Skip to content

Rencontre avec Nadim, le mastermind de Casabey

Entre militantisme du boom bap et entreprenariat de la génération Y, il n’y a qu’un pas et celui-ci s’appelle “internet”. Nous avons rencontré celui qui se cache derrière les soirées “Classics Only”, “Rap Rebels”, ou encore prochainement “Master Blaster”, et voilà ce qu’il nous a dit.

Rencontrer Nadim Makhlouf, ce jeune entrepreneur de 31 ans, c’est rencontrer un très grand connaisseur de hip hop, un érudit de chaque époque. En rentrant dans ses bureaux, on se rend d’abord compte de l’importance de cet art pour lui : entre les affiches des soirées qu’il a organisées, on retrouve un peu partout des indicateurs que cet homme là est porté par une seule chose : sa passion.

Et ce n’est surement pas ce poster lumineux de Cam’ron et sa fourrure rose qui diront le contraire. Casabey prend une place dominante dans le milieu du hip hop parisien : l’an dernier, sa Block Party sur le parvis de l’Institut du Monde Arabe a été un grand succès et a d’ailleurs convaincu Pusha T ou Virgil Abloh, venus performer pour l’occasion. En creusant un peu, on retrouve un individu complètement immergé dans cet univers.

Nadim a décidé deux choses : vivre (de) sa passion et la partager avec ceux qui comme lui, ont toujours baigné dans cette musique.

Villa Schweppes : Depuis combien de temps es-tu à la tête de Casabey ?

Nadim Makhlouf : Depuis le 13 juillet 1984, dès ma naissance en fait. Casabey c’est l’alter ego ordonné qui fait des tableurs, pendant que Nadim Makhlouf passe la journée sur Soundcloud ou sur Youtube a rechercher des videos de Damon Dash qui hurle sur les gens. Plus sérieusement, Casabey existe depuis deux ou trois ans, il n’y a pas vraiment de date. J’ai toujours baigné dans ce milieu. J’organisais des événements autour de la danse, et de fil en aiguille, je me suis retrouvé à organiser des événements musicaux. Je travaillais beaucoup en indépendant et arrivé à un certain stade, je me suis dit qu’il faudrait donner un nom à tout ça. J’ai donc pensé à Casabey.

Villa Schweppes : C‘est d’ailleurs également le nom d’une chanson de Mos Def : “Casa Bey”. C’est de là que vient le nom ?

Nadim Makhlouf : Oui. En 2009 j’ai passé l’été à New York, un pote m’avais trouvé un stage chez Def Jam. Sur le papier ça sonne bien, mais en réalité j’étais avec des college kids pour qui être en stage chez Def Jam, ne signifiait pas grand chose. Soit ils ne se rendaient pas compte de la chance qu’ils avaient, soit ils en avaient juste rien à faire d’être dans un des plus prestigieux labels de rap au monde. Avec le recul, ils n’avaient pas tout à fait tord, parce qu’aller chercher des cupcakes ou rédiger des faux commentaires sur Myspace pour dire que Lil Ru c’est de la bombe, c’était vraiment pas ce qui avait fait nous déplacer, moi et ma bourse échellon 6 du Crous, jusqu’à New York. Bref, le stage était non rémunéré forcément, alors le week end je faisais du pedicab (une sorte de vélo taxi pour touriste) et je suis tombé sur l’album de Mos Def, The Ecstatic que j’ai écouté tout l’été. Le nom Casabey vient du titre “Casa Bey”, le dernier de l’album. En fait, il n’y a pas de réelle explication juste un feeling, je me suis dit que ça sonnait bien et j’aime bien la place que Mos Def avait à ce moment la dans le rap jeu, il était a la fois old school et très moderne un peu en parallèle du reste des rappeurs.

Villa Schweppes : Tu as commencé par la danse. Tu penses que la danse et la musique sont au centre de tes soirées ? Pour toi c’est quoi l’essentiel dans ce que tu organises ?

Nadim Makhlouf : La danse est toujours au centre du truc. Mais de quelle danse parle-t-on ? Du mec qui dab de manière chirurgicale sur “March Madness” de Future, ou du mec qui grind une inconnue sur “No Letting Go” de Wayne Wonder ? Pour moi, la danse est essentielle mais il y a encore plus important : l’interaction. Si je peux humblement me vanter, je dirais qu’a Classics Only, ce sont les nanas qui chopent les mecs. Merci au DJs pour leur selecta pensées dans ce sens la, je me pose peut être en messager, mais y a un moment comme le dit si bien Puffy, où les mecs qui faisait des pogos entre eux, c’était plus possible !

Nadim Makhlouf, l'homme derrière Casabey

Nadim Makhlouf, l’homme derrière Casabey

Villa Schweppes : Tu peux me parler de tes formules de soirées types ? Rap Rebels, Classics Only etc…

Nadim Makhlouf : Je vois ces deux soirées comme des playground dans lesquels on s’amuse dans un espace temps bien défini. Pour Classics Only c’est du Rap & R&B de 1996 à 2006 uniquement et Rap Rebels c’est du Rap de 2014 à maintenant. On a une seule consigne : on boycotte ouvertement Tyga.

On n’entend jamais de funk ou de new jack swing en club… ça va changer !

Villa Schweppes : Ces deux soirées ont des parti-pris totalement assumés d’ailleurs, du concept aux visuels.

Nadim Makhlouf : Le rap est un style musical hyper riche, et pour moi les pochettes d’album et surtout l’imagerie ‘mixtape’ sont trop mortels et vu que j’ai une imprimante et un rouleau de scotch a disposition , on s’éclate !

Villa Schweppes : Tu prépares d’ailleurs quelque chose d’assez différent au niveau du contenu. Tu peux nous donner quelques informations sur Master Blaster ?

Nadim Makhlouf : En bon fils d’immigré maghrébin j’étais obligé à un moment donné d’organiser une soirée qui rends hommage à la Soul, Funk et au New Jack Swing. C’est un bon condensé de la black music des 60s / 70s / 80s. La soul et le funk sont indémodables. La preuve : James Brown et Marvin Gaye sont constamment samplés.Ce sont des styles que j’adore et à part quelques gros hits, on en entend pratiquement jamais en club… ça va changer !

J’aimerais vraiment bosser avec Jul !

Villa Schweppes : Comment tu choisis les artistes avec lesquels tu bosses ?

Nadim Makhlouf : C’est eux qui me choississent j’ai pourtant dit à French Montana d’arrêter de donner mon numero ! (rires) J’aimerai vraiment bosser avec Jul, c’est un des artistes les plus sincere qu’on puisse trouver en France , il est sans filtre ni simagrées, ne fait pas semblant, j’adore ça !

Villa Schweppes : De futurs projets à nous annoncer ?

Nadim Makhlouf : Hamza sera en concert le 26 Mars à la Maroquinerie et les soirées Classics Only risquent de se retrouver cet été en plein air quelque part dans Paris…