Ça fait le tour du web : le Wu-Tang Clan s’annonce comme le premier groupe à sortir un disque en un exemplaire unique. C’est faux, Jean Michel Jarre l’avait déjà fait.
Wu-Tang Clan sortira bientôt, dans une édition supra-packagée, son album en un exemplaire unique destiné à être vendu comme une oeuvre d’art. Soit au enchères, en galerie, avec une cote, etc… A travers cette démarche, le groupe pose de vraies questions : est-ce toujours rentable de distribuer massivement sa musique? Ne vaut-il pas mieux travailler comme un plasticien, à savoir en pièce unique ? Le web est en émoi, se gausse, est fasciné, salue allègrement l’audace de ces garçons…
Pourtant, ce ne sont pas les premiers à faire l’événement avec ce genre de démarche : en 1983, Jean Michel Jarre a déjà vendu 15 millions d’album. Il compose son album “Musique pour Supermarché”, à grand renfort de synthétiseurs et décide de ne le faire presser qu’à un seul exemplaire. Son objectif ? Visionnaire, il cherchait à remettre en question la consommation façon “pot de yaourt ou boîte de kleenex” dont la musique commençait à faire l’objet.
Ainsi, il refuse la banalisation de son disque et cherche à rendre à nouveau précieux le vinyle, comme il juge que ce fut le cas pour, par exemple, les Beatles. L’objet partira pour 69 000 francs à l’époque à l’hôtel Drouot et ne sera diffusé en radio qu’une seule et unique fois à la suite de la vente. Quelques enregistrements pirates sortiront, mais toujours dans une qualité horrifiante.
Ainsi, quand RZA du Wu-Tang Clan explique à Forbes que : “Nous allons bientôt vendre un album comme personne avant nous, dans l’histoire de la musique moderne, ne l’a fait. Nous créons un collector qui ne sera vendu qu’une fois. Ce sera comme posséder le sceptre d’un roi d’Egypte“, ils se plantent. Car si Jarre n’est plus la mega star qu’il était à l’époque, ce pionnier de la musique électronique a toujours su marquer l’industrie musicale.
Quoi qu’il en soit, rétablissons la vérité : c’est Jean Michel Jarre qui a mis en place cette idée le premier, détruisant même certains outils de pressage pour s’assurer que nul ne pourrait en faire des copies. Et, mieux encore, au vue des enregistrements pirates de la diffusion radio, la première track de cet album est une sacré pepite italo-disco. Fais mieux que ça, RZA!