Mona est une soirée complètement hors norme à Paris. De part sa longévité, mais aussi parce qu’aujourd’hui, c’est le rendez-vous des danseurs du tout Paris. On a interviewé le résident emblématique, Nick V.
Nick V est le resident des fêtes Mona. Des danseurs, il en a vu passer des camions sous ses yeux depuis 7 ans. On a voulu, à l’occasion de leur anniversaire, lui poser quelques questions, histoire qu’il vous explique comment et pourquoi la soirée est devenue un rendez-vous unique dans le paysage nocturne parisien.
Villa Schweppes : Mona a 7 ans. Sur quelle idée cette soirée est-elle née?
Nick V : Au départ on a fantasmé l’idée d’une soirée réunissant différentes tribus Parisiennes pour avoir un vrai mélange, générationnel, sexuel, ethnique. On s’y est mis à plusieurs organisateurs. Avec les années cette équipe a beaucoup changé mais Mona reste une soirée organisée par plusieurs personnes et cette recherche de mixité est toujours l’une des bases de notre soirée.
L’identité de la soirée s’est construite indépendamment de la notoriété de ses djs invités. Notre communication était assez discrete au départ et pendant deux ans on ne révélait pas l’identité de nos guests. C’était assez drôle, mais sur le long terme cela nous a desservi et on a fini par annoncer nos line ups comme tout le monde. Cela dit nous restons toujours sur cette même idée d’avoir une identité globale forte indépendante de nos guests, plutôt bâtie sur un public mélangé, une ambiance festive et positive, une identité visuelle forte et l’énergie positive de la danse.
La musique est restée inchangée avec le temps : House aux accents soulful et deep avec toutes les influences que celle-ci peut comporter: Jazz, Disco, Electro, Afro.
Mona n’est pas la seule soirée à avoir essayé de ramener la danse au coeur de la fête. Comment vous y êtes vous pris pour pérenniser cet aspect? Pour “donner confiance” aux néophytes et fidéliser les danseurs experimentés?
La nuit est un espace libre où les gens peuventse laisser aller à incarner un personnage ou faire rêver leur entourage.
Nick V : En 2010 on s’est beaucoup rapproché de la danse et de son énergie positive pour encourager le public a s’exprimer autrement en club et rompre avec les schémas du public alcoolisé, drogué ou accolé à la cabine dj. Notre idée de base est que le public est l’acteur principal, l’énergie de la soirée dépend de celle du public. Si on lui insuffle une énergie positive, la soirée devient positive. La danse est simplement un vecteur pour véhiculer cette énergie. On n’avait pas envie d’une soirée avec d’excellents danseurs et un public spectateur. Tout le monde devait être impliqué. C’est pourquoi on a lancé nos dance class, des cours de danse offerts en début de soirée et destinés surtout aux débutants. Les gens se prêtent au jeu très rapidement et suivent souvent le cours complet. Aujourd’hui on a même un public qui ne vient que pour les cours ! Nous avons aussi parfois des danseurs “expérimentés” qui viennent encourager les non danseurs à s’exprimer.
Les balls sont donc arrivés plus tard?
Nick V : Ensuite en 2012 on s’est rapproché du Voguing et on a lancé nos “balls”, des battles de danse selon le modèle de la ballroom scène (de Vogue) où des danseurs plus expérimentés s’affrontent devant un jury pour remporter des prix. On a travaillé encore une fois en équipe avec notamment Marion Funkyguapa, Amélie Poulain et Ylva Falk mais également avec différents Vogueurs Parisiens qui nous ont aidé tels que Lasseindra Ninja, Vinii Lanvin ou Diva Ivy LaBanji. Les balls nous permettent d’introduire un spectacle fort en début de soirée pour inspirer les gens, à fois au niveau de la danse mais également dans leur tenue et leur attitude durant la soirée.
La nuit est un espace libre où les gens peuvent davantage se laisser aller à incarner un personnage ou faire rêver leur entourage. Ce sont ces dimensions là dont on avait envie à Mona pour apporter une touche plus fantasque et onirique à nos nuits.
Nos balls ne suivent pas strictement les règles de la ballroom scene car nous intégrons d’autres danses (que le Vogue) tels que le Waack ou le burlesque notamment. Néanmoins le fait de mélanger différentes danses permet aux danseurs de s’inspirer mutuellement et de faire évoluer leurs disciplines respectives. Les danseurs viennent volontiers à la Mona pour ces raisons.
Au fil du temps, a-t-on vu des danseurs passer de la dance class à la participation au Ball? Y a-t-il eu des “vocations”?
Nick V : On a régulièrement des demandes de contacts de profs ou de cours, de la part de gens ayant participé à nos class pour approfondir ce qu’ils y ont appris. Notamment en Vogue et en Waack dont les cours sont moins répandus que ceux de House dance ou de Hip Hop.
Hélas je n’ai vu encore trop peu de débutants participer aux balls, seule Solène Fernandez a osé à ce jour ! Pourtant certains néophytes ont un talent naturel et pourraient tout à fait sauter le pas. Le ball est technique effectivement mais nous adorons les gens qui osent et qui développent un vrai propos personnel. C’est pourquoi nous avons créé la catégorie “Express Yourself” qui permet à tous types de danseurs de se présenter.
Parfois aussi on a vu des danseurs issus d’autres disciplines s’intéresser aux balls. Je pense notamment au danseur House Yanis Khelifa qui a tenté son premier ball dans la catégorie Vogue Old Way et qui s’est fait “chop” (éliminer par le jury). Il a tellement aimé l’idée et la danse, qu’il a continué à participer et développer le Vogue, depuis il a gagné de nombreuses fois et fait partie aujourd’hui de la House of Ninja, l’une des principales.
Durant ces 7 ans, quels ont été les changements majeurs, les ajustements etc… ?
Nick V : La danse bien sûr a été un élément très important mais on vient d’en parler. Le monde communique davantage aujourd’hui via les différents réseaux sociaux, cela nous demande beaucoup plus de travail d’image et beaucoup plus de réflexion pour engager notre public qui est très sollicité par ailleurs. Aujourd’hui ce serait difficile d’envisager une communication confidentielle comme durant les premières années.
Le public est resté le même?
Nick V : Notre public a énormément évolué avec le temps, même si certains fidèles viennent toujours depuis les débuts avec une implication toujours aussi formidable. En 2010 on a vu apparaître de nouveaux visages beaucoup plus jeunes, très avide de House music et amateurs du format vinyl. Cela correspondait à l’émergence d’une jeune génération de djs, artistes et de clubbeurs qui ont donné un nouveau souffle à la scène festive Parisienne. Aujourd’hui certains artistes ont une renommée mondiale tels que Jérémy fondateur du label My Love Is Underground, dont je suis fier d’avoir contribué au succès en lui donnant sa première date Parisienne à Mona.
En tant que résident, pourrais-tu choisir 3 morceaux qui “signent” la musique qui se joue dans une Mona?
Nick V : Sweet Cream – “I Don’t Know What I’d Do (If You Ever Left Me)”, Casey Tucker – “BST” et Voices – “Can You See The Light” !
Rejoignez la fête dès samedi à la Bellevilloise pour la seconde partie de l’anniversaire de Mona . Loin de Paris? Découvrez plus profondément le patrimoine musical de Mona dans leur playlist 22tracks !