Programmations flamboyantes, naissance constante de clubs à Paris… Et si Paris était devenue la capitale de l’électro ?
“La Nuit se meurt à Paris”, un discours qu’on a entendu des milliers de fois depuis quelques années. Pourtant, de plus en plus, des voix s’élèvent autour de l’idée contraire d’un “Paris, Capitale de la Techno” ? Encore ce matin même, ce message particulièrement intéressant a été posté dans le groupe d’échange Facebook du Weather Festival.
En voici une capture :

Cette suite de noms est aussi vertigineuse que variée, remplie de nombreux artistes parmi les plus pertinents dans la musique de danse. Mis bout à bout, les line ups des clubs parisiens ce week-end auraient de quoi faire baver n’importe quel programmateur de festival électronique AAA.
Paris est-elle la capitale de la techno ? L’existence d’une “capitale” musicale est presque un débat en soi. Par contre, on peut clairement noter que les programmations courantes sont de plus en plus impressionnantes, et ce, semaine après semaine.
La semaine dernière par exemple, un simple vendredi voyait se confronter Perc, Clark, Marcel Dettmann, Seth Troxler, Cardini et Boyz Noise.
La force de la musique locale
Paris ne semble plus vraiment dominé par tel ou tel club. Si la Concrète reste régulièrement en position de force, ce n’est pas pour autant que le tout Paris y est fourré. Chaque établissement a réussi à trouver sa place, du Badaboum à la Machine du Moulin Rouge en passant par le Social Club , qui, récemment, s’est ré-orienté vers une prog de proximité pour laisser au Showcase le soin de booker les grosses têtes.
Ces programmations locales d’ailleurs, sont peut être le charbon de ce succès, rendant la musique de danse omniprésente, éduquant l’oreille du parisien à des musiques plus complexes. Il suffit de voir le ramdam que fait l’excellent séminaire In Paradisum pour se rendre compte de la force de la techno dark, noise et industrielle sur notre capitale – et pourtant, dieu sait que le néophyte à vite fait de prendre peur, à tort.
Des nouveaux clubs à la pelle
On voit aussi des lieux de tous types ouvrir sans cesse leurs portes : du Monseigneur, pointu à souhait, très “circuit court”, au Sky bien plus grand public, jusqu’aux bars à DJ omniprésents, chacun trouvera chaussure à son pied. Il semblerait presque qu’il y ait un club pour chaque parisien, tant l’offre semble large.
Évidemment, c’est la musique électronique, qui en sort gagnante. L’expérience affinant le goût de l’auditeur, il devient plus exigeant, demande de vraies bonnes raisons de se déplacer, ce qui engendre naturellement une certaine course aux têtes d’affiche qui, comme on le voit ces derniers temps, se dispute à pleine vitesse.
Paris, mais aussi la banlieue
La culture club parisienne sort aussi renforcée des expériences d’été, des nombreux open airs qui se sont déroulés en bordure de Paris, moins sombres, moins selects et plus “bon enfant” que l’image habituelle du club en cave.
On a vu, de Bobigny à Saint Ouen, des organisations de tous bords, jusqu’au Weather Festival qui a réuni – ça donne le mal de l’air – 35 000 personnes au Bourget. D’incroyables scores pour une musique qui n’est que très rarement jouée en radio, de la house à la techno en passant par la bass et autres EBM, electronica etc… Aujourd’hui se prépare le Border Festival, certes plus “pop” que le Weather, mais tout aussi ambitieux. Le tout dans des territoires jusqu’ici plutôt privés de grandes fêtes de ce type.
On peut imaginer qu’au retour de l’heure d’hiver, les jeunes gens qui s’étaient allègrement initiés dans ces open airs se soient rabattus sur les sous-sols tout aussi festifs de la capitale. Ce qui signifie une manne financière ré-utilisée en partie par les clubs pour proposer des programmations de plus en plus précises, pointues et réclamées et un renouvellement de clientelle. Un cercle vertueux.
Alors, capitale de la techno ?
De là à dire que Paris est la capitale de la techno, il y a un pas. Qui peut être franchi. Quoi qu’il en soit, de quelque côté que nous regardions, nous ne pouvons voir que de belles choses se mettre en place, qu’il s’agisse du domaine économique de la nuit à celui de la production musicale. L’électro va bien.
Mais les problématiques qui animaient les professionnels de la fête n’ont pas disparues, notamment celui épineux du voisinage : on aurait tendance à être éblouis par l’explosion des grands clubs suffisamment équipés. Qu’en est-il des “clubs de proximité”, de toute petite capacité, et, de fait, moins équipés ? Paris se dirige-t-il vers un clubbing très grand format ? Le temps nous le dira. Mais en attendant, on ne peut que se réjouir pour la musique électronique de voir en action tous ces noms prestigieux.