Skip to content

Rayon Frais : qu’est-ce qu’on grignote cette semaine ? Robin Thicke, Bobmo, Rebotini…

L’été, c’est la diète pour le mélomane. Sauf que “Ouf”, cette semaine, il y a tout de même quelques belles galettes.

Clap Your Hands Say Yeah – Only Run

Pour ce 4ème album, Clap Your Hands Say Yeah n’ont pas cédé à l’appel de l’été : pas de grosses turbines à jouer sur la plage, pas de tracks “familiales”. Le mélange entre musique électronique et guitares embrumées est plutôt réussi : le groupe prend une ampleur certaine à travers les 10 titres du disque. Quelques morceaux résonnent comme particulièrement justes, à l’image du très sonicyouthien “Coming Down”. En terme de grain par contre, la réalisation est un peu dépassée, surproduite, et finalement assez brouillon : on sent qu’il y a eut beaucoup d’idée de la part du groupe, mais personne pour faire proprement le tri. Dommage.

Date de Péremption: 2008, mais “ça donne du goût”.

Bobmo – New Dawn

Bobmo fait figure de fantôme de la nuit parisienne depuis maintenant quelques années. Présent sur énormément de soirées, mais toujours assez discret. Inutile, donc, de préciser que les spécialistes attendaient ce disque avec la crainte qu’il arrive fatigué par le temps et les hésitations lors de la production. La première écoute du disque les rassurera tout de suite : tout ceci est très moderne, très intelligent et dépasse le simple cadre de la musique club. Les tracks très dancefloor risquent de faire vibrer les danseurs durant les chaudes nuits de Juillet et Août : “When I Look” a tout de la killer track, quand “This Side” offre une proposition plus progressive. Mais les morceaux comme “Breaking Waves” ou “Memories” seront les plus marquants : l’écoute introspective l’emporte toujours à la fin.

Date de Péremption: Eté 2049

Luke Abbott – Wysing Forest

Si ce n’est une de ses éminences grises et l’un de ses plus grands romanciers, James Holden est très clairement le jardiner à l’anglaise de la techno. Donc lorsque Monsieur accueille dans sa maison, Border Community, cela doit être luxuriant et pastoral. Donc lorsque un pilier du label comme Luke Abbott revient aux affaires, on peut être certain que le fidèle respecte le dogme à la lettre. Long format titré d’après le centre d’art où Abbott était résident en 2012, Wysing Forest en tant qu’album est lui-même un centre d’Art où s’exposent ses aquarelles vaporeuses de prog cheloue et pensive autant que d’ambient nuageuse. Du paysage sonore contemplatif et absorbant, idéal pour se perdre. Luke nous tient toujours sous s’Abbott.

Date de péremption : ça se périme l’aquarelle ?

Robin Thicke – Paula

Disons le tout de go, sur ce septième album Robin devient Batman, homme à la part d’ombre puisant une rage sourde, nourrie de malheurs du passé pour accomplir de grandes oeuvres. Si vous n’avez pas ouvert une gazette people ces six derniers mois, Paula s’appelle Paula, parce que Robin et Paula se sont quittés. C’est une belle romance moderne qui s’est ici éteinte entre les mains aventureuses d’une masseuse. Robin est triste mais plutôt que de se laisser abattre, il se résout à utiliser l’Art, son art comme catharsis et y purifier son être de ses passions. Riche idée, choix artistiques judicieux et élégants, cet album se lit comme une longue sérénade de réconciliation portant au sublime l’intime et la détresse comme un prime time de TF1. Si ses peines de coeurs, ses revers, ses pleurs permettent d’engendrer encore des engins de ce calibre, espérons que Robin ne parvienne jamais à tourner la page. Après avoir écoulé Blurred Lines à 700 000 copies, Robin parvient-il encore à concevoir un albums comme un collier de perles ? Une rivière de hits ? Bien entendu, et il est d’ailleurs reprochable à la critique de ne s’intéresser qu’aux circonstances de cet album et non à son contenu artistique, aussi grand par son questionnement sur le genre r&b que par sa capacité à réduire toute l’histoire de la soul en une pâte à crêpe dont on ne tire qu’une galette fade et plate. Le Thicke, c’est pas chic.

Date de péremption : instantannée.

Arnaud Rebotini – Eastern Boys OST

Sorti des sous-sols électroniques au milieu des 90’s, on a l’impression que Rebotini a toujours été un pilier de son monde. Un sentiment que Nono l’armoire à glace (en solo comme en bonne moitié de Black Strobe) fait partie des meubles mais sans jamais avoir pris la poussière. Un parcours en chaloupe, traversant deux décennies d’électronique monté sur son obsession des synthés, entre la techno, la musique synthétique et l’avant-garde. Et lorsque Robin Campillo (réalisateur des Revenants), lui commande une B.O pour son deuxième long-métrage Eastern Boys, ce sont tous ces Rebotini que l’on retrouve. Portant sur chaque épaule d’un même corps solide l’ambient et la techno, cette B.O souligne sans accentuer, sans forcer, tout le drame narratif de l’oeuvre et cite très curieusement (et joliment) des monuments de la musique sérielle comme le Glassworks de Philip Glass ou Music For 18 Musicians de Steve Reich.

Date de péremption : plus confortable que son film.