Après un second album relativement ignoré par la presse et le grand public, les bookmakers n'auraient pas donné chers de la peau de celui qui fut, un jour, au coeur des attentions du tout Paris. Repassé dans les souterrains et son lot de frustrations, le garçon renaît aujourd'hui avec un album plus sombre, plus dur et surtout plus réussi, qu'on a vu émergé aux quatre coins des sphères dark de manière quasi instantanée à sa toute récente sortie.
Sydney Valette, nouveau prince goth ? Il faut dire que le garçon s'est pleinement abandonné à ses aspirations cold, EBM, synth-punk et laisse tomber dans Other Side les chansonnettes à gimmick. En grande partie anglophone, cette proposition a fait le deuil des dernières paillettes qui lui collaient à la peau, reflets fanés d'une époque lointaine dans laquelle il était la coqueluche de la presse proclamée branchée. De quoi le libérer et lui offrir une renaissance méritée et annoncée, déjà, par le maxi "Run" sorti il y a quelques mois.
Sydney Valette est donc définitivement un candidat sérieux qui est venu avec un album pleinement réussi dans sa petite mallette. On lui a envoyé quelques questions, il nous a renvoyé son nouveau clip, que vous pouvez mater ci-dessus.
Villa Schweppes : Avec ce nouvel album, tu voulais en finir avec l'image du "chanteur de "Dimanche"" et les "enfantillages" ?
Sydney Valette : Disons qu'il y a toujours eu les deux côtés depuis le début, le côté méga-déconne et le côté darkwave. Bizarrement, la frontière s'est marquée aussi par la langue. J'ai sûrement plus de mal à descendre bas en français, parce que je crois que nous les français avons un réel complexe d'expression. C'est vrai aussi que l'anglais est une langue qui, techniquement parlant, a beaucoup plus de portée sonore. Ce n'est pas pour rien que les musiques fortes d'aujourd'hui sont nées dans les pays anglo-saxons... Fais le test, gueule des insultes en anglais et français : tu vas crier plus fort en anglais. Le français est une langue difficile à colorer, mais on on peut y arriver. Et puis aussi "Dimanche" et tout ça, ça m'a vraiment cassé les couilles à la longue, j'avais l'impression de me balader avec un chapeau à hélice. Je ne renie rien, c'est bien drôle tous ces trucs que j'ai fait, ne pas se prendre au sérieux est salutaire. Mais la déconne a ses limites.
"Dimanche", ça m'a vraiment cassé les couilles à la longue, j'avais l'impression de me balader avec un chapeau à hélice.
Pour ton précédent disque, tu ne choisissais pas entre les "enfantillages" et la musique "sérieuse". Qu'est-ce qui t'as amené à radicaliser ta musique sur Other Side?
Sur "Other Side", j'ai voulu dégager la déconne pour être au contact direct, sans chichis, d'émotions parfois très dures à vivre. Le processus de création d'Other Side a été parfois très dur pour moi, parce que c'est un album où je me suis mis en prise la réalité, sans m'évader dans la déconne nihiliste. J'ai voulu exprimer des émotions, parfois très violentes, jusqu'alors enfouies. Mais aussi dark qu'il soit, je le trouve bien plus "positif", plus constructif, que les albums précédents. Cet album est un peu un gros refus du nihilisme latent, même si je suis sûr que beaucoup vont le comprendre dans l'autre sens.
Parle nous du clip façon jeu video que tu présentes aujourd'hui...
Le clip a été réalisé par l'artiste Boe Strummer, signé sur le label Permalnk, détenu par l'ancien DJ-hadiste Maxile Aprile (qui avait sorti le premier album de Sydney sur son label de l'époque, ndlr). Il venait de sortir son EP, et Max m'a montré un de ses clips, qui étaient cool. Du coup je lui ai fait un enfant dans le dos avec Boe, mélangeant ainsi l'art internet avec cette chanson new wave. Boe a bien su comprendre l'esprit de celle-ci, et le choix d'un road-game fût parfait. Je suis très content.