Avant internet, les compte-rendus Facebook et les tweets éméchés, les soirées se racontaient différemment et devenaient littérature sous la plume de chroniqueurs émérites. La construction d’un mythe Si beaucoup de noceurs se complaisent dorénavant dans un Paris qui était surement “mieux avant”, c’est peut-être un peu
Avant internet, les compte-rendus Facebook et les tweets éméchés, les soirées se racontaient différemment et devenaient littérature sous la plume de chroniqueurs émérites.
La construction d’un mythe
Si beaucoup de noceurs se complaisent dorénavant dans un Paris qui était surement “mieux avant”, c’est peut-être un peu de leur faute. Les chroniqueurs de la nuit ont en effet permis à des lieux, à des styles musicaux, mais aussi à des hommes et à des femmes d’entrer dans une mythologie, celle de Paris la nuit. Que serait la réputation de la vie nocturne de la Capitale sans les écrits d’Alain Pacadis ? Que serait la musique électronique sans la plume de Didier Lestrade ou d’Eric Dahan pour la mettre en mots ?
L’époque Libération
Tous les trois étaient les plumes noctambules à des moments différents pour Libération, journal de tous les possibles à l’époque. Alain Pacadis y a tenu entre la fin des années 70 et le début des années 80 “White Flash”, chronique hebdomadaire aux parfums d’opium, de punk attitude et de Palace. C’est ensuite Didier Lestrade qui y racontait ses “Chroniques du Dancefloor” de 1988 à 1999. Il y parlait de sa passion pour la house, et partageait avec les lecteurs ses dernières découvertes à la sonorité électronique et au toucher vynile. Eric Dahan y a aussi signé ses “Nuits Blanches” de 1994 à 2006 et y décrivait les différentes facettes de la capitale une fois le soleil couché.
La nuit pour tous
Ils distillaient ainsi de nombreuses anecdotes, partageaient les morceaux magiques sur la piste de danse, et autres bruits de couloir entre deux mojitos. Ils décrivaient les ambiances folles du Palace, du Garage, de la Piscine, du Rex, du Pulp et permettaient aux lecteurs de passer la porte, qu’ils soient de Paris ou de Dunkerque. Ils dessinaient un monde à part, imaginé par les originaux, à la fois fou et extravagant, qu’ils se faisaient plaisir à décrypter chaque semaine pour tous.
Des dénicheurs de tendances
Ces auteurs, en plus d’instaurer un rendez-vous très attendu par les noctambules de Paris et d’ailleurs, étaient aussi connus pour être de véritables défricheurs musicaux. Ainsi, Alain Pacadis a porté le mouvement punk, tout comme Didier Lestrade l’a ensuite fait avec la house. Ces deux mouvements musicaux, largement décriés à leur génèse, ont pu compter sur ces chroniqueurs pour leur donner la place qu’ils méritaient dans l’histoire de la musique et les placer au centre d’une réflexion sur la société moderne. Un véritable point de vue sur la nuit, sur l’homme, et sur la musique, que l’on retrouvait chaque semaine. Un véritable échange que prolonge encore l’émission Paris Dernière, avec Philippe Besson, qui part avec son photographe Maxime Antonin (qui avait récemment une exposition à l’hotel Jules et Jim), sa caméra et son superbe véhicule vintage à la chasse aux oiseaux de nuit… pour le plus grand plaisir des télespectateurs.
Les meilleures chroniques sont compilées dans 3 ouvrages cultes :
Alain Pacadis : “Nightclubbing” aux éditions DenoëlOlivier Dahan : “Night Reporter” aux éditions SomogyDidier Lestrade : “Chroniques du dancefloor” aux éditions ParigrammeMarine Normand