouage sur la poitrine des femmes… Rires.

Le site officiel du Mondial du tatouage .
Le site officiel du Quai Branly .

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