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Mareux : “Notre époque est le meilleur moment pour être musicien”

Dans la lignée de la coldwave de TR/ST, Boy Harsher et The KVB, le musicien et producteur Aryan Ashtiani, aujourd’hui connu sous le nom de Mareux, fait vivre un genre chargé en revendications idéologiques poussant à de forts moments d’introspections en musique. À la fois sombre, dansant et onirique, il dévoile cette année un nouvel EP, Predestiny. Interview.

Mystérieux, prolifique, mélancolique… Voilà comment on pourrait décrire l’univers de Mareux, le projet de musique électronique du musicien et producteur Aryan Ashtiani, basé à Los Angeles et démarré sur Soundcloud il y a 7 ans. Dans la même veine que ses confrères TR/ST, Boy Harsher ou encore The KVB, le jeune virtuose s’inscrit dans la courant coldwave/post-punk, avec une approche lo-fi chargée en électronique. Un courant qui, contrairement au punk et à ses revendications terre-à-terre, est né de préoccupations plus intérieures, artistiques et idéologiques. C’est d’ailleurs ce qu’on retrouve dans son dernier EP, Predestiny, sorti au printemps dernier. On y retrouve des titres aussi envoûtants que sombres comme l’hymne dansante à l’autodestruction “Gopnik” ou encore “Spectral Tease“, le single phare à l’esprit clubbing des années 80 qui s’accompagne d’un clip à la fois onirique et obscur, tout droit sorti de Mullholland Drive de David Lynch. Rencontre.

Qui se cache derrière le nom de scène Mareux et qu’est-ce qui t’a poussé à faire de la musique ?
MAREUX : Mon vrai nom est Aryen. Je fais de la musique pratiquement toute ma vie, depuis l’âge de dix ans quand j’ai pris la guitare puis la basse. À la fin de mon adolescence, j’ai commencé à écrire de la musique sous le nom de Mareux.

Qu’est-ce qui vous a amené à trouver ce nom au fait ?
MAREUX : J’avais 18 ou 19 ans quand j’ai commencé le projet et j’étais obsédé par le label Ed Banger, à tel point que je voulais qu’ils me signent chez eux. Pour une raison quelconque, je pensais qu’un nom d’artiste qui sonnerait français m’aiderait… Je n’ai aucune idée de pourquoi j’ai eu ces pensées. Depuis, j’ai changé de nom plusieurs fois, mais j’étais mieux connu sous le nom de Mareux, alors je l’ai gardé.

J’aime écrire des chansons très personnelles, où à la fois tout le monde peut se reconnaître. Elles sont généralement romantiques, mais elles baignent toutes dans une atmosphère plutôt froide.

Mareux

TR/ST, Boy Harsher, She Past Away, The KVB, toi-même… Beaucoup d’artistes du mouvement post-punk connaissent de plus en plus de succès. Quel est le message que tu transmets au monde avec tes paroles ?
MAREUX : J’aime écrire des chansons très personnelles, où à la fois tout le monde peut se reconnaître. Mes chansons sont généralement romantiques, mais elles baignent toutes dans une atmosphère plutôt froide. J’étais étudiant en cinéma à l’université, ce qui, je pense, a toujours donné à mes projets une touche cinématographique.

Gopnik” est cette chanson sombre et entraînante à propos de l’autodestruction. Que représente ce thème pour toi et comment s’applique-t-il à la génération des jeunes d’aujourd’hui?
MAREUX : La chanson vous donne envie de choisir des combats aléatoires dans la rue et c’est tout le but. C’est un hommage aux jeunes ados sans emploi, sans avenir et sans personne pour se soucier d’eux. Je l’ai écrit spécifiquement sur les Gopniks (ces jeunes mecs des pays de l’Est, de classe populaire, vivant généralement en banlieue, avec de faibles niveaux d’éducation et revenus)… mais les mêmes problèmes se posent dans tous les pays.

Qu’est-ce qui t’inspire au quotidien ?
MAREUX : Je me réveille tous les jours en me sentant submergée par une sorte de gratitude envers ma vie et les personnes qui en font partie. J’ai une grande équipe autour de moi et c’est pour eux que je vis. Mon entourage est mon inspiration la plus forte, en dehors du cinéma et du romantisme.

Aryan Ashtiani, alias Mareux

Aryan Ashtiani, alias Mareux

L’ère digitale, le mouvement des bedroom producers, l’acclamation mondiale des genres électroniques… En tant que musicien indépendant, quelle est ta vision de l’industrie musicale d’aujourd’hui ?
MAREUX : Bien sûr, cela a ouvert des possibilités à beaucoup de monde, y compris moi-même, qui autrement n’auraient jamais eu la chance de pouvoir embrasser leur carrière d’artiste. Je pense que notre époque est le meilleur moment pour être musicien ou fan de musique. Il y a toujours quelque chose à explorer, et mon statut d’indépendant me permet d’en profiter à fond. J’ai de la chance de pouvoir vivre exactement la vie que je voulais mener et de pouvoir partager ma musique avec tous les outils me sont donnés aujourd’hui.

“Cold Summer” est sorti sur Soundcloud il y a 7 ans, qu’est-ce qui a changé depuis ? Dans ta musique et ta vie personnelle…
MAREUX : Beaucoup de choses… Je ne sais pas par où commencer. Ma musique a traversé plusieurs changements pendant que j’essayais de créer mon propre espace de confort en la matière. Cold Summer a été ma première chanson “complète”, et cela a vraiment donné un coup de pouce à ma carrière musicale. Maintenant, je suis beaucoup plus aligné avec ce que je veux que Mareux ressemble. Le genre électronique est si vaste que tout est possible, c’est sûr qu’en 7 ans, les choses évoluent, avec le temps et aussi simplement au gré de mes envies.

Je voulais faire un morceau aux sonorités club, à la fois sexy et sombre, à propos de la première fois tombez amoureux. Cette sensation-là, ce ressenti, c’est excitant et passionnant… surtout à retranscrire en musique.

Mareux

Quelle est l’histoire de “Spectral Tease”, ta chanson phare ?
MAREUX : Je voulais faire un morceau aux sonorités club, à la fois sexy et sombre, à propos de la première fois que vous vous connectez avec une autre personne. En tombant amoureux, en gros. Cette sensation-là, ce ressenti, c’est excitant et passionnant. Et encore plus à retranscrire en musique. La chanson a pris une éternité à se composer parce que je n’arrêtais pas de changer la mélodie, mais maintenant j’en suis vraiment content. Je pense que c’est ma chanson préférée parmi toutes celles que j’ai faites.

On retrouve beaucoup de David Lynch dans le clip… as-tu déjà pensé à faire de la musique pour des films ?
MAREUX : C’est exactement la raison pour laquelle je suis allé à l’école de cinéma, et c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire… malheureusement, ça n’a jamais abouti. Récemment, un gars de Turquie, qui a une chaîne sur Youtube appelée Das Kalt, m’a demandé s’il pouvait utiliser ma musique dans sa série humoristique. Il a fait un excellent travail en l’incorporant dans la vidéo. Ça m’a donné envie de rechercher d’autres collaborations comme ça.

Quelle serait la collaboration la plus folle que tu puisses faire un jour ?
MAREUX : Le plus fou serait avec Alice Glass. J’ai ce morceau génial qui serait parfait pour elle. Remarque-moi, Senpai ! Remarque-moi !

Mareux, signé chez le label Heard It In Paris

Mareux, signé chez le label Heard It In Paris

Tu as sorti Predestiny plus tôt cette année, y aura-t-il une tournée l’année prochaine ?
MAREUX : Pas de tournée pendant un moment. J’ai actuellement des engagements majeurs qui ne me permettent pas de tourner ou de voyager. Peut-être que dans quelques années, les choses changeront…

Quels sont tes prochains projets?
MAREUX : J’ai travaillé sur une édition deluxe de Predestiny avec des pistes bonus, des démos et des remixes. Ça devrait voir le jour prochainement. Et il y a un nouvel album également, encore en travaux si je puis dire. Je prends mon temps. Mais oui, pas mal de choses sont en cours !

Mareux – Predestiny (Heard It In Paris)
Sorti le 17 avril 2020
À écouter ci-dessous.

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