Super, le premier album de Sneazzy du crew 1995 sortira lundi prochain. On a pris le temps de discuter avec lui de ses influences, du rap, de ses projets mais aussi de Christine and the Queens et de Jessica Alba. Vous comprendrez pourquoi en lisant les lignes qui suivent.
Depuis quand prépares-tu ce premier album ?
Sneazzy : Je le prépare depuis des années dans ma tête. En terme de travail pur et dur, j’ai commencé après la fin de la tournée 1995 en décembre 2013. Depuis ce moment là je suis en studio et je n’en suis pratiquement pas sorti. Pendant 6 mois j’ai bossé, j’ai écrit et rencontré des beatmakers.
À ce propos, on retrouve pas mal d’influences musicales dans ce premier album. Comment ça s’est passé pour la production de tes instrus ?
Sneazzy : A la base je voulais travailler avec Hologram Lo’ (le beatmaker d’1995, ndlr) mais ça ne s’est finalement pas fait parce qu’on n’a pas trouvé d’alchimie, on n’arrivait pas a faire de morceaux qui nous satisfaisaient. Ensuite, j’ai commencé à recevoir des prod’ de beatmakers que je connaissais plus ou moins. Après j’avais des idées d’instru que j’ai envoyé à Griefjoy, Lil Mike ou Jeremy Chatelain qui ont une grosse culture rap. J’étais à 100% impliqué dans ma prod’. J’ai fait appel à des beatmakers divers et variés, c’est ce qui a donné la couleur de l’album.
Tu as voulu faire un melting pot de toutes tes influences ?
Sneazzy : Je pense que je vais souvent faire ça parce que j’aime trop la musique pour ne faire qu’un style. Ça ne m’intéresse pas de faire comme tous les rappeurs d’aujourd’hui.
Comme Kaaris qui ne fait pratiquement que du hardcore ?
Sneazzy : Pas forcément Kaaris. Je trouve qu’il le fait très bien. Booba aussi.
Tu valides même son dernier album ?
Sneazzy : Ouais le dernier album j’ai kiffé à fond. Faut l’écouter plusieurs fois mais il est bien. Il y a des morceaux OVNI que j’ai adoré. De mon côté, je n’ai pas envie de faire que de la Trap. J’en ai fait sur certains titres dans cet album pour prouver que je savais le faire. Je n’avais pas envie de faire ce qui est à la mode, juste de la musique. Il y a même un morceau où je ne fais que chanter, j’ai envie d’assumer le truc à fond.
Tu n’avais justement pas peur de perde en unité dans cet album ?
Sneazzy : J’ai eu du mal à trouver une homogénéité. C’est clair que quand tu passes d’un morceau à l’autre, tu peux parfois être étonné. Mais quand tu te prends l’album en entier, je trouve qu’il y a un rapport en tout les morceaux, ne serait-ce que les thèmes et la manière dont je raconte les choses. C’est un album qu’il faut comprendre, tout simplement. Je n’ai jamais été très fan des albums où tu as l’impression que ce n’est qu’une évolution de morceaux. Moi, mon artiste préféré c’est Michael Jackson et quand t’écoutes l’album Thriller, y’a pas un seul style. À l’inverse, ça ne me dérange pas beaucoup quand l’album est homogène comme celui de Christine and the Queens, il y a une patte que peut-être moi je n’ai pas encore.
Tu aimes Christine ?
Sneazzy : J’écoute de tout, j’espère que ça se sent dans mon album. C’est sûrement le dernier truc hors rap que j’ai aimé en France. J’adore les sonorités, c’est léger et sa voix est vachement touchante. J’aime beaucoup cette artiste.
Avec ce tournant, tu n’as pas peur de perdre une partie de ta fanbase au passage ?
Sneazzy : Ma fanbase est habituée au changement. J’ai 23 ans, je me cherche peut-être encore, mais je ne fais jamais ce que les gens me disent de faire, je ne fais jamais en fonction des fans. Tant que mes fans kiffent ce que je fais, tout roule. Les fans, je suis reconnaissant envers car c’est grâce ça eux si on en est là avec 1995. Après en solo, je me considère comme un artiste OVNI. Que les gens me comprennent ou me comprennent pas, ça m’est égal.
Je suis un petit con et je l’assume.
Tes clips sont réalisés par Syrine Boulanouar. C’est quelqu’un avec qui tu t’entends bien artistiquement ?
Sneazzy : A fond. On a la même vision de l’image et même de la musique puisqu’il est souvent en studio avec nous. Les clips, on les écrit souvent en même temps que les morceaux et on pense parfois même à des clips avant de la retranscrire en chanson. On a tellement de projet dans le four avec Syrine, que ce soit son film, ou d’autres choses pour mes albums qui arrivent. On se comprend vraiment, il a 30 ans mais pour moi il en a 20. On a les mêmes références et les mêmes envies au final.
Tu vas jouer dans son premier film ?
Sneazzy : Je vais jouer dedans oui, j’ai le rôle principal.En fait, il a écrit le rôle autour de moi (rires, ndlr). Ce n’est pas mon histoire, c’est une fiction, mais c’est un personnage qui me ressemble. C’est un long-métrage qui devrait normalement bientôt être sur les rails…
Sans transition : le rap, c’est qui pour toi en 2015 ?
Sneazzy : En France, c’est Nekfeu, il sort son album en juin. C’est le plus prometteur de notre génération. Je vais citer Alpha Wan, Alonzo, Booba. Aux Etats-Unis je dirais Drake, y’a pas un seul son que je ne kiffe pas, dès qu’il sort un truc je suis une groupie.
On t’attaque souvent sur ton côté arrogant…
Sneazzy : Je vais faire une réponse d’arrogant mais je n’en ai rien à foutre (rires, ndlr). Mais c’est normal, je fais du rap. Le Hip-Hop ça a commencé dans les Block Party à base de “regarde mes baskets”, “regarde ma montre en or” et pas par des revendications politiques. Ceux qui diront l’inverse n’y connaissent rien. Moi je fais du rap dans sa forme la plus pure, notamment avec l’égo trip.
Nekfeu est le plus prometteur de notre génération et il va faire bientôt fermer des gueules avec son album.
Tu parles de plein de choses dans cet album, de tes parents, des problèmes que tu as pu rencontrer dans ta vie. Est-ce que c’était un moyen pour moi d’extérioriser ?
Sneazzy : Pas du tout dans le sens où ce n’était pas thérapeutique car je n’étais pas mal quand je l’écrivais. Quand je parle de mes parents, bien évidemment ça ressasse des souvenirs, des moments difficiles, mais ce n’est pas pour autant que je me suis senti mieux après. Je suis très positif dans ma façon de penser.
On va reprendre maintenant quelques phrases de ton album, je vais te demander de nous les expliquer. Par exemple “Je suis un petit Sheitan“, c’est quoi pour toi ?
Sneazzy : En gros, je suis un p’tit con et je l’assume. J’ai 23 ans, j’ai du mal à me responsabiliser. A côté de ça, j’ai plein de principe et de valeurs.
Tu ne parles pas très bien des nanas dans tes textes…
Sneazzy : Bien sûr mais je les respecte. C’est comme dans l’égo trip, il y a des choses à prendre au premier degré et d’autres au second.
“Ces rappeurs me font trop tiep“, on parle de qui là ?
Sneazzy : Pas mal de rappeurs, la liste est longue. Le rap c’est une compétition, je n’ai rien contre personne.
“Je suis un baiseur de bonnasse“, c’est qui pour toi LA “bonnasse” ?
Sneazzy : Pour moi, toute catégorie confondue, il y en a une avec qui on ne peut pas jouer c’est Jessica Alba.
Ah ouais ?
Sneazzy : Oui, je ne suis pas forcément penché vers les grosses fesses (rires, ndlr).
Et en France ça serait qui ?
Sneazzy : Tu vas peut-être trouver ça bizarre mais je vais dire Adèle Exarchopoulos.
Quand tu n’es pas en studio qu’est-ce que tu fais de ton temps ?
Sneazzy : Je travaille tout le temps. Je suis en perpétuelle inspiration, je fais du sport puis je vais bientôt lancer ma marque de vêtement.
Elle a un nom cette marque ?
Sneazzy : Je veux pas en parler car je veux pas que les gens sachent que c’est la mienne !
Dans ton album on t’entend pas mal dire que tu chopes des meufs, mais tu n’as pas le temps finalement ?
Sneazzy : (rires, ndlr) Non, je ne suis pas dans les meufs, ni dans les mecs d’ailleurs. Je n’ai pas le temps pour les filles, j’ai que des amies.
Une phrase de ton choix pour terminer cette interview…
Sneazzy : Faites le bien autour de vous.