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Omnivore 2015 : la Street Food règne sur la ville

La Street Food est en mouvement, en guerre contre la malbouffe et toujours plus créative. On en parle quelques jours après Omnivore, l’événement gourmand qui lui rendait hommage cette semaine avec une scène dédiée.

Manger bien, manger vite

Alors que le Omnivore World Tour Paris vient de fermer ses portes après une très belle édition 2015, les questions se posent sur notre alimentation. Entre midi et 14h, dans l’après-midi, le soir sur le pouce, il devient de plus en plus difficile de s’alimenter correctement, de faire frétiller ses papilles gustatives et de créer de nouvelles surprises à notre palais. Mais une vague de chefs ingénieux se lance progressivement dans la Street Food à Paris, une manière simple de consommer des aliments finement travaillés, dans la rue ou bien à emporter chez soi, au bureau ou à quelconque endroit.

La tendance, c’est la saison

Tout se passe à 100 km/h dans notre quotidien, c’est pourquoi manger se résume souvent à une pause rapide sans goût ni aventure gustative. Aux oubliettes la traditionnelle pizza, le burger consommé sur place ou le sandwich de nos boulangeries traditionnelles, bienvenus aux pastrami délicatement entreposé dans du pain soigneusement choisi et toasté, aux plats chinois revisités, au burger dont la viande coûte plus cher que le camion qui la vend au coin de la rue ou bien au burrito qui nous transporte tout droit au Mexique. Pour alimenter – non sans jeu de mots – cet état des lieux, nous avons rencontré le chef Shay Ola de Death by Burrito, Gregory Marchand de Frenchie to Go et la successful Kristin Frederick du Camion qui fume.

Une nouvelle manière de se nourrir

Notre bon vieux sandwich jambon beurre, c’est la même chose. Gregory Marchand

On a tout entendu sur la Street Food, cette nourriture venue de la rue : nouvelle tendance, nouvelle gastronomie, nouvelle star de l’assiette (invisible). Mais au final, la Street Food ne serait-elle pas tout simplement la manière la plus logique de se nourrir au quotidien, comme la tradition française le préconise ?

Gregory Marchand, le petit génie culinaire qui a conquis la rue du Nil dans le 2ème arrondissement confirme cette idée, “Cette façon de se nourrir, dans la rue, on l’a depuis des années ! Regardez notre bon vieux sandwich jambon beurre, c’est la même chose“. Le jambon beurre est toujours présent mais les chefs eux ont eu l’occasion de bouger, de s’inspirer, d’amener chez nous de nouvelles recettes. C’est le cas pour une cuisine en particulier, la cuisine mexicaine. Après une franche réussite à Londres, le chef Shay Ola a installé de la même manière qu’à Londres son concept de burrito qui tue. Death by burrito ou l’art de transformer un plat riche en une sorte d’explosion gustative, fine et délicate, à peine consommée. Interviewé juste après sa Masterclass à Omnivore, Shay Ola nous explique pourquoi Paris est la capitale idéale de la Street Food :

Paris est génial. A Londres, ce que je n’aime pas, c’est que tout est tendance donc tu peux créer un concept food, trouver un nom et les gens vont venir en disant : “Tiens, ça c’est nouveau”, “C’est nouveau là aussi”, et vite se lasser quand ce n’est plus nouveau. Ça devient peu sincère. À Paris, le chef est vraiment essentiel, il cuisine, il s’investit. Tous ceux que j’ai rencontrés aiment ce qu’ils font, ce sont des vrais investisseurs du goût.

Paris présidente de la Street Food

La Street Food tend progressivement à s’imposer par ses idées et ses originalités dans notre bouche.

En couple avec un parisien, l’américaine Kristin Frederick a très vite compris l’attrait de Paris dans son concept de Food truck, le Camion qui fume. Elle nous raconte d’ailleurs comment lui est venue l’idée de la développer, version chinoise, très récemment. Si Paris a pris du retard par rapport à New York, Londres, Berlin ou encore Madrid, ce n’est qu’une question de tradition. La Street Food tend progressivement à s’imposer par ses idées et ses originalités dans notre bouche, à force de prix bas pour de la qualité au final, consommée rapidemment et en toute décontraction.

Gregory Marchand part sur cette explication :

Les prix sont plus accessibles, les saveurs sont nouvelles, c’est un véritable essor de la street food aujourd’hui. Elle est en ébullition. Tacos, coréen, chinois…

L’avantage de cette manière de consommer, de manger est notable, par sa rapidité, sa fluidité de réalisation, tout peut être changé, adapté au client, à ses envies et les chefs sont plus emprunts à la modifier au gré de leurs inspirations. Gregory Marchand conclut :

On travaille des recettes avec une base, ensuite on a un terrain d’expression, le sandwich, il change tout le temps en fonction des saisons. Là on a de la courge butternut, de brillat savarin, de la truffe. La tendance, c’est la saison.

Il n’y a pas de raison que la Street Food reste la petite exception gastronomique : accessible, même si parfois le prix paraît élevé, cette façon de se nourrir tranche avec l’éternel dilemme de manger bien, manger vite et manger des produits de qualité. Un mouvement en marche, en route même si on en croit tous les food trucks de plus en plus présents dans la capitale !