Un nom on ne peut plus commun qui a récemment annoncé qu’il travaillait sur une mixtape composée essentiellement d’instrumentales. On vous le présente, vu que ce projet sera certainement la tape de l’année (2015, comme 2016).
Inconnu du grand public, il est pourtant l’un des personnages centraux du hip-hop actuel. Il a collaboré avec les plus grands, et a remporté, grâce par exemple à son travail sur Late Registration ou Watch The Throne, des Grammy awards et autres récompenses prestigieuses. Originaire de Houston (Texas), c’est avec des artistes du sud des Etats-Unis qu’il a fait ses armes, pendant de longues années, avant -dans le courant des années 2000- de prendre un chemin qui le mènera à un futur éclectique et teinté de pop. Sa discographie ressemble à un Top 100 Billboard : de 2Pac à Kanye West , en passant par UGK, Do or Die, Travi$ Scott, Kid Cudi, Jay Z, Juvenile, Rihanna ou Justin Bieber (oui).
Dans une récente interview, le légendaire producteur / ingénieur du son / musicien a annoncé être en train de travailler sur son premier projet solo. Il était enfin temps… Ça fait un peu plus de 30 ans que Mike Dean écume l’industrie et est allié aux plus grandes flottes de chaque époque, et jusqu’à aujourd’hui, ses percées solitaires n’étaient que trop rares… Il était alors surtout vu comme un finisseur : celui à qui on amène un squelette, pour le parer des plus beaux synthés et accords de guitare électrique possibles. C’est d’ailleurs son alliance avec Jeff Bhasker et Kanye West qui le propulsera sur le devant de la scène.
Dans l’ombre de Houston
Avant cette période, son nom n’était connu que des puristes. Effectivement, pas évident de trouver beaucoup de renseignements sur sa personne. Pour preuve, lorsque l’on recherche “Mike Dean” sur les internets, on tombe sur un arbitre de foot, ou sur un chanteur country ; pas directement sur #MWA, à moins que l’on ajoute son activité à la recherche. A l’heure où les producteurs sont starifiés, et leur productions, souvent surcôtées (ce qui ne les rend pas moins bonnes pour autant), Mike Dean semble être une anti-sensation : un producteur qui a soif de reconnaissance, oui, mais pas de n’importe laquelle. Celle de ses pairs, celle du milieu dans lequel il opère. C’est la victoire de la notoriété sur la célébrité.
S’il jouit aujourd’hui d’un statut de producteur star, de par ses contributions aux projets d’artistes très bankable / mainstream, ça n’a pas toujours été le cas. À ses débuts, le texan travaillait en effet sur des albums inconnus d’un public non érudit. Il contribue à la construction d’un dirty south mené par Scarface, Pimp C, UGK, Geto Boyz et consors.
L’arrivée à la lumière
En travaillant sur l’album The Fix, de Scarface, il rencontre en 2002 Kanye West. A l’époque, Dean travaille comme ingénieur du son et producteur sur cet album, et Kanye est encore vu comme un producteur, pas un rappeur. Le chicagoan signe alors trois productions sur l’album, tout comme Mike Dean. C’est quelques années plus tard, quand Kanye travaillera sur son premier album, que les deux travailleront vraiment en collaboration. Entourés de talents comme No I.D., Jeff Bhasker ou plus tard Hit-Boy, l’équipe pondra des oeuvres majeures et le talent de Mike Dean, grâce à une grosse présence sur les réseaux sociaux notamment, apparaitra aux yeux de tous les aficionados de musiques électroniques et de hip hop comme un poids lourd, très discret, certes.
Les collaborations se multiplient et son univers hip hop s’élargit, se teinte de pop, d’électro et de rock édulcoré. A l’inverse d’un Lex Lugger, ou, plus récemment, d’un Metro Boomin’, qui semblent être des sprinters ultra-protéinés, Freaky Dean semble plutôt être un coureur de fond. Son synthé est lourd, mais l’athmosphère globale de ses sons reste légère et agile, en témoignent ses contributions sur Rodeo, My Beautiful Dark Twisted Fantasy, Yeezus, Man On The Moon II ou encore “Tell Your Friends / When I See It”, qu’il a récemment droppé sur son soundcloud.
Mike Dean, aujourd’hui
Il devient une figure paternelle et parfois paternaliste aux yeux des producteurs les plus jeunes. Il n’hésite pas à parler ouvertement de et avec la nouvelle génération (Hudson Mohawke en sait quelque chose). C’est parfois aussi ce qu’on lui critique, souvent. Injustement traité d’arriviste par la plus jeune génération, c’est aussi un artiste incompris, qui peine à soigner son image. Pas très sexy, bedonnant et mal sapé, c’est aussi ça, Mike Dean. Ce côté négligé fait partie de sa grandeur, au public de l’accepter (c’est peut-être moyennenement gagné…).
Ce qui est plus étonnant, c’est qu’il n’est jamais vu comme une référence. La nouvelle vague comparera son travail à celui de Clams Casino, et ce n’est pas infondé, si l’on reste pragmatique. Les deux ont cette maitrise du sample juste et brumeux, du synthé grisé, couplé à la basse profonde, et c’est très certainement la raison pour laquelle Mike Dean charbonne tant. Sans répis, depuis quelques années, il est sur tous les fronts : en tournée avec The Throne, derrière les tables de mixages pour l’avant dernier album d’A$AP Rocky, du prochain Rihanna, toujours dans l’entourage du Yeezus, et maintenant, donc, prêt à lâcher des productions saturées au possible, pour notre plus grand plaisir. Une musique industrielle, qu’on imagine se superposer à un fillm de Winding Refn sans encombre.
A quoi nous attendre ?
On l’espère, à de l’original. Si ça ressemble de près où de loin à ce morceau, composé tout spécialement pour Hypetrak, on en redemande. Le morceau dans son intégralité est écoutable ici.