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Quelques questions à NJ : “Le rnb est en reload”

Bien qu’il opère dans un genre miné par les clichés, NJ vient innover. Le chanteur fait bonne presse et sa mixtape connait un succès mérité : il trouve avec ce projet le juste milieu entre ancienne et nouvelle école. C’est peut-être de cela que le genre manquait ? On a essayé de comprendre.

Avant de se constituer une fanbase aussi respectable, NJ a arpenté les coulisses de la musique française. Il en connait les rouages et les recoins : lui qui a travaillé avec Kery James, Corneille, Yannick Noah ou encore Zaho ne s’est pas fait en un jour. On avait déjà pu le voir dans le haut des charts dans le passé, mais l’incursion dans le haut des ventes aura été de courte durée. L’artiste français a décidé de prendre une autre direction, et de se séparer de son label. Il n’en est pas pour autant plus malheureux, en Novembre dernier, c’était le seul chanteur de rnb à figurer sur la première compilation OKLM. Validé par les plus grands noms actuel, le chanteur ne veut pas se contenter du milieu de tableau et sa mixtape, The OG Tape est disponible depuis quelques semaines déjà. On avait quelques questions à lui poser.

Villa Schweppes : Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, d’où viens-tu et quelle musique tu fais ?

NJ : Pour faire court je m’appelle NJ et je suis chanteur. Ma musique est la définition de qui je suis, une personne ayant évoluée dans une culture “de rue”, imprégnée par la culture hip-hop dans son ensemble.

VS : Une culture “de rue” qui détourne beaucoup les choses depuis toujours, et en musique, le plus évident reste le sampling. Tu samples pas mal sur ta tape, c’est une façon de rendre hommage à tes idoles ?

NJ : Les artistes samplés ne sont pas forcément mes idoles mais des artistes que je respecte. Les sampler est ma façon de faire une dédicace à tous ces OGs. Le terme OG est une expression forte dans la culture hip-hop, c’est le mec qui est calé, le taulier, le connaisseur. Dans la street c’est le “original gangster” donc c’est le mec qui fait les choses selon son instinct qui obéit à ses propres lois. Tous les artistes que j’ai samplé dans ma mixtape The OG Tape correspondent à cela. Ce sont des pilliers dans leur domaine, des personnes qui ont pris des risques et qui ont marqué leur époque. Pour finir le sample est aussi un moyen de transmettre notre culture. Combien de jeunes de ma génération ont découvert des classiques soul ou jazz grâce à Dr Dre et autres ? Même le titre de Michel Berger qu’on a samplé, je me souviens l’avoir découvert grâce au titre de Rocca “Les jeunes de l’univers”. C’est aussi ça la force du Hip-Hop, sampler non pas pour s’inspirer des titres originaux mais pour les ré-inventer et c’est ce que nous sommes parvenus à faire avec mon beatmaker Habib…

Si tu as l’impression que je ravive le rnb, c’est parce qu’il est en reload

Villa Schweppes : On a pu t’entendre en live sur La Sauce. C’était très attendu, cette initiative de Booba ! Es-tu optimiste pour la suite ? Pourquoi autant de “retard” chez les médias français sur la question des “musiques urbaines” ?

NJ : Oui j’ai effectivement la chance de faire partie des “Talents OKLM”. J’étais déjà le seul représentant R&B sur la Mixtape OKLM Vol.1 dévoilée en novembre dernier et lorsqu’ils ont lancé l’émission La Sauce, avec BOOBA j’ai aussi eu la chance de faire partie des premiers invités. Pour ce qui est de l’initiative comment ne pas être optimiste ? Je connais très peu de médias indépendants capables de faire un site, une appli radio avec des émissions spécialisées et plus d’un million de téléchargements ainsi qu’une chaîne de TV, le tout en moins d’un an. Nous attendions ça depuis longtemps, qu’une personne qui connaît notre musique crée une structure comme OKLM et Booba lui l’a fait. Cela nous donne de la force pour la suite parce que ce que l’on vit lui aussi l’a vécu et il le vit encore à son échelle. Si tu regardes bien OKLM est un média indépendant pour qui les choses ne sont pas simples non plus. Mais c’est en faisant que peu à peu les choses bougent. Et il ne faut pas oublier que Rome ne s’est pas bâtit en un jour. Donc plutôt que de critiquer je suis bien évidement de ceux qui soutiennent.

NJ :

NJ : “le rnb français est en reload”

Tu ravives un certain type de rnb qui ne se fait plus tellement, parles nous de ta démarche ?

NJ : Si tu as l’impression que je ravive le rnb c’est parce qu’il est en “reload”. Le rnb était un mouvement qui avait sa place dans les années 90 avec des artistes comme Matt Houston, Vibe, Afrodiziac ect.. Et si ça marchait aussi bien à l’époque c’est parce que cette musique était faite par des gens qui connaissaient cette culture. La musique était crédible et les personnes qui l’écoutaient le ressentaient. Puis il y a eu l’apparition d’une sorte de musique bizarre, jamais entendue presque hybride. Ca ne correspondait clairement plus aux vrais connaisseurs de RnB. Une sorte de soupe dite urbaine. Le public de connaisseurs a tourné le dos au rnb français préférant aller uniquement vers le rnb US. Et comme ce mouvement n’avait d'”urbain” que le nom mais pas de racines réelles, ça a fini par disparaître comme c’est apparu. C’est l’une des raisons pour laquelle aujourd’hui je préfère dire que je fais du rnb en Français et non du rnb Français, c’est une question de crédibilité, quand tu dis rnb Français ça te renvoie malheureusement à toute cette époque où notre musique était représentée par des gens qui n’étaient pas validés et qui ont presque tués notre musique.

A l’époque, mélanger trap et rnb, c’était du jamais vu

Avec l’arrivée d’artistes comme Weeknd , PartyNextDoor, ou encore Hamza par ici, on a l’impression que le RNB traditionnel s’est tourné vers un public masculin, alors que le rnb de la vieille école, lui, parle principalement aux femmes. Tu penses qu’on a oublié ce public féminin pendant un moment ?

NJ : Le rnb a toujours parlé un peu plus aux filles parce que de base la femme/l’amour reste les sujets principaux des chanteurs. Mais aujourd’hui avec l’émergence d’artistes comme Bryson Tiller, August Alsina ou Tory Lanez le RnB s’adresse aussi aux garçons. En fait, tout dépend du thèmeou de l’instru choisi. Tout comme les rappeurs ont toujours rappé sur l’amour il y a aussi toujours eu des artistes R&B qui ont parlé de leur vie dans la rue. Tu écoutes un titre comme “Little ghetto boy” de Donny Hathaway tu comprends vite que tu peux parler de ce que tu vis dans la rue en chantant. Le son OVO a aussi beaucoup participé à rendre l’exercice du chant moins mielleux, plus hip hop, voiralternatif et même sulfureux avec des artistes comme The Weeknd . D’ailleurs sur ma OG tape j’ai beaucoup utilisé les sonorités planantes qui sont un peu l’identité sonore des canadiens. C’est ce que j’ai retrouvé chez Habib pour lequel j’ai eu un vrai coup de coeur musical. Et c’est dingue car par la suite pendant notre collaboration lui s’est rendu au Canada et s’est fait repérer par Noah “40” Shebib (Le co-fondateur du label OVO) qui l’a signé en management dans sa nouvelle structure ce qui lui à permis de collaborer notamment avec Eric Bellinger et Tory Lanez ce qui explique qu’en terme de sonorités tu retrouves dans ma tape cette véritable envie de gros sons de basses et de pads très planants. Pour finir, avec l’autotune les rappeurs se sont mis au chant et ça a fait encore plus tomber les barrières ouvrant le chant au public rap et vice versa !

Si tu es un canard dans la vie et que tu veux faire le thug, elles te sentiront venir, et vice versa

VS : C’est exactement ça : on constate la même chose par exemple avec Beyoncé, qui sur certains morceaux est carrément en train de poser sur des sons trap ou bien influencés par la scène de Houston…

NJ : Oui, aux Etats Unis, la trap a très vite été un mouvement qui s’est imposé dans presque toutes les musiques au delà même du rap. Il y a eu Beyoncé avec “Drunk In Love” mais aussi Rihanna avec “Bitch Better Have My Money” et bien sûr avant cela Chris Brown qui ont permis à cette musique plutôt underground de devenir accessible au grand public. En ce qui me concerne la Trap est synonyme d’énergie, tu peux y mettre du flow, du relief… Grâce à cette musique j’ai pu faire mes premières rencontres dans le milieu du rap avec Mac Tyer notamment sur le titre “Guerlain” qui à surpris beaucoup de monde car en 2012 faire un titre mélangeant Trap et R&B sur un thème engagé c’était du jamais vu (Le titre faisait suite aux propos négationniste sur la traite négrière que M. Guerlain avait tenu au journal de 13h sur France 2, ndlr). C’est un titre qui me tient beaucoup à coeur encore aujourd’hui. Puis peu à peu des médias rap comme Booska-P, Générations ou OKLM m’ont sollicités pour des sessions freestyle qui ne sont d’habitude jamais proposées à des chanteurs. C’est ainsi que j’ai pu montrer à ma manière une autre facette du R&B. Il y a aussi eu ma reprise du titre “3G” de Booba qui a vraiment montré au public que j’étais polyvalent avec un R&B aux accents plus rap.

VS : Pour finir, on veut savoir d’après toi, quelle est la musique qui parle le mieux aux femmes ?

NJ : En musique comme dans la vie les femmes aiment les gens qui ne trichent pas ! Des gens vrais et entiers avec ce qu’ils sont et avec ce qu’ils font. Les femmes sont les meilleures pour reconnaître les contres-façons. Si tu es un canard dans la vie et que tu veux faire le thug elles te sentiront venir et vice versa. Il n’y a pas un style plus qu’un autre mais elles choisiront un artiste qui sonne authentique.

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NJ : “le rnb français est en reload”