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MØ : une nouvelle “Spice Girl” dans l’indie pop

MØ est une jeune artiste danoise qui s’est fait remarquer avec “Pilgrim” un morceau aux beats complètement accrocheurs. A la veille de la sortie de son premier album, nous sommes allés à sa rencontre.

La Villa Schweppes : C’est votre première fois en France ?

MØ : Nous avons joué ici trois fois avec MØ, mais je suis aussi venue avec ma famille quand j’étais enfant. J’ai aussi accompagné le groupe d’un ami, donc ce n’est pas vraiment une première fois…

Qui est MØ ?

Je suis évidemment le leader, mais il ne faut pas oublier Ronni Vindhal, mon producteur (nldr : il a notamment travaillé avec Kendrick Lamar). C’est une collaboration : je suis le leader et lui s’occupe d’imaginer la musique.

Comment avez-vous commencé à travailler ensemble ?

J’ai débuté ce projet solo en 2009, et cela ne ressemblait pas du tout à ce que c’est maintenant. Au début de 2012, nous jouiions à New-York avec mon groupe de punk, et j’ai appris que j’étais invitée à jouer seule dans un gros festival au Danemark. Nous nous sommes donc dit avec mon manager que je devais faire de nouvelles chansons, et lui travaillait déjà avec Ronni. Il lui a donc fait écouter une de mes maquettes, “Maiden”, qui lui a vraiment parlé. Il m’a envoyé quelques extraits de ses productions, et je me suis sincèrement dit que c’était le genre de personnes avec qui j’avais envie de bosser. C’est comme cela que tout a commencé, qu’on a enregistré “Maiden” et que les gens ont commencé à nous porter de l’attention.

D’où vient ce nom, MØ ?

En danois, MØ veut dire à la fois “servante”, mais aussi “vierge”. Quelqu’un qui ne sait pas encore se débrouiller seul, un peu pourri gâté. Un enfant qui ne serait pas préparé à la vie. Et la majorité de mes chansons parlent du fait d’être jeune, et un peu perdu dans la société contemporaine. Cela faisait sens (ndlr : MØ a 26 ans).

Vous sortez bientôt votre premier album, No Mythologies to Follow : pouvez-vous nous le présenter ?

Le thème principal est évidemment d’être jeune dans cette société contemporaine, et de se retrouver un peu perdu. Nous n’avons plus de religions, de “mythologies”, ou de lignes de conduite. Aujourd’hui, nous vivons dans cette société ultra-médiatisée tournée vers l’individualisme où tout le monde essaie d’être parfait et sans défauts, le meilleur. Cet album narre le parcours dans toutes ces nuisances, les médias qui prônent la beauté, l’argent et la célébrité éternelle, et d’arriver à tout de même à trouver son chemin.

Vous venez d’une scène punk plutôt politisée. Pensez-vous faire encore aujourd’hui une musique aussi engagée ?

C’est quelque chose que je porte bien enfoui en moi. Grandir dans ce milieu punk, évidemment, cela laisse des traces. Je pense que c’est important, quand on a la possibilité de parler à une large audience, d’avoir un message positif à faire passer.

Vous avez travaillé avec Avicii et Diplo : n’est-ce pas complètement à l’antithèse de jouer avec un groupe punk ?

Je pense qu’à partir du moment où on reste intègre, ça ne peut faire aucun mal. C’est un problème si tu essaies d’être quelqu’un que tu n’es pas. Si néanmoins tu mets un peu de ton âme dans tout ce que tu fais, je pense que c’est bon. Je ne peux pas travailler avec quelqu’un que je ne respecte pas, ou auquel je ne peux pas m’identifier.

Vous vous voyez travailler avec d’autres personnes ?

J’adore bosser avec Ronni, mais pourquoi pas imaginer de nouvelles collaborations ? Blood Orange, ou Twin Shadow… Il y a beaucoup de très bons artistes et producteurs actuellement. C’est intéressant d’échanger avec des gens différents. J’aime beaucoup ce que nous faisons actuellement, mais c’est toujours intéressant d’avoir un regard extérieur, quelqu’un qui donne une nouvelle impulsion.

Comment décrire votre genre musical ?

Je décris toujours ce que je fais comme de “l’électro indie pop”, avec des racines hip-hop. Mais j’ai aussi évolué dans un milieu punk politique, et je pense qu’il reste aussi une influence de ces années-là.

Vous dégagez une esthétique très “Do It Yourself”, mais vos clips marquent par un certain souci eshtétique…

Il est important pour moi que la musique et l’univers visuel fonctionnent de paire. Les clips doivent contenir l’essence et le message de la chanson, pour que le public le comprenne encore mieux. Je veux que les gens le ressentent. Pour nos vidéos, nous travaillons avec différents réalisateurs. Mais quand nous jouons live, nous avons aussi un show vidéo qui est noir et blanc, un peu trash et qui colle vraiment à la rythmique. Nous avons travaillé dessus avec un bon ami à moi. Pour les vidéos officielles, on implique d’autres artistes, avec on aime s’entretenir pour leur expliquer ce qu’on souhaite vraiment faire. C’est toujours un processus où l’on reste impliqués.

Qu’aimeriez-vous que l’on retiennen d’un concert de ?

J’ai envie que les gens en sortant du concert aient envie de changer les choses. Ça paraît peut-être un peu bizarre, mais j’aimerai bien laisser une trace quelque part dans leur tête. Ça serait la chose la plus cool du monde. C’est bien qu’ils dansent, mais c’est aussi cool qu’ils réfléchissent…

Beaucoup de gens vous comparent à Grimes, cela ne vous dérange t-il pas un peu ?

Je me sens reliée à cette nouvelle vague d’artistes féminines. Je suis très contente d’avoir été mise dans cette boite, celle de jeunes femmes indépendantes, qui apportent quelque chose de nouveau. Un nouveau féminisme, moins virulent mais toujours aussi pertinent. Et puis j’adore Grimes, donc je suis toujours heureuse quand j’entends ça !

Quelles étaient vos influences quand vous avez monté ce projet ?

Ma plus grande histoire d’amour musicale était évidemment la pop quand j’étais enfant. Quand je suis devenue ado, le punk et le grunge m’ont mis une énorme raclée, et puis finalement, quand j’ai eu 19-20 ans, je me suis mise à écouter beaucoup de Hip-Hop et de Bass Music. Ma musique est donc la combinaison de toutes ses influences. Mais je ne me décris pas non plus comme un Scandi-Artist (ndlr : artiste de Scandinavie, connus pour leur vibe électro pop super efficace, un peu comme Robyn), même si les artistes de ce mouvement ont une tendance à la mélancolie qu’on retrouve parfois dans ma musique.

Qu’écoutez-vous actuellement ?

J’aime beaucoup les Growlers, un groupe de Los Angeles. J’ai acheté leur dernier album, il est vraiment génial !

Quels sont vos projets pour 2014 ?

On est très excités par la sortie de notre premier album, et en même temps terrifiés par tout ce qui va se passer prochainement, on ne sait pas trop à quoi s’attendre… Je n’arrive pas à voir plus loin que le jour de la sortie pour le moment. On va faire pas mal de concerts, et puis commencer à réfléchir sur le second opus. La vie va tellement vite actuellement, on essaie juste de suivre le mouvement !

Et une question bizarre pour terminer : voyez vous vos cheveux comme une signature?

J’ai commencé à porter cette tresse pour des raisons pratiques, parce que je bouge beaucoup sur scène. Mais maintenant, c’est vrai que c’est en train de devenir une signature… Mon côté “Sporty Spice” surement…

MØ, sortie de son premier album, No Mythologies to Follow le 10 mars 2014.

Le souncloud de MØ

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