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On était en studio avec Abd Al Malik pour Scarifications

Ce vendredi 6 novembre sort le dernier projet d’Abd Al Malik, “Scarifications”. Le emcee strasbourgeois s’est fait aider par Laurent Garnier pour un disque sans frontières entre les genres.

Jeudi 29 octobre dernier, on se rendait dans les célèbres studios Ferber, dans le 20ème arrondissement parisien, pour écouter Scarifications : le dernier projet en date d’Abd Al Malik. Après “Allogène”, qui nous avait plutôt convaincu, c’était donc le moment de voir ce que ça donnait, en version album, cette association.

Pour rappel, Laurent Garnier avait produit la bande originale du long métrage d’Abd Al Malik : Qu’Allah Bénisse la France, sorti à la même époque, l’an passé. Les deux artistes ont depuis tissé des liens artistiques forts, à en croire la simple existence de cet album.

Le rendez-vous nous était donné à 19h, et on nous promettait pas mal de surprises. Une équipe de télévision était sur place pour l’occasion, et beaucoup d’autres confrères journalistes s’étaient aussi déplacés. Musicalement, il est vrai que celui qui s’appelait auparavant Régis, se faisait assez rare : il n’a rien sorti en solo depuis 2010…

Scarifications : l’écoute

Tout le monde a donc pris place, on rajoute des chaises pour les derniers arrivants, et les plus malchanceux d’entre eux sont obligés de se faire une petite place entre le piano et les places assises, par terre. C’est le manager d’Abd Al Malik qui prend la parole : il vient nous informer que ce dernier est bloqué à New York, et qu’il ne pourra malheurseument pas être là pour cette écoute en avant-première… On sent un peut l’arnaque à vrai dire, mais soit.

L’écoute démarre : on rentre dans le bain avec l’un des trois morceaux sur laquelle figure la belle et trop rare Wallen, “Jamais je t’aime”. La voix de l’originaire du 9.3. vient épauler celle de son mari sur un refrain assez entrainant. La chanson parle bien évidemment d’amour et la production de Laurent Garnier vient complimenter les belles paroles de Malik. C’est pourtant étonnant : des drills et une patte électro assez forte sont présents sur ce morceau après tout. La vivacité du rappeur vient donner de la force à la piste. C’est le cas également sur le morceau qui suit, “Tout de noir vêtu”, à qui on ajoutera Mattéo Falkone, pour des backups et un couplet bien sentis.

La suite est plaisante, mais on s’ennuie. Être assis dans un studio bondé à écouter des morceaux, sans l’artiste en question pour nous expliquer le pourquoi du comment de chaque son, ça va deux minutes. L’écoute se poursuit donc et les chansons ne se ressemblent pas toutes, même si on repère pas mal de namedropping dans les textes, et qu’on note la qualité des productions de Monsieur Garnier. Le tout est cohérent, plaisant, mais à vrai dire, un peu pesant. Pas la faute à la musique, qui elle, est de qualité, mais plutôt au concept… Et c’est là qu’on a eu droit à la surprise de la soirée.

Showcase surprise

Après la sixième chanson, un homme du public se lève. Il se dirige vers le piano à queue et s’assoit devant ce dernier. Il commence à jouer. Dans le même temps, l’équipe de télévision se met en place, et le vidéaste du rappeur commence à tourner également. Les volets des cabines devant le public se déplient, Abd Al Malik et son crew apparaissent. Il n’était pas à New York le coquin ! On applaudit tous le bougre chaleureusement, le live commence, la soirée gagne en intérêt.

Enthousiastes, on hoche de la tête sur la poésie du rappeur, le live band fait son taf, et on profite donc d’un showcase exceptionnel. Il manque Wallen mais le live est grandiose. C’est propre, soigné et ça donne un côté personnel à cet album. L’artiste interprétera quelques morceaux, en n’oubliant jamais de nous remercier d’être venus le voir. La performance se termine un peu subitement, mais pas la soirée. Malik sera disponible pour échanger toute la soirée. Dans le public, devant nous, un homme le prend gentiment à partie : “Hey, Abdel, merci pour ce live, très bon travail, comme d’habitude !“. On sourit et on applaudit. Un buffet est disponible, et chacun y va de sa photo, pour innonder les réseaux sociaux de photos #JsuisenStudio.

Un lieu qui n’a rien d’anodin

Les studios Koogar Ferber sont légendaires. A titre personnel, pour Malik, c’est le lieu dans lequel il a enregistré l’un de ses plus gros succès, et, ce qui reste aux yeux de beaucoup, son meilleur album : Gibraltar. Des studios qui ont apparemment quelque chose de particuliers, puisque beaucoup de très grands artistes y ont enregistré à de nombreuses reprises : Serge Gainsbourg, Oxmo Puccino, Alain Bashung, Alain Souchon et on en passe…

La place du rap électronique ?

On a vraiment aimé cet album, à la première écoute. Et justement, on se posait la question : “est-ce que cet album pourrait nous réconcilier avec le rap électronique ?”… Disons que les deux Français ont fait leur part du boulot. L’album est bon, certains morceaux sont vraiment bons. Mais, parce que le genre reste toujours trop une niche où l’on retrouve un peu tout et n’importe quoi, on reste sur nos positions. Pour ce genre hybride, on aurait volontiers donné le monopole du bon goût aux deux Français, qui ont fait un excellent travail ensemble, tout simplement.

L’équilibre, dans ce projet, a été trouvé, et c’est bien l’essentiel.