Owen Simonin s’est fait connaître il y a quelques années grâce à ses vidéos de vulgarisation sur la blockchain et les cryptomonnaies. Désormais connu sous le pseudo d’Hasheur, il est à seulement 24 ans le Youtubeur crypto le plus puissant de France. Celui qui porte aussi la casquette d’entrepreneur, après avoir cofondé en 2017 la société Just Mining, a trouvé un moment dans son agenda bien chargé pour nous donner sa vision du potentiel des NFT dans l’industrie musicale. Entretien.
Quels intérêts voyez-vous aux NFT pour l’industrie musicale ?
Hasheur : Des milliers et des milliers ! Quand on me demande à quoi servent les NFT, je réponds en demandant à quoi sert Internet… Ça sert à tellement de choses qu’il est difficile d’en dégager une ou deux. C’est pareil pour les NFT. On peut imaginer tellement de choses inutiles ou incroyables avec cette nouvelle technologie qu’il est impossible d’offrir une réponse exhaustive.
Pouvez-vous me donner un exemple malin d’utilisation pour un musicien ?
Hasheur : L’un des principaux intérêts des NFT pour un artiste, c’est pour le financement de sa musique. S’il en a marre de bosser avec une maison de disques qui lui ponctionne une grosse part de ses revenus, cette technologie lui permettra de retrouver un peu d’indépendance. Il va par exemple émettre 10 NFT, qui représentent chacun 1% des recettes de son futur album. Il les met en vente 10 000 euros pièce, et récupère ainsi 100 000 euros qui lui serviront à produire son disque et à en faire la promotion. En échange, chaque propriétaire du NFT se verra reverser automatiquement 1% de royalties grâce à un contrat défini sur la blockchain. Au final, tout le monde s’y retrouve, surtout l’artiste qui jouit d’une liberté créative totale tout en touchant 90% des recettes de son album.
Le problème, c’est que la plupart des NFT s’échangent en ce moment à des tarifs rédhibitoires…
Hasheur : Oui, mais c’est la folie spéculative des débuts, l’écosystème va mûrir. Je vais vous donner un autre exemple, celui d’un artiste qui offre gratuitement des NFT à toutes les personnes qui achètent ou écoutent un album en streaming. Comme chaque NFT est unique, il y aura plusieurs versions du NFT, donc les gens vont se précipiter pour avoir les premiers, à savoir les plus “rares”. Ça va booster les ventes de l’album lors de la sortie. Et lors d’un concert, l’artiste pourra annoncer publiquement qu’il a envoyé à un NFT au hasard les coordonnées pour un rendez-vous en tête-à-tête le lendemain. Un des fans va alors pouvoir profiter d’une expérience unique avec l’une de ses idoles, et ce en détenant un NFT gratuit. Et là on est ni dans l’artistique, ni dans le côté financement, le NFT est plutôt utilitaire, il permet à un artiste de booster l’engagement de ses fans, de leur proposer des expériences inédites.
Avec un tel potentiel, pensez-vous que les NFT puissent bouleverser l’industrie musicale ?
Hasheur : C’est certain ! La question, c’est quand ? Aujourd’hui, il y a des artistes qui font des choses intelligentes avec les NFT, mais 95% sont créés à la va-vite pour récupérer beaucoup d’argent. Rares sont les artistes qui se creusent vraiment la tête, qui se disent que leur NFT va raconter une vraie histoire, qu’il va les rapprocher de leur communauté… Je pense qu’on est sur un effet de mode, mais que tout ce buzz repose sur une vraie promesse, de vrais fondements et de vrais usages. Ça va prendre du temps à se mettre en place, mais je suis convaincu que les NFT vont changer le monde de la musique, et tous les autres mondes artistiques soit dit en passant.
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