Skip to content

Mais en fait, c’est qui, Post Malone ?

“Saucin’, saucin’, I’m saucin’ on you…”. A la première écoute, on a l’impression de déjà connaitre cet air. Post Malone a tout juste 20 ans et vient de Dallas. Il se décrit comme le ‘White Iverson’. On vous en tire un portrait rapide.

Post Malone aime le basket, et il a tout d’un grand. Artiste complet, il ne se décrit pas comme un rappeur, et en effet, il serait stupide de le résumer à son rap doux et presque inoffensif. Il arrive dans une époque compliquée pour la mixité sociale dans le rap. Beaucoup d’artistes blancs sont en effet critiqués et accusés de s’approprier une culture qui n’est pas la leur, ou de jouir d’un “white privilege” qui fait beaucoup de bruit en ce moment. La faute à un climat social chaotique aux Etats-Unis, et à des mini-scandales générés par des “artistes” sans aucune substance, comme Iggy Azalea. Se démarquer devient compliqué quand l’industrie est truffée d’imposteurs, de ‘culture vultures’ : d’artistes s’appropriant une culture qui n’est pas la leur.

C’est donc dans ce contexte pour le moins tendu que débarque Post Malone. Le natif de Syracuse dans l’état de New York a vécu à Dallas la moitié de sa vie. Son père, responsable d’une concession chez les Dallas Cowboys, le fait baigner dans la musique très tôt et le pousse à se construire une culture musicale très large. Son tout premier CD ? Lean Back de Terror Squad. Très influencé par une culture hip-hop dans laquelle il a grandi (tout en prêtant attention au reste), White Iverson en comprend les codes, et les adopte très jeune. C’est sans rougir qu’il arbore ainsi des tresses à la R Kelly, qu’il se revendique internationalement comme le nouveau AI, ou qu’il porte ses dents en or.

Throwback jersey sur le dos

A l’inverse d’un RiFF RaFF, qu’on n’est jamais certains à 100% de complètement décrypter, Post Malone joue cartes sur table. Récemment invité dans les deux émissions de radio les plus écoutées aux US (The Breakfast Club sur Power 105 et Ebro in the Morning sur Hot 97), l’artiste ne cache rien de ses intentions, et ne s’excuse derrière aucune crédibilité, qu’il réfute de toute façon. Pour lui, il fait la musique qu’il aime parce qu’il l’aime. D’ailleurs, il refuse tout autant l’étiquette du rappeur. Il préfère simplement celle de l’artiste. À en juger simplement par ses dires et ses quelques morceaux, on veut bien croire à ce postulat : il sait chanter, produit, joue de plusieurs instruments (on l’entendra à la guitare sur son premier album, il le confirme).

Post sait jouer avec les clichés et les codes sans entrer dans la caricature. Il est la dépiction musicale et nord-américaine de la génération Tumblr : références hood, vérité plus douce. Jnouney, mais pas non plus au point d’en perdre toute pertinence. A l’instar d’un Spooky Black (Corbin), qui passait du petit prodige à la voix angélique à l’artiste torturé très vite, reprenant la nomenclature d’une culture dans laquelle il a baigné (les du-rag, Fubu etc…). Le texan, en prenant le rap game par surprise depuis cet été, joue habilement avec les règles de ce hip-hop ultra-cloisonné-et-hiérarchisé des années 2000, tout en y apportant cette hippie vibe, qu’on retrouve partout aujourd’hui de la Côte Ouest à Harlem, en passant par Austin et le SXSW, où il a pu performer le printemps dernier.

La justesse dans le jeu

Le fond, il n’en a pas plus (mais pas moins) que ses pairs : ses morceaux ne sont pas plus engagés ; ce n’est pas par cette clé qu’on pourra le décrypter. Post fait preuve d’intelligence, non pas dans les sujets qu’il aborde (argent, filles faciles, grosses voitures…), mais dans sa façon de gérer son image. Le créneau à prendre, c’est celui sur lequel il s’est mis en double file, pas un autre. L’album rentrera peut-être la Rolls au parking pour lui…

L’époque du rap conscient est passée, et reviendra très vite, on en est certains. Le plus improtant pour des artistes comme lui, c’est de toucher des audiences avec un message simple : “peace, love, unity”, d’inspirer ses fans à rencontrer la réussite, aussi matérielle soit-elle.

I wipe my tears, with my money, yeah

Et encore une fois avec Post, on frôle la caricature, mais que veut-on… Est-ce possible de faire dans le simple sans faire de nian-nian ? C’est tendu. Pourtant, interrogé par le très déstablilisant Charlemagne Tha God sur Power 105 , Malone ne se défile pas et explique (assez maladroitement) faire ce qu’il peut, à son échelle pour véhiculer un message d’égalité et d’amour entre les communautés. Il faisait référence à Chrisitan Taylor, jeune afro-américain de 19 ans tué par la police. Ce dernier avait en effet tweeté des paroles de la chanson “Too Young” quelques temps avant de se faire tuer injustement par les ‘forces de l’ordre’.

Qu’on l’adore ou qu’on le déteste, Post Malone se place en étoile montante de l’industrie hip-hop américaine. Signé chez Republic depuis cette année, on espère le voir briller à domicile comme à l’international. On le suivra de près, et on vous dira ce qu’il en est…