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Rencontre avec Marie Sabot, Directrice du festival We Love Green

Rencontre avec Marie Sabot, Directrice du festival We Love Green

By Mathilde Kichenama
28 Mai 2014

Créatrice de We Love Art et directrice de We Love Green, Marie Sabot a accepté de nous présenter le festival et nous parler de l'édition 2014 qui s'annonce déjà comme un succès.

Villa Schweppes : Comment est né We Love Green ?

Marie Sabot : Nous, chez We Love Art, on est vraiment issus de la scène électronique. Cela fait 10 ans que l'on fait des événements électro et on avait envie de créer quelque chose de nouveau dans un lieu atypique et qui offrirait des expériences fortes. L'électro est un genre très attaché à l'extérieur, c'est une raison pour laquelle on a choisi un parc. Quand on en a parlé à la Mairie de Paris, on leur a dit de ne pas s'inquiéter, qu'on voulait faire un festival moderne qui s'inspire de ce que l'on fait déjà au Japon et en Scandinavie. En 2005, quand on a fait Ricardo Villalobos à la Villette, on était les premiers à faire des gobelets consignés. Tout est vraiment parti du lieu, on a ensuite développé le festival autour. A Bagatelle, on est dans un parc botanique, un vrai musée de la nature en plein air avec des arbres qui ont 200 ans donc le respect s'imposait.

Quel est l'objectif du festival ?

MS : L'objectif est de fournir au public un festival un peu différent, qui fasse de la musique mais pas que, qui permette aux gens de se rassembler et de parler d'autres choses. Il y a un message écologique, certes, mais on le dépasse. On met plus en avant le "bien vivre". Je ne veux pas employer le mot "hippie" parce qu'il a été fashionisé mais c'est cet hédonisme, ce lâcher prise que l'on veut favoriser. On sera là pour écouter de la musique mais aussi pour se rencontrer. Il y aura plein de gens qui viendront présenter des documentaires sur leur vie ou des sujets précis mais sans faire du militantisme. Juste pour dire, "voilà moi ce que je fais et j'espère que ça vous interpellera". Pour cela justement sur la grande scène, il y aura 40 minutes de changement de plateau. Comme cela les gens auront le temps d'aller se balader, discuter, voir et manger un morceau. Ça se fait déjà beaucoup en Angleterre. Entre les gros shows comme Snoop Dogg, il a du stand up, de la comédie. C'est génial !

Quels sont les points éco-responsables majeurs ?

MS : Basiquement : l'énergie, la gestion des déchets (on aura 25 000 personnes qui vont manger sur le festival), l'eau et la scénographie. Pour l'énergie, on a fait appel à un prestataire anglais très high tech qui s'appelle Firefly. On lui loue des groupes électrogènes solaires et à huile de récupération. L'huile utilisée dans la restauration sera récupérée et nous permettra d'alimenter le son. L'énergie solaire nous permettra d'alimenter la lumière. On sera donc complètement autonome en énergie responsable. Pour ce qui est de l'eau, on aura comme l'année dernière des fontaines gratuites. Cela nous permettra de sensibiliser les esprits à la préserver. L'an dernier on avait décidé de composter nos déchets. Tout le monde nous avait ri au nez sauf la Mairie de Paris qui avait trouvé notre initiative géniale et s'en était inspirée pour créér une filière qui transforme les déchets récupérés sur les marchés en engrais. On travaillera donc avec cette filière. Enfin, des artistes ont utilisé des matériaux de récupération pour la scénographie, qu'ils ont montée lors d'un workshop de 3 semaines.

C'est quoi pour vous un festivalier green ?

MS : Hum, c'est quelqu'un qui ne se gare pas sur le gazon en arrivant en face du festival, qui n'écrase pas sa clope par terre, qui ne jette pas son gobelet par terre alors que la poubelle est à 5 m. C'est juste quelqu'un qui respecte le lieu dans lequel il est et aussi qui est curieux.

Quel est selon vous le geste éco-responsable que l'on pourrait adopter dans tous les festivals ?

MS : Je crois que la problématique majeure est l'énergie mais ça avance déjà carrément. L'année dernière, on a fait une conférence avec d'autres festivals et ils se sont rendus compte qu'il était temps de faire un bilan énergétique, de trouver des solutions pour réduire les dépenses en énergie. Je ne dis pas qu'il faut tout changer tout de suite, mais au moins se mettre dans le sens de la marche et en parler. On a déjà eu un bon impact sur les autres puisqu'on partage de la scéno avec Solidays et des solutions avec Rock en Seine.

Comment avez-vous choisi le line-up ?

MS : On voulait des artistes qui amenaient une fraîcheur par la musique, une façon de produire mélangée. Lorde, par exemple, fait de l'électro mais aussi de la pop et elle est remixée par Flume. Elle passe aussi bien sur RTL que sur NRJ. On voulait des artistes qui ont une culture oversized, dans l'air du temps, qui traduisent la musique telle qu'elle est aujourd'hui avec toutes ses influences. On ne voulait pas forcément des groupes cultes.

A propos de Lorde, c'est une vraie chance de l'avoir sur le festival. Ce sera sa seule date en France non ?

MS : Exactement. Oui, on a de la chance qu'elle nous ait choisi. On est allé lui donner notre petit portfolio en main propre. C'est une jeune fille qui vient de Nouvelle Zélande, donc on s'est dit qu'elle devait avoir le coeur assez proche de la nature. Et en effet, elle s'est dit qu'elle allait s'y sentir chez elle. Je pense qu'elle a fait le bon choix. Elle a la tête sur les épaules et ne veut pas se crâmer. Un artiste se nourrit du public donc je pense qu'elle sortira de scène gonflée pour continuer sa mission (tournée).

Quel est votre rêve pour We Love Green ?

MS : Casser les codes, les clivages qu'on nous attribue. Rester dans cette sincérité et garder les mêmes sensations. On est très contents d'être complets 2 jours à l'avance, il y a des gens qui nous écrivent pour nous dire merci parce que notre affiche leur fait du bien quand ils la voient dans le métro. Si on grandit, on fera en sorte que rien ne change. mais c'est pas du tout notre ambition pour le moment, on va y aller doucement.

La course au plus gros festival, ce n'est pas pour nous.

Donnez nous 3 bonnes raisons d'aller à We Love Green ce week-end ?

MS : Pour voir samedi soir le live de SBTRKT, qui sera à mon avis le point d'orgue de la soirée.

Pour voir l'expo de Fabrice Hyber, artiste d'art contemporain majeur en France, qui a représenté la France à la Biennale de Venise et a remporté un prix, qui avec son installation bourrée d'humour va bousculer le principe d'écologie.

Pour bien manger. Tous les gens que l'on a pris sont des artisans. On a mis l'accent dessus ! Il y aura une dizaine de restaurateurs qui seront aux petits soins.

We Love Green, 31 mai et 1er juin au Parc de Bagatelle de Paris
Site officiel du festival We Love Green

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