A l’occasion du lancement du label du site porno Porn Hub, on vous a sélectionné 5 bandes-son de films X ou érotiques bien plus intéressantes qu’elles n’y paraissent.
La plus fascinante : Bruno Nicolai – “Drug Party” pour les Inassouvies
Vous retrouverez plusieurs fois des bandes-son de films de Jess Franco dans cette sélection : mêlant érotisme et horreur, il a su ouvrir sa palette sonore en allant plus loin que dans la simple library music. “Drug Party” apparaît dans une adaptation cinématographique de La Philosophie dans le Boudoir de Sade, ici nommé Les Inassouvies et sorti en 1970.
Le morceau pourrait aisément être qualifié de version avant-gardiste et jusqu’au boutiste de la musique d’un garçon comme Fakear : mêlant sitar indien psychoactif, synthétiseurs ambiants et guitares folks grandiloquentes, cette “Drug Party” fait son effet. Le concurrent de Morricone sur la scène italienne crée là une pièce méconnue mais pourtant essentielle du répertoire.
La plus dancey : Jean Pierre Mirouze – “Sexopolis” pour Le Mariage Collectif
Ressortie il y a deux ans par Born Bad Records, cette bande-son a vécu une histoire pleine d’anecdotes. Pour en saisir l’ampleur, il faut comprendre qu’au départ, Mirouze travaille au Groupe de Recherche Musical, l’antenne expérimentale de la radio française, aux côtés de Pierre Henry, inventeur de la musique concrète.
En manque d’argent, Mirouze se lance dans la musique d’habillage pour la télévision et le cinéma. Cette oeuvre a été conçue pour l’un des plus beaux plantages de l’histoire du film d’exploitation, au point que l’acétate – qui sert de base à un pressage – ait été retrouvé dans une poubelle par un compère de JB Wizz, patron de Born Bad. Ni une ni deux, Elzo Durt crée une pochette à l’image du disque, le label envoie tout à l’usine et hop : le morceau est rentré dans le culte.
La plus dingue : Siegfried Schwab et Manfred Hübler – “The Lions and The Cucumber” pour Vampyros Lesbos
C’est notre rédacteur en chef invité du mois dernier, Arnaud Rebotini, qui nous avait rencardé sur cette B.O. Elle illustre un film emblématique de l’art de Jess Franco : Vampyros Lesbos. Kitsch autant que possible, ce n’est pourtant pas un simple navet. Hors de considérations purement visuelles, ce long métrage a fait entrer les immenses compositions de Siegfried Schwab et Manfred Hübler dans le panthéon des bandes-son du genre.
“The Lions & The Cuncumber” mêle fuzz blindée et guitares cleans sans tone typiques du kraut-rock allemand de l’époque. Ajoutez-y des cuivres, un sitar et vous obtiendrez l’un des morceaux les plus dingues que nous ait livré la musique de la transition 60’s-70’s.
La plus cliché : Gerald Sampler – “Debbie Does Dallas Theme”
Le disco n’est pas profondément marqué par la musique érotique pour rien : à l’image de ce thème de Debbie Does Dallas, un film de 78 de Jim Clark, les guitares à wah wah et les basses rondelettes disposées avec précisions ont crée un véritable stéréotype de la musique de film X. La seule chose qui manquerait à ce morceau, ce serait éventuellement une section cuivre jazzy, remplacée ici par une guitare saturée.
Pour l’anecdote, Debbie Does Dallas a suscité une tel effet qu’il a passionné les Américains jusque dans les années 2000. En 2002 est lancée une comédie musicale qui en reprend l’histoire – à l’exception, forcément, des scènes chaudes – mais pas la musique. Un grande injustice pour le compositeur Gerald Sampler (nom d’emprunt ?) qui, pourtant, avait sacrément bien fait le boulot.
La plus prog : Blue Phantom – “Metamorphosis” pour Sinner: Diary of a Nymphomaniac
Le morceau aura beau avoir pré-existé, c’est à travers ce film qu’il connaîtra une entrée dans le culte. Les compositions de Blue Phantom, comme toujours entre les mains du réalisateur Jess Franco, ont été placée le bon contexte avec Sinner: Diary of a Nympomaniac. De quoi s’agit-il ici ? De rock progressif engageant, joué uptempo et fort qui a sans aucun doute inspiré un garçon comme Forever Pavot. Pas forcément très moite, de prime abord.
Une basse-batterie de heavy rock, une saturation très Black Sabbath, des mélodies ultra-cinématographiques qui tiennent plus du film d’action que de scènes sensuelles : le morceau, pourtant ultra agressif, semble coller parfaitement avec le cinéma de Franco, qui a toujours su mêler la chaleur avec des cadres dérangeants.